La guerre des nerfs entre Israël et les États-Unis n'en continue pas moins. Le 14 février, le gouvernement de l'État juif s'inquiète des propositions de vente d'avions de combat à l'Égypte et à l'Arabie Saoudite. Deux jours plus tard, à Washington, Moshe Dayan tente de replâtrer l'alliance israélo-américaine, mais l'échec patent des entretiens Carter-Begin, le 22 mars, montre la profondeur des divergences qui existent entre les deux pays, sans que les États arabes aient pour autant de raisons particulières de s'estimer satisfaits.

Les nouvelles visites de Moshe Dayan, le 25 avril, et Menahem Begin, le 1er mai, ne permettent pas d'aplanir le différend entre Jérusalem et Washington, en dépit du revirement de J. Carter sur les questions clés : « Je n'ai jamais été en faveur de la création d'un État palestinien. Je crois qu'un règlement durable ne nécessite pas un retrait total d'Israël des territoires occupés », déclare-t-il au cours d'une interview au Sunday Times, le 30 avril.

Moscou

Au début de la présidence de Jimmy Carter, les Salt semblaient constituer le principal différend entre les États-Unis et l'Union soviétique. Un an après, les Salt, considérées par le Kremlin comme la pièce maîtresse de la détente, butent toujours sur les mêmes obstacles : fabrication de nouveaux missiles, prise en compte des divers missiles dans l'arsenal de chacun des deux pays, capacités du nouveau bombardier soviétique Backfire.

Mais d'autres sujets ont contribué à assombrir les relations entre Moscou et Washington, en particulier la situation dans la Corne de l'Afrique et le projet américain de fabrication d'une bombe à neutrons pour l'étude de laquelle Jimmy Carter, dès le mois de juillet, a demandé des crédits au Congrès.

Le Kremlin a réclamé l'annulation du projet sous peine d'être obligé de prendre des « mesures de réponse », c'est-à-dire de mettre au point sa propre bombe à neutrons.

Mécontents de l'intervention de conseillers soviétiques et de troupes cubaines aux côtés des forces éthiopiennes dans la guerre de l'Ogaden, Jimmy Carter adresse plusieurs mises en garde à Moscou, notamment les 12 janvier, 25 février, 2 mars et 1er avril. Pour le chef de l'exécutif américain, l'intervention soviétique en Éthiopie compromet un accord sur les Salt, en dépit des quelques progrès réalisés lors des entretiens d'Andrei Gromyko à Washington, fin septembre.

Remous

La tension s'accroît également à la suite des propos de Jimmy Carter (le 17 mars) sur le renforcement « excessif » du potentiel militaire soviétique et la nécessité pour les États-Unis d'adopter un programme de défense puissant.

La question des droits de l'homme (Jimmy Carter menaçant Moscou de représailles, en particulier dans le domaine commercial, si certains dissidents étaient sévèrement condamnés), la situation en Afrique australe et la crise du Proche-Orient (l'URSS étant fermement opposée aux initiatives de paix de l'Égypte, alors que les États-Unis les soutiennent) ont contribué, elles aussi, à alourdir le climat.

Le 7 avril, après plusieurs jours d'atermoiements, Jimmy Carter décide de différer la fabrication de la bombe à neutrons. Cette mesure, qui suscite de nombreux remous dans les milieux politiques américains, s'accompagne cependant d'un sérieux avertissement à l'Union soviétique. La décision sera en effet rapportée et les charges à neutrons déployées massivement dans les pays membres de l'OTAN, si l'Union soviétique ne réduit pas de façon notable ses armes conventionnelles et nucléaires qui affectent « la sécurité des États-Unis et de l'Europe occidentale ».

CIA et FBI : de nouveaux responsables

Frank Johnson, qui avait été choisi au printemps 1977 par Jimmy Carter pour succéder à Clarence Kelley à la direction du FBI, se récuse à la fin novembre pour raisons de santé. Le 19 janvier 1978, le chef de l'exécutif nomme un républicain, William Webster, 53 ans, juge fédéral dans le Missouri, pour remplir ces fonctions.

Frank Carlucci, ambassadeur des États-Unis au Portugal, 44 ans, est désigné, le 21 décembre 1977, comme directeur adjoint de la CIA. Le président Carter signe, le 24 janvier 1978, un projet de réformes qui prévoit : une application plus sérieusement contrôlée des méthodes en usage dans le monde des services spéciaux, l'assassinat étant l'objet d'une interdiction pure et simple ; la consolidation de l'autorité de l'amiral Stansfield Turner, directeur de la CIA, comme centralisateur du renseignement. L'amiral reçoit en particulier la charge de coordonner les projets de budget de tous les services de renseignement. Il présidera trois des quatre organismes de planification existant dans ce domaine (le haut comité de coordination, présidé par Zbigniew Brzezinski, aura le contrôle des activités spéciales et des opérations délicates, ainsi que du contre-espionnage, qui reste de la compétence du FBI). En cas de guerre, l'amiral Turner sera dépossédé de ses principales responsabilités au profit du ministre de la Défense. Entre-temps, le 4 novembre, l'ancien directeur de la CIA, Richard Helms, avait été condamné à deux ans de prison avec sursis et à deux mille dollars d'amende pour avoir caché à une commission sénatoriale tout ce qu'il savait sur l'action de ses services au Chili.

Toujours est-il que le pessimisme prévaut, alors que les conversations de Cyrus Vance avec les dirigeants soviétiques s'ouvrent à Moscou, le 19 avril. Après trois jours d'entretiens, il s'avère que peu de progrès ont été réalisés à propos des Salt. Fin mai, les événements du Zaïre entraînent une nouvelle dégradation des relations entre les deux pays. Le 1er juin, Jimmy Carter rappelle, une fois encore, que la présence des Soviétiques et des Cubains en Afrique pourrait compromettre la conclusion des accords sur la limitation des armements stratégiques et souligne que les États-Unis useraient de « tous les moyens » pour défendre l'Europe occidentale. Il réaffirme les préoccupations de son pays quant à l'avenir de la détente, dans un discours prononcé le 7 juin 1978 à l'Académie navale d'Annapolis.