À l'occasion de Noël, la publication conjointe des Églises protestante et catholique d'un message de paix suggéré par le pasteur Georges Crespy, de Montpellier, suscita, par son application, de nombreuses protestations. C'est le comité régional français de la Conférence chrétienne pour la paix qui en est à l'origine.

Les frères de Taizé réunissaient, du 31 août au 3 septembre, la deuxième grande assemblée de jeunes sur la colline où est édifié leur monastère.

Sur le thème : Vivre, 1 750 garçons et filles de nationalités et de confessions diverses ont discuté et prié en compagnie d'environ 300 aînés et en présence de S. E. le cardinal Lefèvre, S. E. le métropolite Antoine, exarque pour l'Europe occidentale du patriarcat de Moscou, E. C. Blake, secrétaire général du Conseil œcuménique des églises.

L'intensité de la vie spirituelle et la volonté d'un christianisme audacieux, manifestées par l'assistance, ont été particulièrement remarquées par les observateurs. Une ovation interminable a suivi un exposé du métropolite Antoine sur la prière dans la vie quotidienne.

Le laïcat protestant a aussi manifesté sa vitalité en organisant à diverses reprises des sessions d'études : le Congrès de la Postfédération, le 9 septembre, sur Raison et tragique, le colloque sur l'information : puissance d'harmonie ou de déséquilibre, les 17 et 18 septembre, avec les responsables protestants des mass-media. Les 4 et 5 novembre se terminait le plan de 4 ans, expérience de mobilisation de l'ensemble des laïcs protestants de la Région parisienne pour un christianisme confessant. Les journées d'études (9 et 11 février) sur la révolution culturelle française étaient organisées à Toulouse par l'ensemble des mouvements protestants.

Le synode national des Églises réformées de France a tenu, à Royan (1er-5 mai), une importante assemblée ; ont fait l'objet d'audacieuses décisions : la pédagogie (perspective de la catéchèse continue) et l'orientation générale de l'Église. La présidence du Synode a été confiée au pasteur Jacques Maury. Dans le même temps, la CIMADE se donnait un nouveau président, le pasteur Daniel Atger. Enfin, la Société des missions évangéliques de Paris se transformait pour trouver une vocation au service des diverses Églises d'expression francophone du monde.

Controverse

Les prédications du carême 1968 étaient faites par le pasteur Pierre Gagnier, directeur du collège protestant de Chambon-sur-Lignon, sur le thème l'Église en jugement. Ces méditations sur les lettres aux sept églises, de l'Apocalypse de saint Jean, étaient radiodiffusées.

Une émission de télévision a vivement ému le monde protestant. Le 25 septembre, dans la série les Femmes aussi, Eliane Victor, présentant Esther ou la Force d'aimer, a provoqué une controverse extrêmement vive dans la presse protestante.

Les orthodoxes

La vie du patriarcat de Constantinople a été dominée par deux événements étroitement liés : la visite du pape Paul VI à Istanbul et le voyage en Europe du patriarche Athénagoras Ier.

Paul VI à Istanbul

C'est le 23 juillet 1967 que Paul VI arrive à Constantinople, où il est accueilli à la fois par Athénagoras et par le président de la République turque.

Cette deuxième rencontre du pape et du patriarche revêtait une importance particulière, car le souverain pontife, dans un geste d'humilité fraternelle, auquel les orthodoxes furent très sensibles, avait accepté de venir à Constantinople avant que le patriarche se rende au Vatican.

Un journaliste catholique a pu écrire à ce propos : « Ce geste a introduit en Orient une nouvelle compréhension de la primauté. Les conséquences en seront à la longue incalculables. La primauté perd la raideur qui lui venait de la Rome païenne. Elle reprend le visage de l'Évangile. »

Ce voyage comportait un autre aspect important : il a renforcé l'autorité et l'audience mondiale du patriarche œcuménique. Cela n'a pas empêché les autorités turques de prendre récemment un certain nombre de mesures rendant encore plus difficile le fonctionnement de l'Institut de Halki, cet unique établissement théologique du patriarcat de Constantinople.

Démarche œcuménique

Avant d'aller à Rome, Genève et Londres, le patriarche Athénagoras a tenu à rendre visite aux Églises orthodoxes de Yougoslavie, de Roumanie et de Bulgarie.