En juillet, le président exige la démission de son Premier ministre et de 8 autres membres du gouvernement. En août, le ministre de l'Information annonce l'arrêt du quotidien indépendant Avrazia, dont les articles déplaisent au pouvoir. Les négociations engagées en janvier avec les autorités arméniennes (l'Arménie occupe plus d'un cinquième du territoire azerbaïdjanais) restent en suspens. Pour Bakou, la manne du pétrole et du gaz de la mer Caspienne apportera rapidement la prospérité, qui tarde cependant à venir.

Kazakhstan

En décembre 1995, les élections législatives, largement remportées par la coalition au pouvoir, ont conforté la position du président Noursoultan Nazarbaiev. La récession économique, continue depuis plusieurs années, semble endiguée en 1996. Le Kazakhstan joue un rôle moteur dans la dynamique d'intégration impulsée par le Kremlin. Il a formé une union douanière, dès 1995, avec la Russie et la Biélorussie, et signe, en mars 1996, un traité qui le lie à la Russie, au Kirghizistan et à la Biélorussie, dans la perspective de la formation d'une véritable communauté d'États. Cette orientation a un pendant militaire : la signature à Alma-Ata, en janvier, d'importants accords russo-kazakh traitant notamment du domaine de la défense aérienne. La montée de l'instabilité dans la région chinoise frontalière du Xinjiang (due à l'action de groupes séparatistes ouïgours) inquiète les dirigeants du Kazakhstan, qui craignent que l'immensité du territoire kazakh et de ses frontières ne fragilise le pays. C'est le sens de la mise en garde lancée dans une déclaration commune, au mois de juillet, par les gouvernements kazakh et chinois contre toute tentative de sécession et de formation d'un « Ouïgourstan ».

Kirghizistan

Un nouveau référendum confirme le président Askar Akaïev dans sa posture d'homme fort du Kirghizistan : le 10 février 1996, 94,5 % des électeurs se prononcent en faveur de l'élargissement de ses pouvoirs. L'exercice de ce pouvoir personnel, malgré les professions de foi démocratiques du chef de l'État, ne parvient pas à masquer l'existence d'oppositions entre populations kirghize et ouzbek, se traduisant, dans le sud du pays, par de fortes tensions entre l'Administration (essentiellement aux mains des Kirghizs) et les importantes minorités ouzbeks.

Le Kirghizistan est très proche de la Fédération de Russie. Il est partie prenante du traité d'intégration signé à Moscou le 29 mars, où l'accent est mis sur la coopération politique et militaire des États signataires. Se tenant au plus près des options de Moscou, le Kirghizistan s'oriente comme la Russie vers un renforcement de ses liens économiques avec la Chine. Il s'associe à l'accord militaire sur le « partenariat en matière de sécurité » adopté par Boris Eltsine et Li Peng, en avril, à Pékin.

Ouzbékistan

Les aspirations de l'Ouzbékistan à jouer un rôle de puissance régionale, légitimées par des relations privilégiées avec les États-Unis, sont contrariées par la victoire des talibans à Kaboul en septembre. Ceux-ci, parvenus au pouvoir avec l'aval de Washington, par Pakistan interposé, se trouvent en effet en conflit direct avec le général Rachid Dostom, chef de guerre ouzbek contrôlant les provinces afghanes du Nord-Ouest et allié naturel de l'Ouzbékistan voisin. Du coup, les projets du président Islam Karimov, qui rêvait d'un axe Tachkent-Kaboul-Islamabad destiné à parachever son émancipation de Moscou, se trouvent fortement perturbés. En ravivant le danger d'une contamination islamiste radicale dans toute la région, la victoire des talibans risque de précipiter un repli sur les lignes de défense traditionnelles : aujourd'hui, celles de la CEI. En affirmant, dès le 1er octobre, que la Russie « doit aider moralement et matériellement ceux qui s'opposent aux talibans », Alexandre Lebed lance un signal en direction du général Dostom (qui, aux côtés des Soviétiques, a combattu les moudjahidine afghans), impliquant, de fait, l'Ouzbékistan dans cette nouvelle cause commune.