Journal de l'année Édition 1968 1968Éd. 1968

Les cantonales des 24 septembre et 1er octobre

Le renouvellement triennal de la moitié des conseillers généraux de chaque département (élus pour six ans en 1961) n'a revêtu qu'un intérêt limité et une portée politique restreinte. Au surplus, les résultats de ce type de consultations locales font toujours l'objet d'âpres contestations en raison de l'importance des questions d'hommes et des situations acquises, de la variété des étiquettes et du nombre élevé de candidats sans appartenance bien marquée, du pourcentage considérable d'abstentions.

Le premier tour

Sur ces divers points, le premier tour, le 24 septembre, fut parfaitement conforme aux traditions : 42,67 % d'abstentions (contre 43,5 % en 1961 et 43,4 % en 1964) ; 1 400 élus ou réélus dès ce premier tour pour 1 710 sièges à pourvoir en métropole ; peu de changements de majorité dans les assemblées départementales ; bref, la stabilité, au moins apparente.

Mais, derrière cette façade, on décelait au lendemain du scrutin des glissements de suffrages aussi accentués et parfois même plus nets encore qu'aux élections législatives de mars. Les nouveaux départements de la région parisienne, en raison de leur création récente, étaient appelés à élire la totalité de leurs conseillers généraux ; les communistes enregistraient des progrès assez substantiels en voix et parfois en sièges, la Fédération de la gauche semblait se maintenir, ainsi que les gaullistes, le recul affectait les centristes et modérés de diverses tendances.

Comme aux dernières législatives, des accords de désistement réciproque liaient le PC, la Fédération et le PSU, et ils étaient, dans l'ensemble, respectés par les candidats et approuvés par les électeurs, qui reportaient leurs voix avec discipline sur le bénéficiaire, fût-il communiste. Malgré les arbitrages, une certaine concurrence opposait, ça et là, les gaullistes orthodoxes de la Ve République aux républicains indépendants de Giscard d'Estaing, mais ces rivalités ne devaient pas leur être dommageables.

Le second tour, dans ces conditions, voyait s'accentuer les tendances marquées dès le premier : 43,62 % d'abstentions, progression de la gauche, un peu plus sensible pour le PC que pour la Fédération, légère, mais réelle, pour les gaullistes et leurs alliés, défaite du Centre et des modérés.

Des six nouveaux départements de la région parisienne, l'un, la Seine-Saint-Denis, avait une majorité communiste acquise dès le premier tour ; la gauche et le PC l'emportaient également dans le Val-de-Marne, où la présidence allait à un communiste. Dans les Hauts-de-Seine, la gauche et les communistes d'une part, les gaullistes, giscardiens, centristes et modérés, d'autre part, se partageaient exactement les sièges : ce devait être finalement un centriste soutenu par les gaullistes qui accédait à la présidence. La majorité imposait un président centriste dans le Val-d'Oise, giscardien dans l'Essonne et gaulliste dans les Yvelines.

Une confirmation

Au total, si une assemblée régionale de Paris et de sa banlieue était réunie, en y comprenant la Seine-et-Marne, qui fait partie du district de la région parisienne, la gauche communiste, fédérée et PSU y occuperait 147 sièges, tandis que les autres formations, gaullistes compris, y détiendraient 165 mandats.