Ce climat pousse l'Administration américaine à mettre l'accent sur la lutte contre le terrorisme, notamment lors du sommet du G7, à Lyon. L'explosion, en juillet, du Boeing de la TWA New York-Paris ravive cette inquiétude et projette une ombre menaçante sur les jeux Olympiques d'Atlanta. Inévitablement, c'est immédiatement en termes de terrorisme que les médias interprètent un attentat, somme toute mineur, qui ensanglante les Jeux. Pourtant, aussi bien pour la catastrophe aérienne que pour l'explosion d'Atlanta, l'enquête se dirige vers des pistes (accident, acte isolé) de plus en plus éloignées de la théorie terroriste.

La défense

Le veto de l'Inde à la signature du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT, pour Comprehensive Test Ban Treaty) marque une forte pause dans le processus relancé par la fin de la guerre froide. Le Sénat manifeste une telle opposition à l'égard des protocoles de vérification du traité sur les armes chimiques que le gouvernement doit renoncer à présenter ce dernier pour ratification. D'autres initiatives, comme l'interdiction des mines terrestres antipersonnel, sont momentanément déboutées. Seul le traité START 2 (signé par la Russie et les États-Unis en 1993) est finalement ratifié par le Sénat. Le souffle des initiatives de 1992 semble donc coupé, à moins que la réélection de Bill Clinton ne lui donne une assise suffisante pour relancer les processus de négociation. Grâce à un budget de la défense maintenu à près de 260 milliards de dollars, les États-Unis conservent un haut niveau de recherche militaire, notamment pour le développement des systèmes de communication et de commandement, la modernisation des forces réduites et les armes à longue portée guidées avec précision. Le grand débat sur la défense antimissile du territoire national, relancé en 1995 par les républicains, s'enlise cependant lui aussi. L'Administration s'oppose en douceur à des investissements prématurés sur des défenses stratégiques qui pourraient n'avoir jamais d'utilité ni d'efficacité. En revanche, elle maintient le cap sur le développement de systèmes antimissile destinés à la protection des zones où auraient lieu des opérations extérieures du type guerre du Golfe. Encore a-t-il fallu faire accepter par les Russes le principe de la compatibilité de ces systèmes avec le traité sur les missiles antibalistiques (ABM, pour Anti-Balistic Missile). En septembre, au terme de pointilleuses discussions, un accord de clarification est signé par les deux États de manière à établir par des critères techniques (portée 3 500 km, vitesse 5 km/s) la distinction entre missiles stratégiques et missiles tactiques. Pour le reste, républicains et démocrates poursuivent leur querelle sur la nature et l'imminence de la menace de missiles balistiques contre le territoire des États-Unis. La CIA est récemment attaquée pour avoir présenté des rapports incomplets et excessivement optimistes. Ces critiques accentuent le malaise du monde du renseignement américain, qui ne parvient pas à définir ses nouvelles missions et à se réorganiser efficacement, en dépit de l'action du nouveau directeur de la CIA, John Deutch, proche du président Clinton. D'où la multiplication des bavures et des frictions, y compris avec des alliés comme la France dans le domaine vague et dérapant du « renseignement économique ».

François Géré

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