Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Zagreb

Deuxième ville de Yougoslavie, capit. de la république de Croatie*.


La population de la ville est passée de 100 000 habitants au début de ce siècle à 266 000 après la Seconde Guerre mondiale, à 566 000 au dernier recensement de 1971, en augmentation d’environ un tiers depuis 1961. L’agglomération compte plus de 600 000 habitants.

Position géographique et site sont les deux facteurs de l’extension de la ville. Celle-ci est connue dès le xie s. sur le même emplacement, non loin d’une ville romaine, Andautonia, plus proche de la Save. Les premiers quartiers se situent au croisement de deux routes : la voie nord-sud, qui joint le littoral à la Slavonie ; la route ouest-est, suivant la Save, de Ljubljana à Belgrade. Au débouché des Préalpes Slovènes, à l’entrée d’une voie navigable traçant une large vallée, la Save, au point où la route maritime atteint les pays riches de l’intérieur, Zagreb est au Moyen Âge un marché, un centre d’artisanat et de commerce, de transformation des produits agricoles. Elle sera au xixe s. l’une des premières villes de manufactures dans la péninsule balkanique.

Elle a été, en outre, favorisée par l’histoire. Elle a été à l’abri des incursions turques, même après la prise de Sisak (la première ville en aval sur la Save) par les Ottomans à la fin du xvie s. Elle accrut ainsi son avantage sur Belgrade, devint ville frontière et poste militaire, et aussi, lorsque les Turcs se retirèrent après le traité de Karlowitz (auj. Sremski Karlovci) [1699], un des centres administrant et ravitaillant l’organisation de la Militärgrenze (les « Confins militaires ») ainsi qu’un lieu d’échanges des produits de l’Occident et de l’Orient.

Cette position s’est renforcée : par le percement, dans la seconde moitié du xviiie s., des trois routes marchandes qui menaient à Fiume (auj. Rijeka), alors débouché maritime de l’Autriche-Hongrie, plus spécialement de Budapest ; par l’établissement d’une voie ferrée avec la Slovénie et l’Autriche, avec Fiume et Budapest en 1873, date après laquelle, à partir des ateliers de réparation du chemin de fer, se développa une industrie métallurgique. De nos jours, Zagreb est reliée à Rijeka par une voie ferrée électrifiée et par une route touristique. On envisage la construction d’une seconde route menant directement à Split ainsi que celle de l’oléoduc Adria, qui, passant à proximité de Zagreb, doit atteindre à partir du port de Bakar la ville de Budapest.

Le site est tout aussi remarquable. Au pied d’une montagne de 1 000 m d’altitude, qui domine la plaine de la Save, longtemps marécageuse et inondable, la ville s’allonge sur les premières terrasses et les buttes découpées par des rivières descendant de la Medvednica. Ainsi, elle s’est développée en plusieurs étapes, incluant chaque fois de nouveaux éléments du site. Deux petites collines, Gradec, ou Grič (site de la « ville du bán »), et Kaptol (portant la cathédrale, la « ville de l’évêque »), forment les deux premiers noyaux de la cité médiévale. Puis la ville marchande s’étend au pied des collines dans la direction ouest-est, le long de la voie appelée Ilica (la « rue »). La troisième ville, celle du xixe s., occupe tout l’espace situé entre Ilica et une place centrale (de nos jours, place de la République), d’une part, et la gare et le chemin de fer, d’autre part : avenues se coupant à angles droits, style autrichien des immeubles, c’est la ville bourgeoise. Depuis la Libération, de nouveaux quartiers ont été créés. Au-delà de la voie ferrée, jusqu’à l’autoroute Ljubljana-Belgrade, entre l’autoroute et la Save, les quelques lotissements isolés d’avant guerre ont été submergés par de nouvelles constructions, résidentielles ou administratives. Au-delà de la Save se situent les bâtiments de la Foire, l’Institut maritime et un quartier résidentiel. Sur les pentes du Sljeme, les villas, déjà apparues avant guerre, se sont multipliées : là s’étend l’un des plus beaux quartiers résidentiels de toutes les villes yougoslaves. Enfin, l’extension s’est faite en longueur vers l’ouest (où se situent la majeure partie des usines) et vers l’est.

Les fonctions de la ville dérivent de son histoire et du rôle qu’elle joue dans la Fédération yougoslave. Zagreb est avant tout la capitale de la deuxième république de la Fédération et, à ce titre, concentre les ministères, les organes de planification. La vie culturelle y est intense. La ville est restée le siège de l’Académie yougoslave des sciences et des arts, fondée par Mgr J. J. Strossmayer (1815-1905), d’une université fréquentée par des milliers d’étudiants, de nombreuses maisons d’édition, de studios de cinéma. Elle est un centre d’expositions variées, et ses écoles de peinture et surtout d’architecture sont connues à l’étranger.

Le commerce de détail et de gros s’est alimenté, au cours des deux derniers siècles, des apports autrichiens et israélites, des capitaux de la Double Monarchie. Zagreb est restée la ville à la fois des grands magasins et des boutiques. Le commerce international est symbolisé par la Foire d’automne, qui réunit des centaines d’exposants et qui apparaît l’une des plus actives de l’Europe du Sud-Est.

Enfin, l’industrie compte 140 entreprises importantes, employant plus de 70 000 salariés. La ville a hérité de l’artisanat médiéval et des manufactures des xviiie et xixe s. L’industrie traditionnelle transforme les produits de la campagne : bois, cuir, brasseries, conserveries, industries alimentaires et textiles. Elle s’est développée avec les chemins de fer, point de départ de la branche métallurgique : fabrication de chaudières à vapeur, équipement mécanique, puis matériel électrique avec l’usine Rade Končar, une des plus célèbres de Yougoslavie, occupant plusieurs milliers de salariés. Enfin, les industries modernes, matières plastiques et fibres synthétiques, doivent s’accroître avec l’extension de la pétrochimie de Sisak, atteinte par le nouvel oléoduc. Ces industries sont ravitaillées en électricité, mais aussi en gaz naturel de Slavonie.

Zagreb attire plus de 20 000 salariés à 50 km à la ronde ; un nombre égal originaire de la ville est employé en banlieue. Elle fournit le dixième de la valeur de la production industrielle de la Yougoslavie.

A. B.

➙ Croatie.