Dans le domaine de l'habitat, l'industrialisation des éléments permet une nouvelle conception de la construction sur mesure. Les techniques françaises sont exportées à l'étranger : le procédé Balency et Schuhl est adopté en Grande-Bretagne pour la construction de la ville nouvelle de Thamesmead. Le procédé GEAI, mis au point par les architectes Lods, Depondt et Beauclair, figure, avec quelques autres techniques françaises, parmi les lauréats du concours Operation Breackthrough organisé par le gouvernement américain.
Mais les jeunes architectes veulent aller plus loin que leurs aînés qui ont inventé les cloisons démontables, où la mobilité ne se définit que dans le cadre d'un espace donné. Pour un groupe d'habitations de la ville nouvelle d'Evry, Georges Maurios met au point, avec l'entreprise Boussiron, des immeubles dans lesquels les panneaux extérieurs eux-mêmes pourront être démontés, grâce à un assemblage de poteaux creux et de caissons préfabriqués qui forment un réseau tridimensionnel de gaines pour le passage des fluides et des ventilations.
Nouvel art de vivre
Même démarche pour la maison individuelle : elle devient jeu de construction ; la juxtaposition des cellules industrialisées permet de créer un intérieur à ses propres dimensions. La maison-coupole de Jean Daladier s'inspire du rhombicozidodécaèdre... terme barbare, qui possède ses lettres de créance puisqu'il s'agit d'un volume périsphérique à 62 faces imaginé par Archimède. Sous cette coupole, rien n'est définitif : l'habitant doit participer lui-même à la sculpture de l'édifice.
Maison mobile
Autre formule : la maison mobile, version moderne de la roulotte ; elle est devenue chose courante aux États-Unis, où le parc atteint 2 millions d'unités. Elle y est considérée comme une solution idéale pour les zones que l'on souhaite conserver libres pour l'avenir. Elle a fait son apparition en France, notamment à la Foire de Paris, où l'architecte Jean Maneval a présenté la Bulle 6 Coques, créée pour Dubigeon-Normandie. En Finlande, l'architecte Matti Suuronen dessine la maison Futuro : coquille de plastique armé supportée par des piliers métalliques, fenêtres ovales et porte basculante renfermant l'escalier, comme dans la Caravelle.
Dans la recherche de ce nouvel art de vivre, les autres professions artistiques jouent désormais un rôle important.
Le rôle des designers
Les designers s'attaquent au mobilier urbain : à Munich, les chaises de polyester moulé du bureau d'études Batzner remplacent les banals sièges de jardins publics. Au Danemark, de jeunes artistes décorent les pignons des maisons de la ville de Brande et peignent les clôtures de béton du cimetière de voitures, comme cela a déjà été fait dans le quartier de Harlem, à New York.
En France une nouvelle société pour la création de mobilier urbain vient de voir le jour. Son nom, Artui ; son créateur de pointe, le dessinateur Jean-Michel Folon.
Allant plus loin encore, le plus grand constructeur français, la Société centrale immobilière de construction (SCIC), décide de consacrer 1 % de son budget à l'achat d'œuvres d'art pour les grands ensembles qu'elle construit.