Journal de l'année Édition 1969 1969Éd. 1969

Malgré tout, les interprétations divergent sur le sens qu'il faut donner à l'événement ; pour les uns, le président Thieu n'autorisa le retour du général Minh (en lui offrant, en outre, un poste de conseiller) que pour affermir encore le gouvernement sud-vietnamien ; pour d'autres, le retour du « vainqueur de Diem » n'est que le prélude à une vaste opération qui doit aboutir à la formation d'un gouvernement de coalition.

Les événements se précipitent pour le gouvernement sud-vietnamien. En annonçant au soir du 31 octobre l'arrêt total des raids contre le Viêt-nam du Nord, et donc l'ouverture de négociations à quatre (Américains, Nord-Vietnamiens, Sud-Vietnamiens et Front national de libération), le président Johnson a mis le gouvernement sud-vietnamien au pied du mur.

Il faudra près d'un mois de discussions serrées et de tractations acharnées pour que le président Thieu cède et accepte, le 27 novembre, d'envoyer « d'ici dix jours » une délégation sud-vietnamienne aux pourparlers de Paris. En fait, le président sud-vietnamien s'est laissé arracher cet accord contre de sérieuses garanties américaines.

Les « trois points »

L'annonce de l'envoi d'une délégation a été faite, en effet, simultanément à Washington et à Saigon et, parallèlement, le ministère américain des Affaires étrangères publie une déclaration reconnaissant notamment :
– Saigon tiendra le premier rôle et sera le principal porte-parole sur toutes les questions intéressant au premier chef le Viêt-nam du Sud. Les États-Unis auront la prééminence pour les questions militaires ;
– Le gouvernement américain ne reconnaît pas le « soi-disant Front national de libération », qui n'est qu'une « création » du Viêt-nam du Nord. De ce fait, la conférence de Paris ne pourra être considérée comme une réunion « à quatre » ;
– Les États-Unis n'accepteront pas qu'un gouvernement de coalition soit imposé à Saigon.

Ces trois points vont constituer au cours des négociations les arguments essentiels de la délégation sud-vietnamienne, présidée par Pham Dang Lam et conseillée par le général Ky.

Lassitude de l'opinion

C'est sur le terrain et dans l'opinion publique que se joue, en fait, le destin du Viêt-nam du Sud. Et là, le gouvernement de Saigon a quelque difficulté. Le programme de « pacification » lancé pour rallier les populations rurales ne donne aucun résultat convaincant. L'offensive générale lancée par le Viêt-cong, le 23 février 1969, infligera à ce sujet un démenti aux propos du Premier ministre Huong affirmant que la pacification avait été réalisée à 70 %.

Quant à l'opinion publique, elle manifeste sa lassitude et à partir du début de l'année 1969 une campagne de propagande se développe en faveur de la paix chez les bouddhistes et chez les étudiants. Le gouvernement essaie de l'enrayer (condamnation du vénérable Thien Minh, chef des jeunesses bouddhistes), mais sans parvenir à l'étouffer.

Dans les mois de mai et juin, le président Thieu se trouve dans une situation de plus en plus délicate. D'une part, le courant en faveur d'un « gouvernement de paix », c'est-à-dire finalement d'un gouvernement de tendance neutraliste prêt à discuter avec le FNL, ne cesse de se renforcer. D'autre part, les Américains laissent entendre de plus en plus fréquemment qu'ils ne sont pas « mariés » avec le régime au pouvoir à Saigon.

Le discours prononcé le 14 mai par le président Nixon, qui reconnaît pratiquement que tout est négociable au Viêt-nam, ainsi que de nombreuses déclarations analogues de ses collaborateurs témoignent de la volonté des États-Unis de sortir de l'impasse.

L'opinion publique américaine, de son côté, exerce sur l'administration républicaine des pressions, fatiguée qu'elle est d'une guerre qui n'en finit pas de finir et qui voit augmenter chaque jour le nombre des victimes.

Rencontre à Midway

Dans ce climat, la rencontre Thieu-Nixon, le 8 juin, à Midway, une île du Pacifique, apparaît comme un nouvel essai des Américains pour convaincre Saigon d'abandonner son intransigeance. En vain. Le président des États-Unis annonce un retrait de 25 000 hommes (qui seront remplacés par des Sud-Vietnamiens), mais sur le plan politique rien de concret n'est décidé. Thieu s'est opposé à tout ce qui pouvait remettre en question l'autorité de son gouvernement.

Palestine

Pas de solution diplomatique en vue ; la guerre larvée s'intensifie

Intensification des opérations militaires, qui prennent l'allure d'une guerre larvée, impasse politique qui favorise le développement des activités et de l'influence des organisations palestiniennes, tentatives (infructueuses) des grandes puissances pour amener les belligérants à composition : telles sont les principales évolutions intervenues dans le conflit israélo-arabe deux ans après la guerre des Six-Jours.