Les vraies fourrures : zorrino, kalgan, martre, ragondin, phoque, rajeunissent avec leur nouveau public, non le plus fortuné mais le plus désinvolte, qui les préfère en blousons, en duffle-coats, en pardessus longs croisés sous une ceinture de cuir ou de métal.
La recherche du confort, les femmes la poursuivent jusque dans les détails : écharpes à longs pans double mètre, en soie ou en laine, cols châles sur les vestes-cabans, cols cheminées pour les tricots à grosses mailles, capuchons coupe-vent, collants chauds à dessins, dans le temps même où elles raccourcissent leurs ourlets. Mais la jupe à mi-cuisse ne fait plus scandale...
Des robes faites au moule...
À partir d'une fibre synthétique (Dynel), des filateurs et tisseurs français ont mis au point une matière nouvelle, la Cardine. Filée, teinte et tissée, elle est ensuite moulée de manière à donner au tissu une troisième dimension. Les courbes du corps, les ornements en relief sont obtenus par un gaufrage permanent. Infroissable et lavable, la Cardine résiste aux acides et au feu. Son emploi est prévu pour la fabrication de robes à grande diffusion.
Un homme de bon poil...
Le loup du Canada, de Russie ou du Tibet, le chien de Chine, la chèvre d'Afghanistan se sont, pour l'hiver 1968-69, transformés en houppelandes et en pardessus. Les hommes que cette harde laisse froids font un sort au lapin, au chat. Crinières indomptées, favoris en côtelettes, barbes foisonnantes, rudes moustaches à l'anglaise, fournissent aux badauds un autre sujet de distraction. Et non le moins piquant. Depuis trois ans, chacun peut avec la mode prendre ses aises ou par sa fantaisie en tempérer les rigueurs. L'apparition de la tunique à col Mao, le succès populaire du col roulé ont entraîné des changements profonds. Les pourpoints de Cardin, les combinaisons de Schreiber et Hollington ne sont plus seulement réservés à quelques privilégiés. La mode à grande diffusion adopte, elle aussi, un style plus libre, des tissus allégés.
Printemps-été : douceur des lignes et des coloris
Le printemps est couleur de rose. À travers la mousseline et le crêpe Georgette s'ébauche une mode insouciante, qui bannit toute agressivité. On ne bataille plus pour la longueur des jupes, mais la courbe d'un sein dénudé, surprise entre les pans d'une tunique, provoque des commentaires.
Cette féminité que le printemps prodigue, elle fuse en couleurs, les plus tendres, les plus fraîches : les roses, pêche, buvard, dragée, des bleus aériens, le vert du tilleul ou de l'eau, les grèges, alliés au blanc et, rigoureux, net, omniprésent, le bleu marine. Le maquillage, plus gai, s'éclaire de beige et d'orange.
Sur la palette du printemps...
Le blanc, le marine sont les tons les plus employés avec les pastels rose, jaune, beige, ivoire, parme, lavande, saumon, abricot, crevette. Des tons neutres (kaki, marron, gris), deux rouges vibrants (fuschia, géranium) complètent ce colorama. En tête des tissus de laine se placent les crêpes, les gabardines, les jerseys, les flanelles. Les imprimés de laine, les quadrillés, les écossais comptent parmi les dessins préférés.
La même inspiration
La silhouette est mince et longue : buste menu, épaules hautes et étroites. La taille glisse un peu, entre la poitrine et les hanches. Une inspiration identique rapproche le prêt-à-porter et la haute couture dans leur choix (le style cardigan, les robes-chemisiers, les tons pastels). Plusieurs grands couturiers, il est vrai, diffusent en prêt-à-porter un certain nombre de leurs créations.
Le tailleur est, par tradition, l'uniforme du printemps. Il est de ligne cardigan (Dior) quand il perd ses revers et son col. Ses basques s'allongent sur une courte jupe plissée en flanelle ou en gabardine. Les tailleurs paletots (Cardin) portent l'ampleur rejetée dans le dos, des pans arrondis, une jupe brève, droite, en lainage quadrillé de tons pastels. Sur les blouses, des écharpes s'enroulent. Marc Bohan (Dior) noue en cravate, sur ses chemisiers, des carrés de soie d'un même dessin. Saint-Laurent, magistralement, coordonne, ou oppose, à ses tailleurs, de longs foulards subtilement imprimés.