Désarmement

Les difficultés de la conférence de Genève

La signature, le 27 janvier 1967, d'un accord sur l'utilisation pacifique de l'espace et des corps célestes — qui n'engage effectivement que l'URSS et les États-Unis — traduit mal l'état des négociations internationales en cours sur tous les problèmes de désarmement.

Dès le mois de février, à la reprise de la Conférence internationale de Genève consacrée au problème (première séance, le 16 mars 1962), il apparut, en effet, nettement qu'il serait long et difficile de parvenir à un accord sur l'interdiction de la prolifération des armes nucléaires. Ce projet, dont le principe a été accepté aussi bien par Moscou que par Washington, devrait, en fait, compléter l'accord signé à Moscou, au mois d'août 1963, sur l'interdiction des expériences atomiques aussi bien dans l'eau, dans l'atmosphère que dans l'espace (à l'exception des expériences souterraines).

Les objections à la conclusion d'un accord international par lequel les signataires s'engageraient soit à ne pas tenter d'entrer dans le club nucléaire, soit à ne pas aider un autre pays à entrer dans cette communauté restreinte (États-Unis, URSS, Grande-Bretagne, Chine et France), ne sont ni le fait des Soviétiques ni celui des Américains. Ce sont, au contraire, les pays ne disposant d'aucun armement nucléaire qui s'inquiètent de ce qu'ils appellent « le jeu des superpuissances ».

L'attitude française

Depuis longtemps, la France a montré la voie, puisqu'elle a commencé à se doter d'une force de frappe atomique, puisqu'elle a refusé de signer le traité de Moscou de 1963, puisqu'elle a déjà fait savoir qu'elle ne signerait pas le traité de non-dissémination et qu'elle ne prend plus part aux travaux de la conférence de Genève, dont les membres ne sont plus que 17 depuis sa défection.

Bien que simple observatrice à Genève, c'est l'Allemagne fédérale qui a mené la campagne d'objections au projet de traité de non-prolifération. Ses arguments sont de même nature que ceux de pays comme l'Italie, l'Inde, le Pakistan et, à des degrés moindres, le Canada, le Brésil, la Suède.

Tous ces pays reprochent aux deux superpuissances de vouloir interdire à d'autres nations ce qu'elles pratiquent elles-mêmes. Tous font également valoir que renoncer à un programme nucléaire militaire peut avoir de graves conséquences au niveau de la recherche scientifique et ne peut donc qu'aggraver encore le fossé technologique qui sépare les géants des moyennes puissances.

Problèmes du contrôle

Ces arguments sont particulièrement repris en Allemagne de l'Ouest, où l'on estime qu'un tel traité ne devrait pas engager une éventuelle Europe unie et où on remarque que la France, de toute façon, se trouvera privilégiée, du fait de son opposition fondamentale à toute renonciation. Toujours en Europe, plusieurs gouvernements voudraient, d'autre part, voir confier à l'Euratom — l'agence atomique des Six — le soin de procéder aux contrôles prévus par le projet de traité, alors que les Russes et les Américains envisagent de confier cette tâche à l'Agence atomique internationale de Vienne.

L'Inde, pour sa part, se refuse à signer tant qu'elle n'aura pas reçu des garanties très précises contre une éventuelle attaque nucléaire chinoise. Ce n'est pas l'explosion, au mois de juin, de la première bombe à hydrogène chinoise qui a levé ces objections. Pékin, de son côté, est opposé à toute idée de désarmement partiel, dans laquelle il ne voit qu'une preuve supplémentaire de « la collusion soviéto-américaine ».

Tel était l'état de la question à la fin du premier semestre 1967, peu avant la rencontre de L. B. Johnson et Kossyguine à Glassboro. Les points de vue étaient tellement opposés entre Américains et Allemands de l'Ouest qu'il avait fallu suspendre les travaux de Genève pour six semaines (avril et mai), tandis que le vice-président américain, Hubert Humphrey, faisait en grande partie le voyage de Bonn pour tenter de triompher des préventions allemandes. Même si Johnson et Kossyguine ont réaffirmé à Glassboro leur volonté de voir intervenir un accord sur la non-prolifération, de nombreux obstacles demeuraient donc du côté des alliés des États-Unis, sans compter les difficultés existant entre les États-Unis et l'Union soviétique pour la mise au point des modalités techniques du contrôle de l'accord.

Missiles anti-missiles

Mais dès 1966 était apparu un autre sujet de négociations entre Russes et Américains : il s'agit des missiles anti-missiles, chargés d'intercepter et de détruire les fusées à charges nucléaires que pourrait lancer un éventuel agresseur.