Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Boukharine (Nikolaï Ivanovitch) (suite)

En mars 1937, celui-ci est exclu du parti comme trotskiste. Du 2 au 13 mars 1938, devant le tribunal militaire se déroule le procès où, avec vingt autres militants, il est accusé de haute trahison. Il plaide coupable : tout en niant l’espionnage, le sabotage, le meurtre et la trahison, il admet qu’il a eu « objectivement » une activité contre-révolutionnaire. Condamné à mort, il est exécuté.

G. L.

 P. Knirsch, Die ökonomischen Anschauungen Nikolaj I. Bucharins (Berlin, 1959). / P. Broué, « Introduction » in N. Boukharine et E. Préobrajenski, A. B. C. du communisme (Maspéro, 1963). / G. Haupt et J. J. Marie, les Bolcheviks par eux-mêmes (Maspéro, 1969).

Boulanger (Georges)

Général et homme politique français (Rennes 1837 - Ixelles, Belgique, 1891).


La carrière militaire du général Boulanger ressemble fort à celle des officiers sortis de Saint-Cyr au début du second Empire : il fait les campagnes d’Algérie (1857), d’Italie (1859), de Cochinchine (1862), la guerre franco-prussienne. Il a à son actif 6 blessures. Son ascension est rapide : à trente-quatre ans, Boulanger est lieutenant-colonel et commandeur de la Légion d’honneur. Divisionnaire en 1884, il commande durant un an (1884-85) le corps expéditionnaire en Tunisie. Son ambition dévorante, limitée du côté de l’armée, va se satisfaire, à la faveur des circonstances, dans le domaine politique.


Un ministre « républicain » (1886-1887)

Lorsque Boulanger devient ministre de la Guerre dans le troisième cabinet Freycinet, puis dans le cabinet Goblet (7 janv. 1886 -18 mai 1887), beaucoup de Français sont mécontents du régime : au marasme qui atteint les producteurs et les commerçants s’ajoute une grave crise sociale.

Inquiète de son isolement diplomatique en face de l’Allemagne, lassée de l’instabilité ministérielle et des querelles du Palais-Bourbon, la France est prête à se donner à celui qui lui rendra confiance et prospérité. Boulanger se croira appelé à jouer ce rôle de sauveur ; il se laissera porter par une formidable vague de popularité.

Il a belle prestance ce militaire, mais, pour gouverner la France, il lui faut être lancé. Deux parrains lui mettent le pied à l’étrier : le duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe, le fait nommer général de brigade (1880) ; le chef des radicaux, Georges Clemenceau, son ancien camarade au lycée de Nantes, le propose à Freycinet pour le ministère de la Guerre, non sans s’être assuré de son républicanisme.

Une propagande tapageuse (portraits, images d’Épinal) popularise rapidement la silhouette du « brave général », qui, soucieux de s’attacher l’armée, lance un train de réformes propres à se faire adorer du soldat : port admis de la barbe, assiettes remplaçant la gamelle, guérites tricolores, adoption du fusil Lebel, projet de loi (mai 1886) sur le recrutement dit « des curés sac au dos ».

Pour plaire à la gauche, Boulanger ordonne à la troupe, lors des grèves de Decazeville, de partager « sa soupe et son pain » avec les mineurs, et, peu après, il fait rayer des cadres de l’armée les princes d’Orléans, ses bienfaiteurs.

C’est donc un général républicain que le peuple parisien acclame follement à la revue de Longchamp le 14 juillet 1886. Cet engouement subit de la France pour le général « La Revanche » manque d’ailleurs de provoquer une guerre avec Bismarck. Lors de l’affaire Schnæbelé (avr. 1887), Boulanger présente à la signature de Grévy, qui ne suit pas son bouillant ministre, un ordre mobilisant les troupes de couverture. À peine a-t-il quitté le gouvernement qu’une élection partielle — à laquelle il ne s’est pas présenté — lui donne, à Paris, 39 000 voix (22 mai 1887).

À la Chambre, les groupes s’inquiètent. Le 28 juin, son successeur au ministère de la Guerre, le général Ferron, le nomme commandant du 13e corps à Clermont-Ferrand. Le 8 juillet, une foule cocardière et hystérique envahit la gare de Lyon pour empêcher le départ du « train de César ». Boulanger doit quitter Paris sur une locomotive haut le pied.


À l’assaut de la république (1887-1889)

En novembre 1887, le scandale des décorations éclabousse les modérés. À Jules Grévy, démissionnaire, succède le pâle Sadi Carnot. Une vague d’antiparlementarisme secoue le pays ; le « brave général » va devenir le « syndic des mécontents ».

Autour de Boulanger se constitue un groupe hétéroclite qui va de l’extrême droite bonapartiste, militariste et revancharde (Déroulède, Barrés) à l’extrême gauche radicale (Rochefort, Naquet). Il s’agit d’abattre « le système » et d’établir une république plébiscitaire, voire une monarchie, car le « parti boulangiste », animé par le baron Armand de Mackau (1832-1918), président de l’intergroupe parlementaire de l’Union des droites, reçoit des subsides de la duchesse d’Uzès (1847-1933) et du comte de Paris.

Pour y parvenir, ses partisans présentent Boulanger à chaque élection partielle. En février 1888 paraît la Cocarde, « organe boulangiste », qui lance le programme « Dissolution, Révision, Constituante ». Mis en non-activité (14 mars), le général devient éligible. Successivement, il est « plébiscité » en Dordogne et dans le Nord : c’est ce dernier département qu’il choisit de représenter à la Chambre (4 juin).

Tandis qu’il réclame la révision de la Constitution et la dissolution de l’Assemblée, la frénésie boulangiste déferle sur la France. Le portrait du général est répandu à des milliers d’exemplaires, et trois cent soixante-dix chansons célébreront sa gloire. Le « parti boulangiste » a un nom : le Comité républicain de protestation nationale.

Au Parlement, cependant, Charles Floquet, devenu président du Conseil (3 avr.), s’oppose au « dictateur », avec qui il se bat en duel et qu’il blesse (juill.) ; de son côté, Clemenceau fonde la Société des droits de l’homme pour « combattre la réaction » qu’il a imprudemment réveillée. Le 19 août, Boulanger est élu triomphalement à la fois dans la Somme, la Charente-Inférieure et le Nord : il opte encore pour ce dernier département.