Bien entendu, seul un ordinateur peut surveiller plusieurs conversations pour y basculer instantanément et sans erreur les paroles des uns dans les silences des autres, de telle sorte qu'aucun des correspondants ne s'en aperçoive. Si extraordinaire que cela paraisse, le système fonctionne parfaitement depuis plusieurs mois : avec les nouveaux centraux électroniques, il sera, à partir de cette année, expérimenté en grand, dans les conditions quotidiennes de trafic.

Les satellites européens

L'Organisation européenne de construction de lanceurs d'engins spatiaux, le CECLES/ELDO, poursuit la réalisation de la fusée Europa 2, qui devra, en 1971, placer sur orbite le satellite stationnaire expérimental franco-allemand Symphonie.

Un nouveau projet européen de satellite de distribution de télévision — baptisé Eurovision — a été proposé par un groupe d'experts comme l'un des buts principaux que devrait poursuivre rapidement l'Organisation européenne de recherche spatiale, le CERS/ESRO, dans le cadre d'une réorganisation et d'une meilleure coordination des programmes de lanceurs et de satellites en Europe. Ce satellite devrait, si l'on en commençait la réalisation en 1969, être mis sur orbite vers 1972. Il préluderait au développement ultérieur d'une gamme de satellites de communications aboutissant, en 1975, au lancement d'un satellite stationnaire de 500 kg et, vers 1978, à un satellite stationnaire de diffusion directe de 2 tonnes.

Satellites stationnaires

Les États-Unis, comme l'Europe, ont définitivement opté pour les satellites stationnaires, qui, décrivant une orbite circulaire et dans le plan de l'équateur à 35 700 km d'altitude, accomplissent une révolution autour de la Terre dans le même temps (24 heures) que cette dernière en accomplit une sur elle-même, ce qui les fait apparaître immobiles dans le ciel.

L'Union soviétique s'en tient, pour le moment, aux satellites à défilement, qui, au contraire, se déplacent dans le ciel sur des orbites circulaires ou elliptiques, dont on peut choisir l'altitude et l'inclinaison sur l'équateur. Mais l'URSS a laissé entendre qu'elle passerait aux satellites stationnaires.

Les recherches et les développements technologiques en cours visent à la réalisation de satellites de distribution directe : vers 1975-1980, des engins pourront directement relayer des programmes de télévision vers les récepteurs individuels.

Le bilan d'énergie

La transmission d'une image de télévision exige l'envoi d'un beaucoup plus grand nombre de signaux électriques que la transmission d'une communication téléphonique ou télégraphique. C'est ce qu'on exprime en disant qu'elle utilise un plus grand nombre de voies. En outre, si l'on veut capter des émissions de télévision à l'aide d'une petite antenne et d'un faible amplificateur comme en possèdent les récepteurs domestiques, il faut que la puissance d'émission des signaux soit très grande, et ce sur toutes les voies requises.

Le principal problème à résoudre pour les satellites de communications est donc un bilan d'énergie entre la puissance rayonnée par le satellite et celle qui est captée par les récepteurs.

La puissance reçue varie en fonction de quatre facteurs : la puissance rayonnée, les gains des antennes d'émission et de réception, les fréquences utilisées pour les transmissions et la distance du satellite à la Terre. La puissance d'émission varie à son tour en fonction du système de modulation adopté.

Les fréquences allouées aux communications par satellites se situent dans des bandes bien déterminées (3 000 — 6 000 mégahertz), et pour un satellite stationnaire, la distance à la Terre est constante. La puissance reçue dépend donc essentiellement des antennes utilisées, à la fois au sol et à bord des engins spatiaux, et de la puissance rayonnée.

Le diamètre des antennes terriennes doit être d'autant plus grand et leur système d'amplification d'autant plus efficace que la puissance rayonnée par le satellite est plus faible. Ainsi, les grandes antennes terriennes utilisées actuellement ont un diamètre de 26 m, et leur amplificateur est refroidi à l'hélium liquide, à – 220 °C (le bruit de fond propre au récepteur, que l'on cherche ainsi à réduire, est un courant électrique parasite d'origine thermique, qui ne disparaît totalement qu'au zéro absolu). Des satellites tels qu'Early Bird ou les engins Intelsat 2 qui lui ont succédé offrent, par exemple, un beaucoup plus grand nombre de voies avec des antennes de 26 m que s'ils étaient couplés à des antennes de 9 m seulement. Or, ce problème est évidemment à la fois technique et économique : une station de 26 m coûte 20 millions, une antenne de 9 m n'en coûte que 4.

Augmenter la puissance

Pour augmenter la puissance reçue à terre sans accroître le diamètre des antennes, on peut aussi soit diminuer l'ouverture angulaire des faisceaux rayonnes par le satellite, ce qui diminue la zone géographique couverte, soit augmenter la puissance d'émission.