Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Charles X (suite)

Le lundi 26 juillet, l’agitation n’inquiète pas Saint-Cloud. Le mardi, l’émeute le prend de court. Le mercredi, l’insurrection est maîtresse de la moitié de Paris. Le roi, après avoir d’abord dédaigné les négociations, réalise au soir du jeudi 29 l’ampleur du drame. Il annule les ordonnances et constitue un nouveau cabinet présidé par le duc de Mortemart, ambassadeur à Saint-Pétersbourg. Trop tard. Le vendredi 30, le roi n’a plus le pouvoir d’ordonner ; l’intrigue orléaniste triomphe et fait écarter ce ministère de la dernière chance. Charles X, isolé et menacé, quitte Saint-Cloud pour Trianon, puis Rambouillet. Le samedi 31, la Commission municipale proclame à l’Hôtel de Ville la déchéance du souverain et confie au duc d’Orléans la lieutenance générale, titre dont le roi propose naïvement l’investiture à son cousin. Vain espoir, Orléans refuse. Le lundi 2 août 1830, Charles X abdique en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux. Mais une démonstration armée sur Rambouillet coupe court à une éventuelle régence et oblige le souverain déchu au départ.

Sous la sauvegarde des envoyés du lieutenant général, le dernier Bourbon suit un lent itinéraire d’exil, qui le conduit à Cherbourg, où il s’embarque à destination de l’Angleterre le 16 août 1830. Depuis le 7, Louis-Philippe Ier est roi des Français. Charles X, devenu le comte de Ponthieu, séjourne en Écosse jusqu’en septembre 1832, solitaire et souvent nostalgique. Il aura encore la faiblesse de donner son accord à l’inconséquente équipée de la duchesse de Berry. Établi en Autriche en 1835, à Goritz, aux frontières de la Vénétie, il y meurt du choléra le 6 novembre 1836.

J. L. Y.

➙ Bourbon / France / Louis XVIII / Restauration.

 P. de La Gorce, la Restauration. Charles X (Plon, 1929). / M. de Roux, la Restauration (Fayard, 1930). / E. de Vitrolles, Mémoires (Gallimard, 1950-1952 ; 2 vol.). / G. de Bertier de Sauvigny, la Restauration (Flammarion, 1955 ; nouv. éd., 1963). / J. Vivent, Charles X, dernier roi de France et de Navarre (le Livre contemporain, 1958). / J.-P. Garnier, Charles X, le roi, le proscrit (Fayard, 1967). / J. Cabanis, Charles X, roi ultra (Gallimard, 1972).

Charles Ier

(Dunfermline, Écosse, 1600 - Londres 1649), roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande (1625-1649).


Fils du roi d’Écosse Jacques VI (bientôt Jacques Ier d’Angleterre) et d’Anne de Danemark, Charles Stuart a une enfance difficile et obscure. Son frère aîné, Henri, prince de Galles, éclipse complètement son peu brillant cadet. Lorsque Henri meurt, en 1612, Charles devient l’héritier présomptif des deux royaumes d’Écosse et d’Angleterre : mais ce n’est qu’en 1616 qu’il reçoit le titre de prince de Galles. Timide, Charles se lie pourtant d’amitié avec le favori de son père, George Villiers, duc de Buckingham (1592-1628). C’est à ses côtés qu’il va apparaître au premier plan de la scène politique : Jacques Ier a en effet projeté de marier son fils à l’infante Marie, fille du roi d’Espagne Philippe III. Les négociations traînent en longueur : aussi, pour hâter leur conclusion, Charles et Buckingham se rendent-ils « incognito » à Madrid. Mauvais débuts diplomatiques : le mariage est rompu (1623). Il est extrêmement impopulaire aux yeux d’une opinion anticatholique et qui discerne déjà en l’Espagne l’obstacle à l’essor colonial et maritime de l’Angleterre.

C’est un parti français qui remplace le parti espagnol : Henriette-Marie, fille du roi de France Henri IV, que son catholicisme rend également inquiétant. Mais Jacques Ier étant mort, Charles devient roi en mars 1625. Son mariage avec Henriette-Marie est célébré, peu après le 1er juin, à Canterbury. Le 18 juin se réunit le premier Parlement du règne. D’emblée, le roi se trouve dans une situation délicate : à la suite de son mariage, il a, pour répondre aux engagements pris envers la France, mis fin à toute poursuite contre les catholiques et prêté des vaisseaux à Louis XIII, qui paraît à la veille de s’en servir contre les protestants de La Rochelle. Or, le Parlement — représentant en cela la majeure partie de l’opinion anglaise — veut renforcer la législation anticatholique et faire de l’Angleterre le champion de la cause protestante en Europe. Aussi n’accorde-t-il au roi que de faibles sommes. Le 12 août 1625, le Parlement est dissous.

Charles et Buckingham retrouvent la même opposition dans le deuxième (6 févr. - 15 juin 1626) et dans le troisième Parlement du règne (mars 1628 - mars 1629). Ils se proposent de l’affaiblir par plusieurs moyens : sur le plan international, Charles s’allie avec la Hollande (traité de Southampton), lance ses vaisseaux contre l’Espagne (expédition de Cadix, 1625) ou au secours des protestants de La Rochelle (expédition de l’île de Ré, 1627), sans aucun succès d’ailleurs.

À l’intérieur, il essaie d’intimider ses opposants : il se débarrasse des plus ardents en les nommant shérifs, ce qui rend inéligibles au deuxième Parlement les leaders du premier. D’autres sont arrêtés. Ces méthodes autoritaires, ces défaites navales ne font qu’irriter d’avantage une opposition exacerbée par l’attachement indéfectible du roi à Buckingham et par son attitude religieuse. Si Charles force sa femme à se séparer de sa suite française et catholique, il prend fait et cause pour la tendance « arminienne » au sein de l’Église anglicane. Représentés par des hommes comme Richard Montagu (1577-1641), chapelain du roi, ou William Laud (1573-1645), qui devient en 1633 archevêque de Canterbury, les « arminiens » se refusent à condamner les catholiques, nient la prédestination, vantent la sainteté. Tout ce qui est puritain ou simplement un peu protestant les honnit. Dans ces conditions, l’opposition parlementaire reste inentamable. Elle aboutit à la « Petition of Right », que le roi, toujours pressé par ses besoins d’argent, dont la satisfaction dépend du Parlement, doit accepter le 7 juin 1628. Charles pense pouvoir ajourner le Parlement : mais l’assassinat de Buckingham (23 août 1628) et l’échec de la deuxième expédition à l’île de Ré le forcent à le réunir de nouveau en janvier 1629.