Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Zoulous (suite)

En règle générale, chaque femme cultive un grand champ et un jardin. La charrue est utilisée, mais les labours sont faits par les hommes. Les Zoulous cultivent des légumes (pommes de terre, haricots), des céréales (maïs, sorgho, riz). Le gouvernement sud-africain a essayé de développer des cultures commerciales comme la canne à sucre. Le bétail est conduit sur des pâtures communes, et le soir on le ramène au kraal pour le traire et lui faire passer la nuit. On assiste à une baisse de la production du lait, qui n’est d’ailleurs consommé que comme lait caillé. La coutume du prêt du bétail (ukusisa) existe. L’extension du travail urbain et industriel, le manque de main-d’œuvre qui s’ensuit expliquent la disparition de la division sexuelle du travail. Toutefois, l’organisation collective du travail subsiste pour la construction de huttes ou pour les labourages. Le peu d’importance des échanges traditionnels, la domination des valeurs liées aux troupeaux font dire aux Zoulous à propos des revenus monétaires que « l’argent n’a pas de veaux ».

Les croyances religieuses sont dominées d’une part par des références, un peu vagues, à des êtres suprêmes et de l’autre par un culte des esprits ancestraux assez complexe. Les Zoulous distinguent Unkulunkulu (le vieux, le très vieux), qui est le créateur de toutes choses (on utilise ce terme pour désigner le premier d’une lignée), le paradis ou maître du paradis, du tonnerre et de la pluie, et Inkosazana, la princesse du paradis et fille du premier qui permit la maturation des maïs. Quant aux esprits des ancêtres, ils ont la charge de surveiller leurs descendants. Ils visitent la terre sous la forme d’un serpent et se font connaître dans les rêves, dans les signes prémonitoires et les maladies. Ces affaires sont réglées grâce à des sacrifices de remerciements ou de réparation au cours desquels on tue une bête ; il existe également des spécialistes de la divination, mais la christianisation risque de remettre fondamentalement en cause toutes ces croyances.

J. C.


L’histoire

Le Zoulouland (ou Zululand) est le pays, adossé au Swaziland et au Mozambique, qui a été laissé aux Zoulous après les annexions effectuées par les Blancs en 1840 et 1887. Il a été rattaché au Natal* de 1897 à 1972, date où son autonomie lui a été rendue, en tant que Bantoustan, sous le nom de Kwazulu. Il compte 27 000 km2 et une population d’environ 2 millions d’habitants, dont beaucoup travaillent dans les plantations du Natal et les mines du Transvaal. Malgré sa fertilité naturelle, le pays est surpeuplé et il y règne une grande pauvreté.

S’il est probable que les Bantous* ne dépassent pas le Limpopo au xe s., l’archéologie et divers témoignages montrent qu’ils tiennent les régions situées aux confins de l’Orange et du Transvaal au xie s. (Sothos) et le Natal au plus tard au xive s. (Ngonis). Lorsque, au xvie s., les Portugais s’installent à Lourenço Marques, aux portes du futur Zoulouland, le commerce se développe entre ce centre européen et les zones minières du plateau (Sothos). Cela provoque la différenciation sociale des Ngonis du Nord, qui tiennent cette route, au moment où l’apparition des colons hollandais dans le Sud bloque l’expansion des Bantous.

Les anciens royaumes segmentaires cèdent la place, dans la, seconde moitié du xviiie s., à des États plus importants, dont le contrôle territorial est plus efficace et dont l’organisation militaire se fonde sur une réforme des classes d’âge inspirée des Sothos. C’est le cas des Ngwanes (Swazis), des Ngonis du futur Natal, des Ndwandwés et des Mtetwas du roi Dingiswayo (1807-1818). Parmi les vassaux de ceux-ci se trouve le petit clan des Zoulous, dont le chef a un fils illégitime, Chaka (1786-1828), qui se distingue comme guerrier. Dingiswayo l’impose à la tête de son clan en 1816 et, quand il est tué par les Ndwandwés du roi Zwide, en 1818, Chaka organise la résistance et fonde l’Empire zoulou. En quelques années, il se rend maître du Natal, impose sa suzeraineté aux Ngwanes, et ses armées étendent au loin leurs ravages.

Chaka met une intelligence remarquable au service de sa volonté de domination pour compenser une enfance humiliée qui explique une férocité parfois proche de la folie. Il transforme complètement la société en regroupant toutes les classes de jeunes gens en villages militaires, sièges des « régiments ». Les clans sont ainsi fondus en une nation, et les vaincus vite assimilés. La tactique rénovée rend leur assaut irrésistible (lances à manches courts, attaque « en cornes » visant à exterminer l’ennemi au lieu de le mettre en fuite, comme dans la tradition). Ces méthodes seront adoptées non seulement par ses sujets, mais par ses ennemis.

La formation de l’Empire zoulou a ouvert pour toute l’Afrique du Sud une période de troubles effroyables. La sécession d’éléments zoulous et la fuite des vaincus amènent la destruction des sociétés traditionnelles et la formation de nouveaux États, comme le Lesotho, par une réaction en chaîne qui s’étend jusqu’au désert du Kalahari dans l’Ouest, au Zambèze et même au lac Victoria dans le Nord. Ces remous permettront aux États boers, issus du « Grand Trek » de 1835, de s’installer sans trop de peine.

Cependant, Chaka essaie en vain d’utiliser à son profit les commerçants britanniques qu’il a autorisés à s’installer à Durban en 1824. Il meurt assassiné en 1828 par son demi-frère Dingaan (ou Dingane), qui lui succède.

La nation que Chaka avait forgée va lui survivre, mais non sa grandeur militaire. Dingaan est confronté dès 1837 à l’arrivée des Boers : après avoir fait massacrer en février 1838 Piet Retief, il est écrasé à Bloodriver, le 16 décembre 1838 par les troupes boers d’Andries Pretorius. Après son assassinat en 1840, son frère Mpande (ou Panda) est couronné roi du Zoulouland par les Boers du Natal, auxquels il s’était allié dans leur révolte contre Dingaan. Mpande cède alors aux Boers le vaste pays situé au sud de la rivière Tugela et devient vassal de la nouvelle République boer du Natal, qui, dès 1844, est transformée en colonie britannique. Renonçant à la guerre, Mpande essaie de se faire oublier et obtient l’amitié de l’officier politique du Natal, Theophilus Shepstone. Celui-ci intronise son fils Cetewayo comme roi des Zoulous, en 1873.