Automobile
Au Salon : la technique cède le pas aux impératifs de la vente
Plus encore, que les précédents, le Salon 1969 a été celui de la surenchère. Renault 12, Peugeot 304, Fiat 128, DS à injection électronique, Autobianchi A 112, ces importantes nouveautés montrent la volonté des grands constructeurs de répondre à toutes les demandes de tous les acheteurs sur tous les marchés.
Nouveautés françaises
PEUGEOT 304 (F). Berline : 4/5 places, 4 portes. 1 288 cm3, 7 CV, 70 ch (SAE). Freins à disque. Vitesse : 150 km/h. Prix : 11 750 F.
RENAULT 12 (F). Berline : 4/5 places, 4 portes, 1 289 cm3, 7 CV, 60 ch (SAE). Freins à disque AV. Vitesse : 140 km/h. Prix : 10 300 F.
Nouveautés étrangères
AUTOBIANCHI A 111 (I). Berline : 5 places, 4 portes. 1 438 cm3, 8 CV, 75 ch. (SAE). Freins à disque. Vitesse : 157 km/h. Prix : 12 600 F.
BRITISH LEYLAND AUSTIN Maxi (GB). Berline : 5 places, 5 portes. 1 485 cm3, 9 CV, 75 ch (SAE). Freins à disque AV. Vitesse : 148 km/h. Prix : 13 790 F.
FIAT 128 (I). Berline : 5 places, 4 portes. 1 116 cm3, 6 CV, 55 ch (DIN). Freins à disque AV. Vitesse : 135 km/h. Prix : 10 230 F.
LANCIA Fulvia (I). Berline : 5 places, 4 portes. 1 298 cm3, 7 CV, 95 ch (SAE). Freins à disque. Vitesse : 162 km/h. Prix : 15 860 F.
MERCEDES-BENZ C 111 (RFA). Moteur à triple piston rotatif Wankel : 1 800 cm3, 21 CV, 280 ch (DIN). Freins à disque. Vitesse : 260 km/h. Prix : prototype, non commercialisé.
VW-PORSCHE 914/6 (RFA). Cabriolet : 2 + 1 places, 2 portes. 1 991 cm3, 11 CV, 130 ch (SAE). Freins à disque. Vitesse : 200 km/h. Prix : 37 500 F.
Plus classique
Avec la Renault 12, la Régie innove par rapport à ses dernières créations (Renault 4, 16 et 6), qui se caractérisaient par une 5e porte à l'arrière. La R 12 revient, avec ses 4 portes, à une silhouette plus classique. Non pas que les bureaux d'études de Billancourt aient définitivement abandonné la formule de la voiture bonne à tout faire, particulièrement adaptée à la civilisation des loisirs par les facilités qu'elle offre pour le transport des bagages en vacances ou des équipements de la maison de campagne. Mais le caractère semi-utilitaire de ces breaks inavoués rebutait une partie de la clientèle, désirant une berline plus bourgeoise.
Cela est vrai en France comme sur certains marchés étrangers — les pays en voie de développement notamment —, où l'apparence joue le premier rôle. La R 12 a pour but de satisfaire cette catégorie de clients dans un secteur, celui de la voiture moyenne, où la concurrence est féroce.
C'est, au reste, dans ce même secteur que l'associé de Renault, Peugeot, a choisi de renforcer ses positions avec la 304, une grande 204 destinée à remplacer progressivement la 404. La prudente Dame de Sochaux est, elle aussi, gagnée par la fièvre de l'innovation. Jamais on n'avait vu tant de nouveaux modèles sortir à une cadence aussi rapide chez le plus raisonnable des constructeurs français : après la 204 et ses versions berline, break, coupé et cabriolet, et la 504 berline, coupé et cabriolet, la 304 donne a Peugeot la gamme la plus large qu'il ait jamais possédée.
Si cette berline, de 7 CV elle aussi, ne révèle pas des performances révolutionnaires, elle symbolise bien le tournant pris à son tour par Peugeot pour ne pas se laisser dépasser.
Pour ne pas être en reste, Fiat, qui a lancé la foire aux nouveautés dans toute l'Europe, n'hésite pas à sortir la 128, une 6 CV à traction avant qui s'attaque directement à la Peugeot 204 et à la Simca 1100, et aussi, de façon quelque peu paradoxale, à la toute récente Fiat 124, dont l'avenir paraît bien compromis, sauf dans sa version S. C'est la première fois que Fiat choisit la formule de la traction avant, cédant à une mode qui, en plus des qualités de sécurité et de tenue de route, permet d'offrir l'habitabilité intérieure maximale dans la carrosserie la plus réduite. Une mode qui caractérise toutes les nouveautés présentées au Salon 1969 par Renault, Peugeot, Fiat, Citroën ou Autobianchi.
C'est en s'appuyant sur l'expérience de sa filiale Autobianchi que Fiat a pu réaliser la 128. Autobianchi, qui avait déjà créé la traction-avant Primula, a présenté au Salon de Paris l'A 111, une 8 CV, puis le 28 octobre 1969, au Salon de Turin, l'A 112, une petite voiture de ville à traction avant et moteur transversal, qui s'est révélée être aussi une excellente routière.
Un calculateur
Menacée dans le haut de sa gamme par la Renault 16 TS et, surtout, par la Peugeot 504, Citroën contre-attaque sur deux fronts en rajeunissant la DS, produite à 1 million d'exemplaires depuis sa naissance en 1955 :
– Vers le bas, il offre une DS spéciale pour moins de 14 000 F, qui remplacera les différentes versions de l'ID 19 et qui, comme tous les autres modèles de la série D, possède le nouveau tableau de bord de sécurité de la DS 21, avec, en série, compte-tours et compteur de vitesse avec indicateur des distances de freinage.
– Au sommet, c'est la DS 21 à injection électronique, selon le procédé Bosch déjà adopté par Mercedes et Porsche. Un calculateur électronique, placé sous le tableau de bord, dose avec une exactitude rigoureuse la quantité de carburant à injecter dans les cylindres, en fonction des différentes informations transmises par impulsion (vitesse de rotation, charge, accélération voulue par le conducteur, pression atmosphérique, etc.). Ce procédé permet d'augmenter la puissance du moteur et ses performances. Il fait de la DS 21 un redoutable concurrent pour des voitures étrangères, souvent d'un prix beaucoup plus élevé, commes les grosses Mercedes ou BMW.