Urbanisme

L'urbanisme a désormais droit de cité

Les douze derniers mois continuent de témoigner de l'importance croissante prise à travers le monde par les problèmes urbains et de l'attention croissante dont ils font l'objet.

Des campagnes ont été menées pour la création de villes nouvelles, équilibrées et à forte densité démographique. En Grande-Bretagne, le gouvernement préconise une deuxième génération de new towns qui ne soient plus des villes-satellites, et dont la population se chiffre par centaines de milliers et non plus par dizaines de milliers. Aux États-Unis, le projet, actuellement en cours de réalisation, de soixante-dix villes nouvelles (qui sont en réalité des communautés suburbaines) s'est vu opposer un projet portant sur vingt-cinq cités moléculaires pouvant atteindre le million d'habitants, et à construire ex nihilo pour 1995.

En France, sous l'impulsion du District de Paris, la politique des grands ensembles a été radicalement critiquée au profit de la notion de ville nouvelle.

Planifier à long terme

Toujours davantage, les problèmes urbains ont été envisagés en liaison avec l'Aménagement du territoire et intégrés dans une planification à long terme (le District de Paris, comme la New York Regional Plan Association, travaillent pour l'an 2000, sur la base d'hypothèses démographiques précises : passage de 8,5 à 14 millions d'habitants dans un cas et de 18,9 à 30 millions dans l'autre).

Les expériences d'aménagement urbain sont mises en commun : premier Congrès mondial des transports urbains (Pittsburgh, USA, février 1966) ; congrès d'urbanisme franco-soviétique (Paris, octobre 1966) ; jumelage de villes nouvelles françaises et anglaises (automne 1966).

L'aménagement urbain, peu à peu, conquiert ses dimensions légitimes. Exemple : à l'Urban America Conference de 1966, le spécialiste anglais des transports, J. Buchanan, se fait entendre au même titre que l'économiste J. Galbraith ou le psychiatre L. Duhl. Symbole : en automne 1966, l'université de New York crée pour Margaret Mead la chaire d'anthropologie urbaine, afin d'étudier comment la ville affecte le développement entier de l'être humain.

Les mass-media contribuent à alerter l'opinion publique. En France, où la littérature consacrée à l'urbanisme est moins abondante que dans les pays anglo-saxons, un événement : la publication en livre de poche (août 1966) du Schéma directeur de la région parisienne et de ses annexes.

La ville devient également une vedette de la télévision : en Grande-Bretagne, le critique John Donat s'attaque à la théorie dans un programme de dix émissions (printemps 1966). En France, Roger Louis interroge les Sarcellois et pose les problèmes de Toulouse-Le Mirail (hiver 1967).

Agglomérations futures

À la politique d'urgence des grands ensembles succède une stratégie de grande envergure qui refuse de dissocier la planification urbaine de l'aménagement général du territoire.

La politique des régions est symbolisée par la création des CODER et des nouvelles communautés urbaines (Bordeaux, Lille, Lyon, Strasbourg).

Le schéma directeur de la région parisienne, après avoir été critiqué puis adopté, devient une sorte de modèle pour l'urbanisation des autres régions. Cette procédure est adoptée au niveau des OREAM.

Pour l'élaboration des villes équilibrées que les responsables cherchent à créer, deux concepts directeurs :
au niveau de la conception, l'équipe pluridisciplinaire, qui, comme son nom l'indique, fait collaborer étroitement des spécialistes venus de disciplines différentes et complémentaires (architecte, ingénieur, géographe, sociologue, économiste, juriste, psychologue) ;
au niveau de la réalisation, le cœur de ville ou centre vital de l'agglomération urbaine, qui comprend les édifices et espaces publics et doit être entrepris en premier, avant les logements, contrairement à l'habitude dans les grands ensembles, où l'équipement suit le logement.