Salzbourg (suite)
L’art à Salzbourg
Dominée par la vieille forteresse de Hohensalzburg, la ville possède aussi quelques églises médiévales : celle du vénérable couvent du Nonnberg (fondé vers l’an 700), reconstruite à la fin du xve s., mais qui conserve un ancien chœur des nonnes aux voûtes revêtues de fresques romanes ; la Franziskanerkirche, qui offre les cinq vertigineuses colonnes du rond-point de son chœur (début du xve s.), avec un maître-autel baroque de J. B. Fischer von Erlach et une célèbre Vierge à l’Enfant de Michael Pacher (v. 1435-1498). C’est en fait le baroque, ajouté au souvenir rayonnant de Mozart*, qui fait la réputation artistique de la ville. Il s’est manifesté, sous l’action des princes-archevêques, en trois vagues successives : l’italienne, l’autrichienne et celle qu’ici l’on pourrait appeler, par transposition musicale, la mozartienne.
L’archevêque Wolf Dietrich von Raitenau (1587-1612), prélat plus recommandable par son tempérament et ses connaissances que par ses mœurs, profitant de ce que l’ancienne cathédrale avait brûlé, fit dresser par l’illustre architecte Vincenzo Scamozzi un plan qui ne fut pas exécuté ; et ce fut un autre Italien, Santino Solari, qui éleva de 1614 à 1628 cette première cathédrale italienne en pays germanique, remarquable par l’ampleur de sa coupole octogonale et ses chapelles profondes.
Le centre de la ville fut alors lui-même remodelé, avec ses trois vastes places : celle de la Cathédrale, ornée d’une grande statue de la Vierge, celle de la Résidence et celle du Chapitre, animées par leurs fontaines monumentales à la romaine. Autre décor aquatique : l’abreuvoir de l’écurie de la Cour (Hofstallschwemme), avec sa cavalerie peinte et sculptée. Cette écurie possédait un manège d’hiver et un manège d’été, ce dernier bordé de galeries taillées dans le roc qui se prêtent merveilleusement à l’actuel festival de musique, image de marque de Salzbourg.
Voisine de la cathédrale, la collégiale Sankt Peter, du xiie s., a été profondément transformée une première fois au début du xviie s., puis de nouveau dans la seconde moitié du xviiie. Elle a reçu un revêtement de stucs, de peintures ainsi que des grilles d’un dessin capricieux et élégant. Un émouvant cimetière, dont les galeries s’enfoncent dans le rocher, lui est accolé.
Le prince-archevêque Marcus Sitticus (1612-1619), successeur de Wolf Dietrich, non content de poursuivre les entreprises de celui-ci, créa aux environs immédiats de la ville, à laquelle il était relié par une allée, le petit château de Hellbrunn, dont le parc est, avec ses grottes, ses marionnettes, ses eaux qui jaillissent de toutes parts, un des plus charmants caprices du baroque autrichien.
Une architecture plus solide est celle de Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723), qui construisit dans la vieille ville la Kollegienkirche, église de l’Université, et sur l’autre rive de la Salzach la Dreifaltigkeitskirche. Tout à côté de celle-ci, il ne reste guère du château de Mirabell — encore une création de l’infatigable Wolf Dietrich, transformée par Johann Lukas von Hildebrandt (1668-1745) — qu’un morceau de premier ordre, l’escalier monumental que Georg Raphael Donner (1693-1741) orna de ses ravissants putti sculptés. Quant aux jardins Mirabell, maintes fois transformés, qui occupent l’emplacement d’anciens bastions, ils sont un des charmes de la ville.
Le rococo mozartien ? C’est une musique plus qu’une architecture. Le souvenir du maître se perpétue dans la modeste maison qu’il habita, où sont conservés ses objets familiers, et aussi au « Mozarteum », qui a reçu un trésor d’archives ainsi que le très modeste cabinet de bois où fut écrite la Flûte enchantée.
P. D. C.
F. Fuhrmann, Salzburger Kunststätten (Klagenfurt, 1956). / W. Kudrnofsky, Salzkammergut (Vienne, 1958 ; trad. fr. Salzbourg et ses environs, Marguerat, Lausanne, 1958). / H. Jahn, Salzbourg et Salzkammergut (Innsbruck et SABRI, 1964).