Journal de l'année Édition 1969 1969Éd. 1969

Le 8 mai 1969, le représentant du Front propose un programme en 10 points qui constitue à ses yeux l'essentiel d'une « solution globale du problème sud-vietnamien ». L'originalité de ce programme, qui reprend les revendications essentielles du Viet-cong, vient de ce qu'il propose un plan de règlement politique acceptable en partie par les Américains.

Le FNL propose donc successivement :
– La création d'un cabinet de paix à Saigon, c'est-à-dire le remplacement du gouvernement Thieu-Ky par une équipe soucieuse avant tout de restaurer la paix ;
– La formation d'un gouvernement de coalition provisoire entre les différentes tendances politiques du Viêt-nam du Sud « qui sont pour la paix, l'indépendance et la neutralité ». Dans l'esprit du Front, ce cabinet provisoire devrait naître de négociations avec le cabinet de paix mis en place précédemment à Saigon. La tâche essentielle de ce gouvernement sera d'appliquer les accords concernant le retrait des troupes US et d'organiser des élections générales afin de former une Assemblée constituante ;
– Création à partir de cette Assemblée nationale d'un gouvernement de coalition, « reflétant la concorde nationale et une large union de toutes les couches populaires ».

Plan US en huit points

À son tour, le président Nixon, moins de huit jours plus tard, présente un plan en 8 points. Là encore, l'originalité vient de son aspect politique. Le chef de l'exécutif américain propose en substance :
– Un retrait progressif de « toutes les forces non sud-vietnamiennes ». Dans un délai d'un an, suggère-t-il, la plus grande partie des troupes américaines peut être retirée ;
– L'organisation d'élections libres sur l'ensemble du territoire de la République du Sud Viêt-nam ;
– Le tout sous l'égide d'un organisme de contrôle international acceptable par les deux parties.

Qu'il y ait encore des divergences entre les Américains et le FNL, cela ne fait aucun doute. Mais des points de convergence apparaissent.

Reste cependant à convaincre le gouvernement de Saigon. La présentation de ce double programme met encore plus en relief le fossé qui sépare Saigon de Washington. Le président sud-vietnamien Thieu fait tout pour ralentir une négociation qui ne peut le mener qu'à sa perte et qui, à son sens, ne peut aboutir qu'à livrer le pays au communisme.

Le tête-à-tête de Midway, le 8 juin 1969, entre Nixon et Thieu traduit la situation ambiguë où se trouvent les États-Unis. Le président américain annonce le prochain retrait de 25 000 hommes — ce qui, incontestablement, constitue un geste à l'égard de ses adversaires. Mais pour Thieu (et pour Nixon à l'égard de Thieu), ce retrait n'est qu'une relève par les troupes sud-vietnamiennes. Quant à la solution politique, il n'est pas question de la mettre en route. Les deux présidents se contentent d'affirmer qu'ils « s'engagent à respecter toute décision du peuple sud-vietnamien, après des élections libres ». C'est encore l'impasse.

Deux jours plus tard, cependant, l'annonce par le Front de la formation d'un « gouvernement révolutionnaire provisoire du Viêt-nam du Sud » bouleverse le jeu politique de la conférence. La délégation du FNL à Paris se présente désormais comme la délégation de ce gouvernement ; le FNL s'efface et redevient un parti parmi les autres. Une situation diplomatique nouvelle est créée.

Les opérations militaires

Le Viêt-cong est partout et nulle part, au cours de cette année 1968-69, où périodes de calme, offensives surprises, menaces d'attaques, embuscades et accrochages alternent.

La pression sur Saigon

L'offensive du Têt (nouvel an vietnamien) en février 1968, puis, trois mois plus tard, les attaques au mortier et aux roquettes avaient déjà appris aux Saigonnais qu'ils ne seraient plus épargnés. À partir de juillet 1968, le Viêt-cong, qui a massé quelque 15 bataillons autour de la ville, exerce une pression constante.

Américains et Sud-Vietnamiens ont disposé tout autour de la capitale un cordon sanitaire, mais, en dépit de leurs énormes moyens matériels, ils ne parviennent pas à démanteler le dispositif adverse.