Auparavant, le Nord et le Sud avaient été admis aux Nations unies le 17 septembre. Séoul et Pyongyang étaient depuis longtemps en désaccord sur la représentation du pays, le Nord réclamant une délégation unique, dans le cadre du projet de confédération présenté par le président Kim Il-sung. Confronté à la détermination de Séoul et au lâchage de ses alliés soviétique et chinois, Pyongyang avait été contraint de faire marche arrière, laissant une fois de plus l'initiative à son rival du Sud.

Dans sa lutte d'influence avec le Nord, Séoul avait auparavant remporté un autre succès symbolique, avec la courte visite, le 20 avril, de Mikhaïl Gorbatchev, qui avait toujours refusé de se rendre à Pyongyang. D'autant que le numéro un soviétique de l'époque avait réitéré le souhait que Pyongyang soumette ses installations nucléaires – soupçonnées de chercher à produire la bombe atomique – à l'inspection de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). Ce que le Nord a continué de refuser tout au long de l'année. Toutefois, à l'issue de l'accord du 13 décembre, les Coréens paraissaient sur le point de trouver un compromis sur cette épineuse question, qui permettrait une inspection simultanée de part et d'autre du 38e parallèle.

Patrice De Beer

Asie du sud et du sud-est

Dans cette région du monde fort mouvementée, l'année aura été dominée par quatre événements fondamentaux : l'assassinat, le 21 mai, de Rajiv Gandhi en Inde ; l'annonce de la fermeture – dans les trois ans – des bases américaines aux Philippines après le refus du Sénat philippin, le 16 septembre, de ratifier un accord entre Manille et Washington ; l'attribution, le 14 octobre, du prix Nobel de la paix à la dissidente birmane Aung San Suu Kyi ; la signature à Paris, le 23 octobre, d'un accord de paix sur le Cambodge.

Il ne faudrait cependant pas oublier d'autres faits d'importance dans plusieurs autres pays, tels que le coup d'État militaire du 23 février qui, en Thaïlande, a causé la chute du gouvernement élu de M. Chatichai Choonhavan ; le retour de la démocratie au Bangladesh avec la chute du régime du général Ershad et l'élection, le 27 février, de la bégum Khaleda Zia comme Premier ministre ; la poursuite de la guerre civile au Sri Lanka entre les forces gouvernementales et les rebelles séparatistes tamouls du LTTE (Tigres libérateurs de l'Eelam tamoul), qui a fait plus de 11 000 morts depuis juillet 1990 ; la normalisation, début novembre, des relations entre les deux frères ennemis communistes, le Viêt-nam et la Chine ; enfin, le massacre par l'armée indonésienne, le 12 novembre, de plus d'une centaine de manifestants indépendantistes dans l'ancien territoire portugais de Timor oriental.

L'assassinat de Rajiv Gandhi, quelques années après celui de sa mère Indira, apparemment par des terroristes du LTTE, alors qu'il faisait campagne pour les élections législatives, a bouleversé l'opinion. La violence reste malheureusement au rendez-vous de la vie politique indienne, comme le montrent également les attentats des séparatistes sikhs au Pendjab ou le sanglant cycle infernal de la violence et de la répression au Cachemire. Dans le cas de Rajiv, la dynastie des Nehru-Gandhi, qui a dominé l'Inde depuis l'indépendance, s'en est trouvée décapitée. Sa veuve Sonia et son fils n'ont pas voulu reprendre le flambeau que sa fille, trop jeune encore, brûle de ranimer.

Les limites de la réconciliation

La surprise est venue du nouveau Premier ministre Narasimha Rao. À la tête d'un gouvernement minoritaire dominé par le parti du Congrès, cet homme peu connu, dans lequel beaucoup ne voyaient qu'un Premier ministre de transition, a brutalement modifié les données de la vie politique. Confronté aux contrecoups de la guerre du Golfe, à l'effondrement de l'allié et principal partenaire commercial soviétique et à la crise économique, il a annoncé une libéralisation de l'économie dont on parlait depuis des années mais qui, jamais, n'avait commencé à entrer dans les faits. Jadis étatisée, contrôlée et hyperprotégée du monde extérieur, l'économie est désormais ouverte à la concurrence, tandis que les investissements étrangers sont enfin les bienvenus. Le processus sera long, mais il remet en cause plus de quatre décennies de « socialisme à l'indienne ».