En préface, on a enregistré la nomination d'un groupe de sages, sous la présidence de Pierre Giraudet, chargé du problème des rémunérations, la création de différents comités d'études et d'experts, le renforcement des moyens de l'Agence nationale pour l'emploi et, surtout, le 12 janvier 1976, dans le cadre du réaménagement technique du gouvernement, la nomination de Lionel Stoleru (ancien conseiller économique de Valéry Giscard d'Estaing) comme secrétaire d'État pour le Travail manuel.

Parmi les récentes mesures adoptées, on peut retenir :
– repos supplémentaire : dès le 1er juillet 1976, chaque ouvrier aura droit à un « repos compensateur rémunéré » ; ce repos payé sera égal, dans un premier temps, à 10 % des heures supplémentaires ;
– travail en équipe de jour et de nuit : une étude est en cours. Les propositions qui seront faites aux syndicats et au patronat devraient permettre d'aménager avec plus de souplesse l'actuel système du roulement des équipes ;
– logement : des facilités financières sont accordées aux ouvriers qui travaillent en équipe pour améliorer leur logement ; les trois quarts de l'apport personnel exigé pourront être remplacés par un prêt supplémentaire à long terme ;
– horaires flexibles : le gouvernement demande aux syndicats et au patronat d'instituer l'horaire libre dans toutes les entreprises à majorité féminine ;
– aide à la mobilité : un livret d'épargne, dit d'épargne manuel, sera créé en 1976 ; les ouvriers âgés de trente ans pourront, grâce à ce livret, constituer en huit ans un capital qui leur permettra de s'installer à leur compte ;
– négociations syndicats-employeurs : l'accord national de mars 1975 a fixé un calendrier aux partenaires sociaux pour discuter de l'amélioration des conditions de travail par branches d'activités. Le gouvernement demande que ce calendrier soit strictement respecté ;
– subventions : elles seront accordées à toutes les entreprises qui amélioreront les conditions de travail « par des actions exemplaires » ;
– accidents du travail : un projet de loi pour améliorer la sécurité dans le travail est à l'étude ;
– formation professionnelle : la priorité est donnée aux travailleurs manuels.

L'enseignement technique n'a pas été oublié. Plusieurs mesures sont prévues : octroi des bourses simplifié, possibilité de reprendre des études après trois à sept ans de vie professionnelle, création de postes d'« ouvriers-enseignants ». Les élèves sortant du technique seront autorisés à entrer dans des grandes écoles. La liste de ces écoles n'est pas encore fixée.

– Réduction du temps de travail : la loi du 27 décembre 1975, qui entre en vigueur le 1er janvier 1976, ramène à 48 heures par semaine (au lieu de 50 heures) la durée moyenne du temps de travail ; l'horaire maximal de 57 heures est ramené à 52 heures. Dans le cas de circonstances exceptionnelles, le législateur a maintenu le plafond de 60 heures. Les ouvriers agricoles bénéficient de ces dispositions.

– Abaissement de l'âge de la retraite : la loi du 30 décembre 1975 (elle entre en vigueur le 1er juillet 1976) est la première mesure législative sur la revalorisation du travail manuel.

Les travailleurs manuels salariés peuvent prendre leur retraite à 60 ans au lieu de 65 ans, au taux plein de 50 % ; ils doivent justifier d'une longue durée d'assurance à la Sécurité sociale et avoir travaillé à la chaîne ou sur des chantiers, par exemple.

Les mères de famille ayant élevé au moins trois enfants ont, elles aussi, droit à une retraite anticipée, à condition d'avoir exercé un travail manuel et d'avoir cotisé à la Sécurité sociale un certain nombre d'années.

Majoration de 5 % pour les retraites prises avant le 1er janvier 1972 avec 30 ans de cotisation, et avant le 1er janvier 1973 avec 32 ans de cotisation.

Dispositions en faveur de la famille

Les mesures concernant la politique familiale, annoncées le 31 décembre 1975, s'inscrivent, selon Simone Veil, ministre de la Santé publique, dans un ensemble qui « ne doit pas être exclusivement une politique de prestations ».