On s'apercevait alors, au fil des semaines, que cette grise mine venait moins du contrôle des changes lui-même que de la situation financière des ménages, dont les intéressés prenaient progressivement conscience. Toujours l'effet Delors ! mais dû, cette fois, aux divers prélèvements fiscaux qui venaient rogner les revenus de nombreuses catégories.

Soulignées par presque tous les milieux touristiques, ces sombres perspectives furent évidemment exploitées par l'opposition. Le gouvernement se devait donc d'en prendre le contre-pied... On obtint ainsi tout au long de la saison touristique deux constats absolument contradictoires sur la réalité de la crise. Et, comme la collecte des chiffres, dans ce secteur très dispersé, est lente et leur publication tardive, l'été s'achèvera sans départager personne.

En réalité, l'activité ne fut sans doute ni bonne ni catastrophique. La satisfaction affichée dès octobre au ministère des Finances (où l'on escomptait un excédent touristique de 20 milliards de F pour 1983, contre 12 milliards en 1982) démontrait clairement que l'effet Delors avait effectivement joué. Les Français ont été beaucoup moins nombreux à se rendre à l'étranger (de – 10 % à – 30 % sur les destinations moyens-courriers, – 50 % sur le long-courrier).

Un peu moins nombreux aussi à venir chez nous, nos voisins européens (et notamment Allemands) se trouvaient aux prises avec leurs propres difficultés économiques. En revanche, on saluait une meilleure présence britannique et surtout le grand retour des Américains et de leur vigoureux dollar. Voilà qui expliquait la bonne humeur de la rue de Rivoli, outre celle de l'hôtellerie-restauration de haut de gamme.

Hors du luxe, les bilans étaient généralement moins satisfaisants — en tout cas, contrastés : une excellente saison par exemple pour les gîtes ruraux, mais déplorable pour les villages de vacances de la fédération Léo-Lagrange ; une baisse de fréquentation de 10 % pour la restauration moyenne de province, une stagnation dans les hôtels 2 étoiles parisiens. À l'automne, une enquête par sondage de la COFIT (Confédération des industries du tourisme) révélait que près de 20 % des Français partis en vacances d'été en 1982 n'étaient pas partis en 1983. Quel que soit le bilan final de ces vacances, elles ont démontré à coup sûr que le tourisme a cessé d'être insensible à la crise. Les professionnels apprennent désormais à s'adapter à un client qui change : on va moins loin, moins longtemps, en regardant de plus près à la défense.

Roger Alexandre

Commerce extérieur

Le déficit réduit de moitié

Le déficit de la balance commerciale française s'inscrira, sans doute, en 1983, en données globales FAB (franco à bord), toutes zones (or industriel et matériel militaire inclus), bien au-dessous de 60 milliards de F. Vers 50 milliards.

Au début de l'automne, le profil des échanges met, à l'évidence, en relief la nette tendance décroissante du solde négatif depuis avril. Le déficit cumulé des dix premiers mois de l'année s'élève à près de 41 milliards de F, soit 37 milliards de F de moins en valeur courante que l'écart négatif enregistré durant la même période de 1982. Calculé cette fois sur douze mois, le déficit, qui s'est distingué par son insupportable niveau de 93,5 milliards de F à fin décembre 1982, et a même culminé à 100 milliards à fin mars 1983, tombe à 57 milliards à fin octobre.

L'objectif prioritaire fixé par le gouvernement de couper d'un bon tiers le déficit de 1982, en le limitant à 60 milliards de F en 1983, sera bel et bien atteint. À cette échéance, le processus de redressement aura été nettement plus rapide que prévu. Mais le rétablissement n'est certes pas achevé. Un effort soutenu est indispensable. L'endettement extérieur du pays pèse lourd avec une dette brute à moyen et long terme de l'ordre de 420-435 milliards de F à fin septembre 1983.

Balances
Selon les pays

De janvier à septembre 1983, par rapport à 1982, les importations françaises originaires des neuf autres partenaires de la CEE (290 milliards de F) progressent de 10,7 % (de 6,5 % de RFA, mais de 22,8 % du Royaume-Uni) ; des États-Unis de 4,1 % et du Japon de 2,9 %.