Hormis dans les échanges avec la CEE, d'une manière générale, sur les grands marchés industrialisés du monde occidental, la progression des ventes françaises s'est plutôt affaiblie, parfois assez sensiblement. Une exception cependant : vers les États-Unis, où la croissance exceptionnellement rapide des importations en 1968 (+ 23,5 %) a profité dans une certaine mesure aux livraisons françaises, qui ont progressé de plus de 15 %, taux cependant inférieur à celui de l'augmentation, vers ce même pays, des fournitures allemandes (+ 38 %), italiennes (+ 26 %), belgo-luxembourgeoises (+ 31 %) ou néerlandaises (+ 27 %).

Quant au redéploiement des ventes françaises à destination de certains marchés, souvent lointains, qui avaient été longtemps trop délaissés par nos exportateurs, il s'est poursuivi.

Nos exportations progressent d'environ 40 % vers le Moyen-Orient, 30 % vers le Japon, 24 % vers l'Amérique latine, plus de 27 % vers les pays de l'Europe de l'Est.

L'un des changements remarquables de l'année 1968 est que les échanges de la France avec le Comecon se sont soldés par un excédent d'exportations aussi grand que celui de l'Allemagne occidentale avec ce même ensemble : l'équivalent de quelque 900 millions de francs.

Les ventes françaises à l'Union soviétique, appuyées par la politique de coopération bilatérale mise en œuvre, ont fait un bond en avant de 65 %. D'excellents résultats sont aussi enregistrés pour les exportations vers la Pologne (+ 39 %), la Bulgarie (+ 26 %) ou la Hongrie (+ 16 %).

Un lent déclin

Au total, les livraisons françaises dans les pays d'Europe orientale ont dépassé 2,7 milliards de francs (4,4 % de l'ensemble des exportations françaises, contre 3,8 % en 1967). Nos importations — un peu plus de 1,8 milliard de francs — ont cependant peu augmenté (environ 4 %).

Il reste que la part de la zone franc dans le commerce extérieur français poursuit son déclin : 10,9 % dans les importations et 13,1 % dans les exportations.

Nos achats — 7,5 milliards de francs — n'ont guère varié sur 1967, et nos ventes — 8,2 milliards — n'ont fait qu'un modeste progrès, de l'ordre de 5 %.

S'agissant des exportations vers cette zone, c'est dans le domaine des biens d'équipement que la progression la plus forte a été enregistrée (+ 19 %), certaines de nos productions y conservant encore des débouchés privilégiés.

Redressement incertain

Les résultats de nos échanges extérieurs en janvier 1969 laissaient entrevoir une timide amélioration. La progression des importations se modérait légèrement. L'allure des exportations était un peu plus soutenue. C'était le dernier mois de l'allocation exceptionnelle aux exportateurs.

Le commerce extérieur se maintient en février 1969, confirmant plus ou moins les tendances du mois précédent, encore que celles-ci ne soient pas toujours très nettes.

Parler d'un début de redressement de la balance commerciale paraît incertain, même si les mesures fiscales aux frontières prises fin novembre 1968 par l'Allemagne (dégrèvement de 4 % à l'importation et prélèvement d'une taxe de 4 % à l'exportation) peuvent avoir quelque effet bénéfique dans nos échanges avec notre premier partenaire commercial au monde, même si la diminution attendue de la demande intérieure doit rendre plus disponibles les entreprises françaises vers les marchés extérieurs.

Mars nous montre que si les importations s'accroissent moins vite, il en va également des exportations ; que la baisse de rythme des premières est cependant moins marquée que celle des secondes.

En avril et mai, nouvel emballement des importations : leur niveau — exceptionnellement élevé — frise 7 milliards sur l'étranger. Les exportations ne se comportent pourtant pas mal. Le déficit s'amplifie dangereusement. Le taux de couverture tombe à 80 % pour le mois de mai.

Une contrainte majeure

L'indicateur d'alerte « échanges extérieurs » du Ve plan, qui était déjà au rouge en février et mars, clignote en avril, continue en mai, puis en juin.