Journal de l'année Édition 1969 1969Éd. 1969

Jusqu'à la mi-août 1968, les forces du Front national de libération se contentent de coups de main et d'opérations de commandos dans le sud du pays, et dans le nord, près de Hué et de Da Nang. Les Américains reconnaissent eux-mêmes que le Viêt-nam du Sud vit une période d'accalmie.

18 attaques simultanées

Une accalmie brutalement brisée dans la nuit du 17 au 18 août, quand le Viêt-cong lance 18 attaques simultanées contre des bases ou des camps américains ou sud-vietnamiens. L'assaut le plus dur porte sur Tay Ninh (près de la frontière cambodgienne), où des combats de rues se déroulent pendant plusieurs heures. La ville, à 90 km de Saigon, est considérée comme l'un des verrous de protection de la capitale.

Parallèlement, le Viêt-cong a attaqué sur les hauts plateaux, près de Dak To et sur toute la ligne du front nord, mais c'est dans la zone du Delta et le long des voies d'accès vers Saigon qu'il concentre ses efforts. Les combats se prolongent jusqu'aux environs du 20 septembre, faisant plusieurs milliers de morts.

La situation est identique à celle de la fameuse offensive du Têt ; il n'y a, militairement parlant, ni vainqueur ni vaincu. Les Américains et les Sud-Vietnamiens peuvent affirmer qu'ils ont partout repoussé les attaques de leurs adversaires. Mais le Viêt-cong ne visait pas, semble-t-il, l'occupation de villes ou de villages. Il cherchait plutôt à tâter le dispositif américain et parait avoir profité ainsi de la situation pour infiltrer des troupes fraîches dans la région de Saigon.

À l'arrêt des raids américains contre le Viêt-nam du Nord, le 31 octobre, succède une longue période d'accalmie relative ; accrochages, embuscades, attaques de postes marquent, au fil des jours, les communiqués militaires. Le Viêt-cong se contente de laisser peser sa menace sur la capitale. Mais, quatre mois plus tard, lorsque les négociations à quatre s'ouvrent à Paris, on enregistre un accroissement des combats, et soudain, le 23 février, les forces du Front déclenchent une offensive de grande envergure.

Ce jour-là, les Viêt-congs, appuyés par des unités nord-vietnamiennes, lancent contre Saigon et 125 villes, villages ou bases, une série d'attaques coordonnées et simultanées. Des milliers de roquettes et d'obus de mortier sont tirés et il n'est pas une localité importante qui ne soit touchée.

Les raids US contre le Nord

L'arrêt total des raids américains contre le Viêt-nam du Nord, décidé le 31 octobre 1968 par le président Johnson, a ouvert un nouveau chapitre de la guerre vietnamienne, en mettant un terme à la politique de représailles pratiquée par les États-Unis depuis l'été 1964. Pendant ces quatre années, les États-Unis ont lâché au-dessus du Viêt-nam du Nord 2 581 876 t de bombes (2 057 244 t durant la Seconde Guerre mondiale). Au cours de ces missions, les Américains ont perdu 925 avions et hélicoptères.

Combats près de Saigon

Est-ce une nouvelle offensive, analogue à celle de 1968 ? On le croit d'abord, mais on s'aperçoit rapidement que la stratégie du Viêt-cong est entièrement différente. Alors que l'année précédente les forces du Front avaient en quelques heures occupé plusieurs dizaines de villes, cherchant à déclencher un soulèvement des populations urbaines en leur faveur, cette fois, les attaques du FNL semblent, avec le recul, avoir eu un caractère plus militaire que politique.

Voici les faits : pendant plus d'un mois, jusqu'au début d'avril, presque chaque jour, les artilleurs vietcongs et nord-vietnamiens vont accroître leur pression autour des localités qu'ils harcèlent. Les bulletins quotidiens sont à ce sujet révélateurs. Le 25 février, 50 villes et bases attaquées ; le 26, violent combat près de Saigon ; le 28, 25 nouvelles attaques ; le 6 mars, Saigon de nouveau bombardée ; le 7 mars, 30 objectifs militaires attaqués ; le 22, 60 objectifs militaires bombardés. Selon les Américains, en trois semaines, 1 140 GI's ont été tués, 5 688 blessés, 14 000 Vietcongs tués.

Début avril, on assiste soudain à une pause des combats, comme si les forces du Front se regroupaient en vue de nouvelles attaques. De fait, dans la nuit du 11 au 12 mai, 165 objectifs militaires et villes sont touchés par des obus de mortier ou de canon et des roquettes. Succédant aux bombardements, les attaques au sol sont particulièrement acharnées et meurtrières ; unités vietcongs et nord-vietnamiennes donnent l'assaut à plusieurs bases américaines. L'un des combats les plus sanglants se déroule pour la conquête par les Américains de la colline 937, un point d'appui stratégique qui domine la vallée d'A Shau, près de la frontière laotienne.