dent (suite)
Pathologie
Accidents d’éruption ou de dentition
Ces accidents peuvent se manifester au moment de l’éruption des dents de lait ou des dents de sagesse inférieures. Ils sont occasionnés par une infection de la cavité péricoronaire par pénétration de germes pathogènes. Les accidents locaux sont objectivés par une salivation exagérée, le prurit dentaire, une gingivite. L’éruption pathologique des dents lactéales provoque fréquemment des troubles-réflexes à distance régionaux (rougeur de la face, écoulement séreux des fosses nasales, parfois otite), ou généraux (perte d’appétit, agitation, cris, insomnie, vomissements, diarrhée, poussée fébrile). On a beaucoup exagéré l’importance de ces troubles, mais il ne faut pas les méconnaître, car le nerf trijumeau (nerf sensitif des dents) est particulièrement réflexogène et susceptible de provoquer, à la suite d’irritations répétées, des accidents à distance. L’évolution des dents permanentes se fait en général sans histoire. Ce n’est qu’à partir de l’âge de dix-huit ans, âge d’évolution des dents de sagesse, que l’on peut assez souvent observer des accidents locaux plus ou moins graves, surtout au niveau des dents de sagesse inférieures ; les accidents généraux sont, dans ce cas, assez rares. Les accidents de la dent de sagesse inférieure sont occasionnés par :
a) l’obliquité de l’axe d’éruption, qui fait buter la dent de sagesse contre la deuxième molaire inférieure ;
b) l’espace rétromolaire compris entre la face postérieure de la dent de sagesse et la branche montante du maxillaire, ou bien dans la fibromuqueuse allant du fond du vestibule au pilier antérieur de l’amygdale.
Ces accidents péricoronaires peuvent être muqueux (stomatites) ou cellulaires (par diffusion de la péricoronarite suppurée), occasionnant des phlegmons qui peuvent avoir une gravité exceptionnelle, car ce sont souvent des phlegmons gangréneux susceptibles d’atteindre le plancher buccal (phlegmon de Gensoul) ; ils peuvent être aussi musculaires (trismus des maxillaires), ganglionnaires (adénophlegmons), osseux (ostéophlegmons), nerveux (névralgies faciales).
Le traitement de ces accidents de la dentition va, selon leur gravité, des soins locaux jusqu’aux interventions chirurgicales avec ablation de la dent de sagesse.
Les caries dentaires
Ce sont des altérations spéciales de la dent, caractérisées par leur progression de la périphérie au centre sous l’influence agressive du milieu buccal chimique et microbien. La gravité de la carie est proportionnelle à son extension à travers les tissus de la dent ; la carie peut entraîner une destruction plus ou moins rapide de l’organe.
La carie de l’émail est révélée par l’examen à la sonde et se caractérise par une rugosité dépourvue de sensibilité ; elle a un aspect brunâtre au niveau des anfractuosités et un aspect blanchâtre au niveau des surfaces lisses. Lorsque la lésion carieuse devient plus profonde et atteint la dentine de la dent, celle-ci devient sensible aux variations thermiques, à la chaleur et plus encore au froid, aux aliments sucrés.
Le traitement doit être à la fois préventif et curatif. La prévention des caries dentaires est réalisée par une hygiène bucco-dentaire rigoureuse (brossages au moins biquotidiens), l’administration de fluor, le dépistage systématique à partir de l’âge de trois ans par des examens tous les six mois.
Le traitement curatif local, lorsqu’il est précoce et bien exécuté, assure dans la plupart des cas la guérison.
Toute la dentine malade est excisée, d’abord à la fraise, puis ensuite à l’aide d’instruments en forme de curettes allongées appelées excavateurs. Puis le praticien effectue une taille de la cavité selon des règles précises, afin d’assurer une extension prophylactique contre la reprise éventuelle du processus carieux et la stabilité de l’obturation. La préparation est alors lavée et désinfectée avec des solutions antiseptiques non cytotoxiques. La reconstitution des tissus manquants, émail et dentine, termine l’acte opératoire. Elle peut être effectuée selon le cas à l’aide d’amalgame d’argent, de ciments translucides ou de silicates comprenant un mélange de silice et d’alumine, de produits composites contenant des fibres de quartz, d’incrustations d’or platiné, ou inlays, de céramiques, etc.
Complications dentaires et dento-maxillaires des caries
Non traitée, la carie continue son travail de destruction et devient carie pénétrante ; elle commence alors l’attaque de la pulpe, qui est suivie de phénomènes inflammatoires et infectieux : les pulpites. À ce stade, le caractère des douleurs se modifie. Les douleurs uniquement provoquées de la carie dentaire se transforment en douleurs spontanées irradiées, intermittentes, déclenchées et accrues par les variations thermiques et la position couchée. À cette pulpite séreuse, congestive, hyperhémique, fait suite une pulpite suppurée, ou pulpite aiguë, purulente. Les douleurs pulsatiles sont surtout nocturnes, et les irradiations sont très fortes ; il existe un certain degré d’arthrite caractérisé par une douleur à la percussion axiale de la dent atteinte.
La nécrose totale de la pulpe est l’aboutissement des formes précédentes ; aseptique, elle est occasionnée par un traumatisme qui entraîne la section du pédicule vasculo-nerveux ; septique, c’est la gangrène pulpaire avec association de microbes aérobies et anaérobies, donnant une odeur caractéristique, fétide et ammoniacale. Le foyer infectieux dentaire passe ensuite à l’apex, ou extrémité de la racine, et s’étend à son pourtour, ou région périapicale, pour occasionner des phénomènes infectieux aigus (monoarthrite infectieuse, collections suppurées, ostéophlegmons) ou chroniques : granulomes (manifestations tumorales bénignes du tissu conjonctif et épithélial de la région périapicale) ou kystes. Ces kystes évoluent assez lentement, sans symptômes douloureux tant qu’ils ne s’infectent pas ; ils se développent en résorbant le tissu osseux du maxillaire et peuvent atteindre un volume considérable, analogue à celui d’un œuf de poule.
Le traitement des pulpites consiste le plus souvent en une ablation de la pulpe, ou pulpectomie, suivie d’une désinfection très soigneuse de la chambre pulpaire et des canaux radiculaires.