Accueilli partout avec amour et joie, le patriarche œcuménique a mis au courant de ses démarches œcuméniques les chefs de ces Églises. Il a également discuté avec eux du resserrement des liens entre les diverses Églises nationales orthodoxes, ainsi que de la convention du futur concile panorthodoxe. Les communiqués publiés à l'issue de ces rencontres semblent témoigner d'une grande identité de vues.

À Rome se déroule, le 26 octobre, la troisième rencontre entre Athénagoras Ier et Paul VI. Après une cérémonie solennelle à Saint-Pierre, les deux hommes ont, pour la première fois, un long entretien en tête à tête.

Le texte publié en commun à l'issue de la rencontre insistait sur l'importance d'une étroite collaboration dans tous les domaines et tout particulièrement « entre professeurs catholiques et orthodoxes dans le domaine de l'étude de l'histoire, des traditions, des Églises, de la patristique, et d'une présentation de l'Évangile qui corresponde à la fois au message authentique du Sauveur, aux besoins et aux espérances du monde d'aujourd'hui ».

La quête de l'unité

Le 6 novembre, le patriarche Athénagoras est solennellement reçu à Genève, au Conseil œcuménique des Églises, par son secrétaire général, le pasteur Blake. Dans son allocution de bienvenue, ce dernier souligne le rôle primordial que le siège de Constantinople joua dans la fondation et dans le développement du Conseil mondial des Églises.

Les entretiens portèrent surtout sur la façon d'accroître la participation effective des collaborateurs orthodoxes à tous les échelons du COE. Dans ce dessein, des propositions concrètes seront soumises à l'Assemblée générale d'Uppsala, en juillet 1968, afin de corriger le déséquilibre confessionnel actuel.

La quête de l'unité du patriarche Athénagoras s'est terminée à Londres, où il est reçu par Mgr Michael Ramsey, archevêque de Cantorbéry. Les discussions ont porté sur les relations des Églises de la communion anglicane avec le patriarcat œcuménique, d'une part, et toutes les Églises orthodoxes, d'autre part.

Dans son dernier message pascal, le patriarche Athénagoras a réitéré sa proposition de convoquer le plus rapidement possible un Concile panorthodoxe. Dans ce dessein, une Commission inter-orthodoxe s'est réunie, du 7 au 15 juin, à Genève. Elle a discuté également des modalités du dialogue œcuménique et tout particulièrement de la participation orthodoxe à l'assemblée mondiale du COE à Uppsala.

Patriarcat de Russie

La situation intérieure de l'Église de Russie reste préoccupante, sans que des faits particulièrement marquants aient eu lieu récemment.

L'archevêque Hermogène, éloigné des affaires sous la pression des autorités et « au repos » depuis deux ans dans un monastère, dénonça, en novembre 1967, dans une lettre adressée au patriarche Alexis, la situation anormale créée par l'immixion permanente du gouvernement soviétique dans les affaires intérieures de l'Église russe. Il insista particulièrement sur la nécessité de rétablir l'élection des évêques prévue par le Concile russe de 1917.

Par suite de la célébration de la révolution d'Octobre, les fêtes commémoratives du rétablissement du patriarcat par le Concile de 1917 ont été reportées en mai 1967 et célébrées avec un grand faste.

L'activité œcuménique de l'Église russe a été assez importante. En août 1967, le métropolite Nicodème, de Leningrad, s'est rendu à Rome et a été reçu par le pape Paul VI. En automne, il a accompli un voyage de trois semaines aux États-Unis, prenant contact avec les représentants de toutes les confessions.

La première rencontre théologique entre l'Église catholique romaine et l'Église russe s'est déroulée début décembre à l'Académie de théologie de Leningrad. Elle a porté sur la doctrine sociale de l'Église catholique. La délégation romaine était conduite par Mgr Willebrands, qui prêcha dans la cathédrale de la Sainte-Trinité, lors du sacre d'un évêque orthodoxe. L'agence soviétique Tass, d'habitude peu soucieuse des événements religieux, a consacré à cette rencontre un compte rendu d'une longueur inhabituelle.