courtoisie

(de courtois)

Amour courtois
Amour courtois

Notion clé de la civilisation médiévale élaborée dans les cours seigneuriales et fondée sur une théorie et une pratique raffinées des rapports homme-femme.

La courtoisie est un phénomène de civilisation. Le mot « courtois » dérive de deux mots latins : curtis, qui désigne la demeure noble au centre d’un domaine agricole ; curia, qui est le groupe d’hommes que le chef réunit autour de lui pour prendre conseil. La courtoisie plonge ses racines à la fois dans la seigneurie rurale et la compagnie militaire. La courtoisie est un système social. Elle implique à la fois une gravitation et une exclusion : la noblesse, dont tous les gestes prennent sens et valeur par rapport à la Cour, s’oppose aux « vilains », au monde de la peine et de la brutalité. La courtoisie s’épanouit dans un ordre et une société fermés. Elle joue d’abord le rôle d’une formation continue pour les cadets de famille, les jeunes célibataires sans fief qui vivent en permanence à la cour du seigneur ; elle s’efforce ensuite de donner à la passion adultère les couleurs de l’amour conjugal ; elle masque enfin, derrière l’amour de la Dame, l’amitié virile des combattants. La courtoisie est une théorie des rapports entre l’homme et la femme. Cette théorie repose sur la conception du service de la Dame, élevé à la hauteur d’une religion, avec ses rites et ses interdits. Maîtresse du destin du parfait chevalier, à la fois incitatrice et but de toute quête, la Dame polarise les désirs de la turbulente jeunesse de la Cour et en même temps les tient à distance grâce à une discipline amoureuse codée dans une littérature raffinée.

La courtoisie connaît une expansion géographique. Elle naît, au début du xiie siècle, dans l’entourage des seigneurs du Midi, en pays de langue d’oc, avec les troubadours ; elle gagne ensuite le Nord, la France de langue d’oïl, avec les trouvères ; elle conquiert enfin les cours de l’Allemagne médiévale avec les minnesänger. Une œuvre résume toute l’aventure de la courtoisie : le Roman de la Rose, qui réunit sous un même titre deux fictions allégoriques, composées à quarante ans de distance par deux poètes de tempéraments opposés. Au long du xiiie siècle, la courtoisie a connu une évolution, mais elle a poursuivi un même but profond : domestiquer le mythe de la passion fatale de Tristan et Iseut. Et la Rose a opposé son mystère à celui du Graal. (→ troubadour.)

Pour en savoir plus, voir l'article courtois (amour et littérature).

Amour courtois
Amour courtois
Roman de la Rose
Roman de la Rose
Tristan et Iseut buvant le philtre d'amour
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