Depuis plusieurs années déjà, Sihanouk était obligé de faire face à une opposition de droite, les Khmers libres, réfugiés en Thaïlande. Depuis, en dépit de son hostilité à l'intervention américaine au Viêt-nam, il est obligé de tenir compte d'une opposition d'extrême gauche les Khmers rouges, qui ont provoqué en avril 1967 de sérieux incidents à la frontière thaïlandaise.
La popularité de Sihanouk et son habileté politique auprès des grandes puissances permettent de penser qu'il n'est pas menacé et qu'il continuera à maintenir son pays à l'écart des tensions du Sud-Est asiatique. Pour plus de précautions, le chef de l'État a pris lui-même la direction d'un « gouvernement d'exception » provisoire, propre à riposter à l'action des Khmers rouges, dénommés « Khmers vietminhs » par le chef de l'État.
Ceylan
(63) : 10 624 507. 167. 2,6 %. Consomm. énergie : 98 kg e.c.
Transports. Rail : 2 351 M pass./km, 328 M t/km. Parc autos : *82 600 + 35 700. Aviat. civ. : 51 468 000 pass./km.
Information. Journaux : 11 quotidiens ; tirage global : 382 000. Récepteurs radio (62) : 406 000. Cinéma (63) : 130 salles ; fréquentation : 35 M. Postes téléphone : 41 791.
Santé (62). 2 250 médecins.
Éducation. Prim. et sec. : 2 611 227. Sup. : 9 925.
Institutions. État indépendant le 4 février 1948. Constitution de 1947. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : William Gopallawa. Premier ministre : Dudley Senanayake.
Chine
(*53) : 582 603 417. 72. 1,5 %.
Transports. Rail (59) : 45 670 M pass./km, 265 260 M t/km. Mar. march. : 551 000 tjb.
Information. Journaux (55) : 392 quotidiens ; tirage global : 12 M. Récepteurs radio (63) : 800 000. Téléviseurs : *100 000. Cinéma (60) : 1 200 salles ; fréquentation : 4 MM.
Éducation (59). Prim. : 90 000 000. Sec. et techn. : 999 000. Sup. : 810 000.
Institutions. République populaire, proclamée le 1er octobre 1949. Constitution de 1954. Président de la République : Liu Shao-chi. Premier ministre : Chou En-lai. Président du Comité central du parti : Mao Tsé-toung. Parti unique : parti communiste.
Le grand tournant de la révolution culturelle
Pour l'Occident mal informé, la Révolution culturelle est née d'un coup de chaleur de l'été 1966. Pour Mao Tsé-toung, c'est une épreuve de vérité longuement préparée. Sans doute depuis sa fausse retraite de 1958. Alors, surprenant tout le monde, il abandonne le pouvoir aux seigneurs du régime fondé depuis dix ans seulement. Dont Liu Shao-chi, qui devient président de la République à sa place. Malgré tout, il garde symboliquement la présidence du parti et pousse vers le ministère de la Défense un jeune maréchal, fidèle à la vareuse chiffonnée et aux chaussons à semelles de feutre : Lin Piao. Il peut aussi compter sur le Premier ministre, Chou En-lai.
Après sept ans de retraite consacrés à retrouver le droit fil de la Révolution perdu par l'équipe dirigeante qu'il a laissée s'user, Mao croit qu'il est temps de frapper un grand coup. En septembre 1965, il réclame au Comité central une offensive générale contre les bourgeois réactionnaires et les révisionnistes. Trop tôt, sans doute, car il se heurte à Liu Shao-chi, Teng Hsiao-ping (secrétaire général du parti), Peng Chen (premier secrétaire pour la région de Pékin et maire de la ville), qui cherchent à le mettre en minorité.
Critique et autocritique
Le clan s'est démasqué, mais, avant de l'abattre, Mao doit opérer un nouveau repli stratégique. En novembre, il quitte même Pékin, fief de Peng Chen, pour Changhai, d'où il ne reviendra que huit mois plus tard. Auparavant, il agit par personnes interposées. D'une part, Lin Piao publie, dès octobre, un article préparant les esprits à une guerre inévitable et, le mois suivant, les cinq principes d'une politique à laquelle l'armée doit se mêler intimement.
En novembre, l'offensive s'amorce contre l'objectif le plus facile, le ventre mou du régime : les intellectuels, éternels boucs émissaires. À Changhai — retraite de Mao, justement —, une revue littéraire frappe le premier coup de gong de la bataille. Elle critique les allusions claires à l'échec des communes populaires contenues dans un opéra de Wu Han joué en 1961. La cible est donc choisie depuis 4 ans.