byzantin (Empire) (suite)
On la retrouve dans ces charmantes fioles d’argent conservées à Bobbio et à Monza depuis le viie s., et qui ont contenu de l’huile recueillie dans les martyriums des lieux saints de Palestine. Il y a là des compositions circulaires qui, malgré leur petite taille — quelques centimètres —, évoquent les représentations qui illustraient les absides, sans doute des monuments mêmes où les pèlerins les ont trouvées. On y voit l’adoration des mages, des représentations triomphales de la crucifixion, les saintes femmes au tombeau, l’Ascension aussi, transformée par la présence de la main de Dieu et de la colombe en symbole de la Trinité.
Chaque fois, la composition complexe reste très sûre et expressive, et l’intention théologique est fortement marquée : attitude caractéristique de la Byzance du vie s.
L’architecture après Justinien
On avait certes construit encore au vie s., dans les provinces, quelques basiliques du type traditionnel, avec des toits en charpente : ainsi en Syrie*, ainsi à Ravenne ou à Parenzo (auj. Poreč, Yougoslavie). Néanmoins, la coupole allait très vite s’imposer partout. Mais elle pouvait, dans l’économie du moment, occuper deux places différentes. L’une est religieusement logique : placée immédiatement en avant de l’abside, la coupole forme comme un second et grandiose ciborium au-dessus de l’autel. L’autre est structuralement plus pratique : la coupole se place à une distance presque égale de l’abside et de la porte ouest, c’est-à-dire au-dessus de la nef ; il y a de part et d’autre, quelle qu’en soit la forme, suffisamment de voûtes pour assurer l’équilibre longitudinal. Au nord et au sud, il y a dans chacun des deux cas deux solutions. On peut laisser apparaître le vaisseau transversal ; on peut au contraire le fermer par une colonnade et maintenir à la nef son aspect longitudinal.
Le déplacement de la coupole vers l’ouest a été facilité par le programme des nouveaux martyriums, où il y avait deux lieux de culte : l’autel, devant l’abside ; le tombeau ou le mémorial, au centre du monument. L’exemple le plus probant est la nouvelle église des Saints-Apôtres, à Constantinople, aujourd’hui disparue, mais qu’on peut imaginer, grâce à des descriptions, en regardant Saint-Marc de Venise*, qui est du xie s., et Saint-Jean d’Éphèse, qui date de 565 : églises à cinq et même six coupoles, avec la coupole de l’autel, celle du tombeau central, et d’autres qui assurent l’équilibre structural et esthétique de l’ensemble.
Il en est de même dans une série, nombreuse et dispersée, de monuments où la coupole est placée au centre d’un baldaquin tréflé, préfiguré dès la fin du ive s. à San Lorenzo de Milan, où quatre niches à colonnes contrebutent le carré central. Ce baldaquin peut être placé, comme à Séleucie de Piérie (ve s.) ou à Resafa (Ruṣāfa, Syrie [vie s.]), dans un monument dont les murs en épousent la forme, ou au contraire dressé au centre d’un espace circulaire comme à Ani, en Arménie, où le cercle apparaît à l’extérieur, comme à la cathédrale de Bosra en Syrie (545), où il est au contraire enveloppé d’un carré.
Mais dans bien des cas la coupole est au-dessus de la nef sans raison apparente, par exemple à Koça Kalessi (ou Alahan Monastir), en Asie Mineure. À la basilique de Sofia, elle est encore placée juste devant l’abside, alors qu’une légère saillie des bras du transept confirme l’intention de donner au monument un plan symboliquement cruciforme.
Avec bien des variantes, ce plan paraît avoir été le plus répandu après le vie s., à en juger par le petit nombre d’églises qui nous restent. On retrouve à Ankara, à Nicée des plans où deux colonnes, de part et d’autre, suffisent à donner un aspect basilical à une structure en fait cruciforme. Des monuments comme l’église Mère-de-Dieu-Kyriotissa (auj. Kalender Camii), à Constantinople, ou Sainte-Sophie de Thessalonique laissent au contraire apparaître à l’intérieur le parti cruciforme de la construction. Tous ces monuments avaient une même silhouette, où la coupole émergeait, au centre d’une croix, parmi des toitures basses.
Au-delà du milieu du ixe s., deux nouveaux types de plans vont apparaître et proliférer dans les provinces. Tous deux procèdent d’une disparition presque totale du souvenir de la basilique : on cherche à obtenir une nef plus large, qui va jusqu’aux murs extérieurs sans que les collatéraux viennent la diviser. Et l’édifice, de rectangulaire, tend à devenir carré, si bien sûr on ne tient pas compte de l’abside et de ses dépendances à l’est, du narthex à l’ouest.
Dans le premier plan, la croix inscrite, au lieu d’être limitée par des murs et fortement dessinée, s’atténue en quelque sorte par la substitution, aux angles des murs portant la coupole, de quatre supports isolés, piliers ou colonnes, de faible diamètre : les coupoles, plus petites, ont moins de poids et de poussée. Ainsi à Constantinople, à Bodrum Camii, ainsi dans beaucoup d’églises de Grèce*, des Balkans ou d’Asie Mineure.
En 1040, une église de ce type, consacrée à la Théotokos (Mère de Dieu), a été construite à Saint-Luc en Phocide (Hosios Loukas, près de Delphes) et juxtaposée à une première église, le Katholikon (1020), qui présente précisément l’autre type de plan. Celui-ci procède cette fois d’un carré inscrit au centre d’un bâtiment carré, où la croix n’est plus indiquée que par quatre voûtes semblables qui s’ouvrent au milieu des quatre côtés, vers l’abside, la porte et les murs latéraux. Mais les angles du carré central portent, au lieu de pendentifs, des trompes d’angle qui transforment le carré en octogone. L’octogone passe au cercle grâce à des raccords courbes, et une coupole de plus grande ouverture se trouve disposer, en somme, de douze supports : car rien n’interdit de percer les murs des angles par des portes ou des arcs étroits et très hauts. C’est le cas de l’église du couvent de Dhafni, près d’Athènes (1080), comme des jolies petites églises d’Athènes, la Kapnikaréa ou les Saints-Théodores.