Tristan et Iseut

Tristan et Iseut
Tristan et Iseut

Légende du Moyen Âge, connue par de nombreuses versions, en vers ou en prose, aux xiie et xiiie s.

Tristan et Iseut forment le couple légendaire le plus célèbre en Occident. Leur histoire illustre la force irrésistible de la passion amoureuse, force symbolisée par le philtre qui leur fait braver l'ordre social, et d'abord le mariage. Elle relate les principaux moments de la passion légendaire qui lie le chevalier Tristan et l'épouse de son oncle le roi Marc : le rendez-vous secret épié par le roi, les calomnies des barons et du nain Frocin, Iseut sauvée des lépreux par Tristan, leur fuite dans la forêt du Morrois, leur séparation quand le philtre d'amour cesse d'agir, la vengeance de Tristan contre les barons félons.

Reconstitution et interprétation

Il ne nous reste du xiie s. aucun récit complet en français, et, pour reconstituer l'histoire, l'historien de la littérature, Joseph Bédier, a dû se reporter à diverses versions, plus tardives ou étrangères. D'après le roman incomplet de Béroul, les fragments de Thomas, les récits brefs de Marie de France ou des « folies », on devine à l'origine une inspiration celtique, avec une figure de reine et de fée s'attachant, par un pouvoir magique, l'amour d'un jeune homme, d'abord soucieux de ne pas déshonorer son roi.

La légende française a rapproché une telle histoire des schémas mythiques associés à la figure de Thésée et à celle de Jason. Elle a fait d'Iseut une victime et non plus l'initiatrice de la passion amoureuse. Elle a fait du mari, le roi Marc, une figure énigmatique, partagée entre le désir de vengeance et la colère, le soupçon et l'aveuglement, posant le problème des rapports entre le neveu et l'oncle (père idéal) se partageant la même femme, comme les deux lions rêvés par Iseut. Dès le xiiie s., le Tristan en prose transforme la légende en la mêlant aux aventures de Lancelot et de Palamède et à la quête du Graal. Le romantisme s'est naturellement intéressé au sort des deux amants, valorisant leur fuite loin de la vie sociale, et les moralistes modernes voient dans ce mythe la banale et un peu vulgaire fascination de l'âme occidentale par l'adultère. Le xiie s. était davantage porté à admirer la liberté et à plaindre l'errance du chevalier-jongleur, fidèle malgré tout, et jusqu'à la mort, à celle dont il s'était épris. Fidélité qu'il résume dans un message adressé à Iseut, et dans le symbole de l'union végétale.