La disparition, le 17 avril 1986, de M. Marcel Dassault (dont le fils, Serge, a été porté à la présidence du groupe), entre la présentation en statique et le premier vol du Rafale A, n'a en rien compromis ce programme. Le Rafale A est un avion de chasse expérimental biréacteur dont le développement, le Rafale B, devrait assurer le moment venu la succession de l'actuel Mirage 2000. D'une masse prévue de 8,5 tonnes (contre 9,5 tonnes pour le prototype), le Rafale B devrait entrer en unités en 1996, équipé de réacteurs SNECMA M 88. Prévu pour Mach 2, cet appareil a une structure faisant très largement appel aux matériaux composites. Il est équipé de commandes électriques numériques, de commandes vocales et de systèmes de visualisation de pointe. Sa « signature » (radar, infrarouges) sera extrêmement limitée. Ce sera un avion de combat tactique multimission (défense aérienne, missions air-sol). Il pourra emporter jusqu'à 12 bombes ou missiles.

La situation est également bonne chez les motoristes. La SNECMA, qui produit la gamme des réacteurs CF-56, en association avec General Electric, voit se garnir son carnet de commandes. Dernier marché en date (décembre 1986) : la commande par la CAAC (Administration de l'aviation civile de la Chine populaire) de réacteurs CF6-80C2 destinés à 5 Boeing qui viennent d'être commandés par la Chine. La SNECMA travaille aussi à la mise au point du réacteur M 88 destiné à équiper le Rafale en remplacement des Garrett actuellement utilisés.

Enfin, le futur avion spatial Hermès, confié à Aérospatiale et AMD/BA, est entré dans la phase de réalisation, en coopération avec d'autres firmes françaises et européennes.

Philippe Delaunes

Géologie

Le programme Géologie profonde de la France prévoit onze forages d'un millier de mètres de profondeur avec quatre objectifs principaux : l'exploration scientifique du sous-sol français, la compréhension des processus physico-chimiques qui se déroulent dans la croûte terrestre, l'établissement de modèles de référence et une utilisation des résultats dans une perspective de retombées économiques. Deux forages ont déjà été effectués.

Le premier forage, réalisé à Échassières, dans l'Allier, concernait une anomalie géochimique géante, un gîte métallogène pratiquement unique au monde dans lequel avoisinent étain, tantale, tungstène, lithium et fluor. L'étude de la composition des granités qui l'avoisinent pourrait permettre de mettre en valeur des indices pour la prospection de sites à métaux. Le second forage de plus de 1 000 mètres, toujours situé en Auvergne, dans le massif du Cézallier, avait pour objet l'étude de la circulation des eaux chaudes dans les granités et les gneiss. Il a permis de découvrir au fur et à mesure que l'on descendait, et contrairement à toute attente, une superposition de nappes d'eau ou de cellules de convection séparées par des couches totalement imperméables, un peu comme les plats d'un couscoussier. Les échanges d'une chambre à l'autre s'effectuant vraisemblablement par l'intermédiaire de fractures. Cette recherche aboutit à la première étude systématique qui ait été réalisée dans le monde sur l'eau souterraine des socles anciens. Elle rappelle que les zones volcaniques endormies sont favorables au géothermalisme.

Un troisième carottage a été réalisé à Couy, près de Sancerre, pour étudier l'anomalie magnétique du Bassin parisien, et devrait aboutir au début de 1987. Ce sera ensuite le tour des Pyrénées ou des Alpes. À terme, ce sont bien tous les secrets ou presque de la France profonde que les géologues espèrent ainsi mettre au jour.

Isabelle Trocheris

Catastrophes

Le bilan de l'année est presque un hommage à la technique, moins défaillante que les hommes. L'explosion de la navette Challenger et Tchernobyl ont également montré combien négligences ou bévues humaines ont joué dans ces désastres. L'Airbus des Thaï Airways qui atterrit après une explosion au Japon a été la victime d'un gangster ivre et maladroit. L'accident d'un Tupolev qui coûta la vie au président du Mozambique, Samora Machel, paraît être attribué à une erreur de pilotage. Dans un autre élément, l'engloutissement d'un sous-marin nucléaire soviétique au large des Bermudes, dans le fameux triangle, est la conséquence d'un incendie mal maîtrisé. Le bâtiment a noyé avec lui sa batterie de missiles nucléaires dans une coque probablement écrasée par la pression des profondeurs. L'incendie d'un entrepôt des laboratoires Sandoz, à Muttenz, en Suisse, a pollué l'air (gaz mercaptan) et les eaux du Rhin (pesticides et insecticides).