Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Z

Zaïre

Anc. Congo belge, puis Congo-Kinshasa, le plus étendu des États d’Afrique noire (2 345 000 km2) et l’un des plus peuplés (25 millions d’habitants [Zaïrois]). Capit. Kinshasa*.
Ses frontières englobent environ les deux tiers du bassin du fleuve Congo (auj. Zaïre), mais l’État ne possède qu’une façade océanique étroite.


Géographie


Les grands traits de la géographie physique et humaine

Le relief donne au Zaïre l’aspect d’un vaste amphithéâtre ouvert en direction du nord-ouest. La partie la plus basse est constituée par une plaine de 750 000 km2, où se sont accumulées d’épaisses couches d’alluvions. Mais celles-ci, en provenance des hauteurs périphériques, ont elles-mêmes subi une certaine érosion. Sur le pourtour, les cours d’eau se sont encaissés, découpant de hautes terrasses allongées dans les interfluves ; vers l’aval, les différences de relief s’atténuent et les crues s’étalent dans des zones marécageuses. Les lacs Tumba et Maï Ndombé semblent le résultat d’un ennoiement récent.

D’épaisses séries de grès d’âge secondaire, en partie masquées par des dépôts tertiaires (système du Kalahari), forment une première auréole dont l’altitude croît vers l’extérieur, passant de 500 à 900 ou 1 000 m selon les endroits. C’est la morphologie de plateaux qui est la plus répandue, mais les rivières ont creusé de profondes vallées, au fond desquelles se succèdent chutes, biefs élargis et rapides. Les terrains précambriens du socle, dont le gauchissement a formé la cuvette congolaise, apparaissent sur la périphérie, où granites et roches métamorphiques donnent de hautes surfaces au relief très mou, qui ont été portées à 1 500 m d’altitude au Katanga (auj. Shaba*). À l’ouest, le style plissé des vieilles chaînes précambriennes se traduit aujourd’hui par un relief appalachien vigoureux, quoique peu élevé, que le Zaïre franchit non sans peine. À l’est enfin, des mouvements tectoniques violents sont à l’origine des fossés profonds où se logent les grands lacs (Mobutu, Idi Amin Dada, Kivu, Tanganyika), des horsts comme le Ruwenzori (5 119 m) et des appareils volcaniques tels que les monts Birunga (Karisimbi : 4 507 m).

Traversée par l’équateur, la république du Zaïre est abondamment arrosée ; elle reçoit presque partout plus de 1 200 mm d’eau par an. Seul le littoral, placé sous l’influence du courant de Benguela, est assez peu humide (800 mm). La zone équatoriale (boucle du Zaïre) se trouve enveloppée par l’isohyète de 1 800 mm, les pluies étant plus fortes encore sur le versant occidental des montagnes de l’Est. Les précipitations se produisent toute l’année, avec une nette recrudescence après les équinoxes (avr.-mai, sept.-oct.). La température moyenne ne s’éloigne guère de 26 °C, et les amplitudes thermiques sont faibles. Avec l’augmentation de la latitude, le régime des pluies se modifie pour devenir nettement tropical. Les totaux pluviométriques décroissent (1 390 mm à Kinshasa, 1 240 mm à Lubumbashi), et une saison sèche de plus en plus longue se dessine : elle dure deux mois dans le Nord, cinq mois à Kolwezi, sept mois à Lubumbashi (avr.-oct.). En même temps, les amplitudes thermiques deviennent très marquées, et l’altitude contribue à un net abaissement des moyennes : 17 °C en juillet à Lubumbashi.

Les caractères climatiques se reflètent directement dans le régime des cours d’eau. Les grands types de formations végétales correspondent dans une large mesure avec les aires climatiques, mais l’homme intervient pour modifier la nature et les limites de ces formations. La grande forêt humide coïncide avec la partie la plus basse de la cuvette. Couvrant un million d’hectares, elle offre des aspects moins monotones qu’on ne l’imagine : l’abondance de certaines essences lui donne localement un visage original. Elle est fréquemment percée de larges clairières herbeuses, sans doute issues de défrichements. Elle se prolonge en galeries étroites le long des cours d’eau, dans le domaine de la savane, là où la saison sèche devient sévère. La savane revêt aussi des aspects multiples : pauvre et basse sur les sols trop perméables ou engorgés, elle s’enrichit ailleurs, se parsème de buissons et d’arbres, et passe même souvent à la forêt claire, qui perd ses feuilles pendant une partie de l’année et connaît des incendies périodiques.

La plus grande partie du Zaïre est peuplée par des hommes appartenant au groupe bantou. Ils s’y sont installés à la suite de migrations dont l’origine est très incertaine (moyen Niger ? lac Tchad ? hauts-plateaux de l’Afrique orientale ?). Ceux qui se sont fixés dans la forêt en imposant leur tutelle aux Pygmées (qui sont encore près de 200 000) ont développé la « civilisation des clairières » (J. Maquet) et adopté une série de plantes nouvelles importées. Dans un milieu peu propice à la formation de sociétés bien structurées, ils sont restés fragmentés en unités peu nombreuses et instables. Au contraire, les régions de savanes plus ou moins boisées qui s’étendent au sud ont permis la naissance de royaumes puissants, bien organisés et stables, dont les souverains se sont succédé pendant plusieurs siècles, avant de connaître disparition ou décadence (royaume du Congo, Empire lounda, royaume louba, royaume kouba, etc.). Ils sont caractéristiques de la « civilisation des greniers ». Les non-Bantous, bien moins nombreux, comprennent des groupes soudanais, d’ailleurs chevauchant les frontières, comme les Ngbakas et les Zandés au nord, les Nilotiques au nord-est.

On manque totalement de données démographiques suivies depuis le recensement général de 1960, et l’on ignore tout des incidences qu’ont pu avoir en ce domaine les luttes sanglantes de la période d’anarchie. D’après des estimations réalisées par les autorités zaïroises, le pays aurait en 1974 environ 25 millions d’habitants.

En raison de son étendue, le Zaïre apparaît cependant comme sous-peuplé, avec une moyenne guère supérieure à 10 habitants au kilomètre carré. Mais l’urbanisation a absorbé une partie de la population des villages, et la densité rurale est inférieure à 7 habitants au kilomètre carré. La répartition des hommes est très inégale : à des zones presque vides (basse cuvette, plateaux du Shaba, Bandundu méridional) s’opposent des régions assez occupées (Bas-Zaïre, basses vallées du Kwilu et du Kasaï, montagnes de l’Est), où quelques secteurs sont même à la limite du surpeuplement relatif.