La mode
Couleurs et formes, tout change très vite
La mode 67 ne peut pas vraiment se taxer de révolutionnaire. Elle ne fait que confirmer les tendances qui ont précédé. Elle les affirme, leur permet de s'épanouir. Du style petit soldat au style ceinturé en passant par la ligne corolle, il y a un lien étroit que ne brise aucune cassure nette, aucune rupture éclatante, aucune bombe explosive comme le fut le new look autrefois.
La nouveauté réelle, sensible, c'est la rapidité avec laquelle la mode change. Aujourd'hui, en moins de deux ans, une mode est tout à fait démodée ! C'est le reflet d'une époque. Celle de l'atome et des voyages interplanétaires, époque où tout va trop vite, où tout devient une soif insatiable de nouveauté !
Cette mode qui évolue aussi rapidement est un phénomène déroutant pour les femmes. Une saison c'est : « Portez du rouge haute tension, de l'orange, du jaune, des couleurs phosphorescentes. » Quelques mois plus tard, on ne jure que par le noir ou le marron tête-de-nègre...
Entre la haute couture de grand luxe et la confection industrielle, bon marché, quelquefois vulgaire, où se trouve désormais la véritable élégance, celle du vêtement pensé et étudié avec soin ?
Un style simple et décontracté pour l'automne et l'hiver
La mode hiver 66 donne à la femme, dans sa tenue de tous les jours, une allure sport, décontractée, presque désinvolte. Le soin tout particulier apporté au choix des accessoires qui accompagnent la toilette lui procure néanmoins un certain côté piquant. Le soir, en revanche, tout est mis à profit pour satisfaire le désir de briller et d'éblouir.
La mode d'hiver ramène la ratine bien oubliée, mais dans des coloris beaucoup plus ensoleillés que jadis. Cependant, les tissus secs tiennent une place importante dans la confection : on porte beaucoup de robes et de manteaux en drap, et même en bure, tandis que le classique shetland garde des partisans. Le jersey fait fureur pour les robes et les ensembles.
La course au succès
La cote de la flanelle grise remonte en flèche. Le soir, les robes habillées sont en crêpe souple et mat, souvent somptueusement brodé de paillettes. On voit apparaître aussi le velours noir éclairé d'organdi blanc, dont la faveur souligne le retour au romantisme, qui gagne la mode.
Tout est chaudement coloré. On voit le rouge haute tension, le violet, qui claquent dans la rue et les vitrines, mais on voit également des couleurs plus effacées, plus classiques : le noir, le gris flanelle ou le marron, qui se disputent la course du succès. Le blanc, grand favori de l'hiver précédent, est par contre complètement dépassé. L'argent est le grand maître.
Du matin au soir, un délire
L'argent, c'est la mode. La grande vogue. On pourrait dire l'intoxication ; argent du matin au soir, des chaussures au chapeau. Argent partout !
Il s'empare de tous les tissus, devient tricot, jersey, se marie au velours, à la flanelle grise même ; c'est un délire d'argent en robe, en mini-jupe, en pantalon du soir, en pull-over tricoté. Il est de toutes les fêtes (dans les grands magasins : une robe en tricot à partir de 100 F, en tissu argent à 89 F, une minijupe à 85 F...).
On le retrouve même dans les dessous féminins ! Pour les fabricants, c'est une révélation en or (un combiné, 185 F ; un panty, 110 F ; un soutien-gorge, 59 F). Les accessoires n'échappent pas à cette épidémie : bottes, mules, sac à bandoulière (50 F), escarpins (80 F), fichus (20 F), résilles, bérets, bas (3,95 F).
Les femmes, pratiquement, ne portent plus de tailleurs. C'est l'année du manteau. Il y a le manteau de petit soldat, coupé près du corps, ceinturé, taillé dans ces tissus anglais, shetland ou chevrons chinés aux coloris brumeux. Il y a aussi le nouveau manteau qui garde la carrure étroite de ses prédécesseurs, mais qui, en même temps, prend de l'ampleur. Il s'évase sur les côtés, s'envole, tourbillonne autour de la silhouette corolle. Boutonné dans le dos, cachant une robe identique en dessous, on l'appelle le manteau-robe. Fermée devant, montante, à longues manches, c'est la robe-manteau, best-seller de la saison, portée dans la rue ou chez soi. Ces formules nouvelles, parmi lesquelles on a parfois du mal à se retrouver, n'ont pas empêché, après cinq ans d'oubli, le retour de la cape : cape du jour ou cape du soir. Le grand chic est de la dénicher aux Puces ou de la choisir dans les magasins spécialisés dans la vente d'uniformes (infirmières, scouts...).