Si les exportations furent rendues plus difficiles, ce n'est pas qu'elles soient devenues moins compétitives sur le plan des prix. C'est parce que nos principaux clients s'enfonçaient à leur tour, à des degrés divers, dans une conjoncture déprimée, situation d'où sortait l'économie française. Ils étaient poussés à devenir plus entreprenants à l'exportation vers le marché français notamment qui, lui, retrouvait vigueur.
L'Italie fait exception
Les sérieuses difficultés économiques de l'Allemagne fédérale — notre premier partenaire commercial dans le monde — pèseront pour beaucoup dans l'expansion de nos ventes, de même que l'infléchissement du rythme d'accroissement de l'activité américaine et néerlandaise, la poursuite du profond marasme britannique ou la stagnation du marché helvétique.
Parmi nos voisins européens, seule l'Italie fera exception, la courbe de son économie accusant un profil fortement ascendant.
Il faut ajouter que certains autres éléments sont venus contrarier l'équilibre des échanges extérieurs français.
Il en a été ainsi de la moins bonne récolte céréalière, qui devait affecter sensiblement en baisse les livraisons de céréales dès la nouvelle campagne. Il en a été de même pour les fruits et légumes. Il y eut également les fluctuations en hausse des cours des matières premières (cuivre surtout et laine).
Parmi les pays fournisseurs dont les ventes en 1966 vers la France ont notamment le plus profité de son expansion retrouvée, il y a, bien entendu, les pays du Marché commun, leur part dans les importations totales françaises (pays hors zone franc et zone franc réunis) ayant représenté 40,9 % (contre 38,8 % en 1965 et 26,8 % en 1959).
De l'ensemble de ses cinq partenaires de la CEE, la France a importé pour 23 982 millions de francs de marchandises, soit 20,9 % de plus qu'en 1965. La palme revient à l'Italie (+ 30,9 %), dont les ventes de voitures et de textiles se sont particulièrement mises en vedette, suivie par l'Union économique belgo-luxembourgeoise (+ 20,6 %), l'Allemagne fédérale (+ 19,6 %) et les Pays-Bas (+ 12,4 %).
Des Sept de l'Association européenne de libre-échange (ils contribuèrent pour 11,1 % dans les importations), en se chiffrant à 6 548 millions de francs, les importations progressaient de 15,2 %.
Achats en Chine : + 23,1 %
Avec les États-Unis (10,1 % des importations), les achats augmentaient de 10,3 % et s'établissaient à 5 924 millions de francs.
Les importations en provenance d'autres pays devaient faire de notables bonds en avant : d'Espagne (+ 28 %), du Japon (+ 31 %), de Chine populaire (+ 23,1 %), par exemple.
La montée sensible des achats (+ 27,8 %) dans les pays de l'Europe de l'Est membres du Comecon est à noter. Ils se sont élevés à 1 716 millions de francs. La progression s'est portée, en particulier, sur les chevaux de boucherie et les viandes, les produits pétroliers, les bois et pâtes à papier, le coton, les produits chimiques, certains matériels d'équipement.
Un rapide examen
Quant aux importations en provenance de la zone franc (7 813 millions de francs), leur part dans l'ensemble des importations s'amenuisait encore pour descendre à 13,3 % (contre 14,8 % en 1965 et 24,2 % en 1959). Elles ne s'accroissaient globalement que de 3,6 %.
Un rapide examen, par grandes classes de produits, des importations originaires des pays hors zone franc en 1966, met en relief la forte poussée des matières premières (+ 23,5 %) et, à l'intérieur de la rubrique, singulièrement des non-ferreux (+ 44 %), celle des demi-produits (+ 20,2 %), des biens d'équipement (+ 16,1 %), provoquée par le redémarrage des investissements productifs que favorisait la déduction fiscale spéciale de 10 % instituée par la loi du 18 mai 1966, celle des biens de consommation (+ 26,6 %).
En revanche, la progression des importations de produits agricoles et alimentaires demeurait normale (+ 8,5 %) ; celle des produits énergétiques était globalement modérée (+ 4,5 %), les achats de combustibles solides diminuant de 13 %, ceux de pétrole et dérivés augmentant de 12 %.