À Firminy a été inaugurée, au début de 1967, la maison de la Culture, qui est l'une des dernières œuvres de Le Corbusier : édifice massif, expressionniste, en gros béton brut, et dont l'achèvement avait été retardé par un grave accident technique survenu en 1964.

Une des plus grandes réussites de l'année, en Grande-Bretagne, est le club-house de l'université de Durham, par the Architect's Copartnership : c'est encore un témoignage du brutalisme, et dans les pans de verre ondulatoires et l'insertion directe de la glace dans le béton on lit l'influence de Le Corbusier.

Influence de Le Corbusier

Aux États-Unis, Louis Kahn achève ses dortoirs de l'université de Philadelphie. John M. Johansen construit la bibliothèque de l'université de Clark : manifeste de l'action architecture, avec des éléments liés à un même noyau, mais dont les formes expressives traduisent les fonctions diverses et qui semblent ainsi chacun doués d'autonomie.

Louis Kahn, également, a achevé à Ahmedabad, centre textile des Indes déjà illustré par Le Corbusier, une partie du Business Institute, grand ensemble universitaire dont il a assumé la conception. Autour d'un bâtiment éducatif massif et polyvalent, semblable à une forteresse, il a choisi de grouper 18 dortoirs, dont la façade extérieure ouvre sur un lac. Une partie des dortoirs est achevée. Matériaux : brique et béton (l'usage du béton étant limité aux fondations et aux dalles de planchers).

À Duisburg (Allemagne fédérale) a été inauguré le musée Lehmbruck (construit par le fils du célèbre sculpteur), qui apporte une des plus élégantes contributions au problème de l'éclairage muséographique.

Conservation des édifices

Des mesures définitives de conservation et remise en état ont été prises pour les deux plus célèbres édifices-manifestes de l'avant-guerre : la maison Savoye de Le Corbusier et le Bauhaus à Dessau de Gropius.

Le gouvernement anglais, pour sa part, a confié à l'un de ses secrétaires d'État une mission d'étude pour analyser les méthodes de classement et de conservation des édifices privés de valeur historique pratiquées en France.

La conférence des maires des États-Unis a soumis au président Johnson un programme pour la conservation des monuments et lieux d'importance historique. Ce rapport, financé par la fondation Ford (intitulé With Heritage so Rich), prévoit notamment des prêts fédéraux et des dégrèvements d'impôts pour les propriétaires d'édifices classés : suggestion qui pourrait être retenue par d'autres pays.

L'Opéra de Sydney

Enfin, on a pu espérer, cette année, entrevoir l'achèvement de l'Opéra de Sydney, l'édifice qui aura fait couler le plus d'encre en 1966. On se rappelle qu'une compétition internationale lancée en 1957 pour la construction de cet édifice avait été gagnée par l'architecte scandinave Jorn Utzon. Progressant par la méthode des essais et erreurs à l'échelle grandeur, l'édifice était aux trois quarts achevé lorsqu'en février 1966 Utzon donnait sa démission. C'était la fin d'une tension de quatre ans entre l'architecte et le gouvernement australien, qui s'était inquiété :
a) du dépassement des devis, les dépenses ayant passé de 9 à 49 millions de dollars ;
b) d'un rapport de l'ingénieur Ove Arup concluant à l'impossibilité structurelle de construire les plafonds acoustiques dessinés par l'architecte. Utzon, refusant ces conclusions et réclamant de nouveaux crédits, a préféré donner sa démission.

À travers le monde, les architectes (de Kahn à Jacobsen) se sont émus et ont durant tout l'été 1966 lancé des pétitions en faveur de Utzon. Une équipe de quatre architectes australiens a été désignée pour achever les travaux avec la collaboration de Ove Arup.

– Le grand prix du Cercle d'études architecturales a été décerné à l'Atelier collectif d'urbanisme de Moscou.

– L'église du Raincy, d'Auguste Perret, a été classée monument historique (classement pour 1966).

– Le congrès mondial de l'Union internationale des architectes a choisi pour thème de son congrès (Prague 28 juin-8 juillet 1967) l'Architecture et le milieu humain.