TOM-DOM

Nouvelle-Calédonie

Les partisans de l'autonomie, aux premiers rangs desquels figurent les Foulards rouges et l'Union des jeunesses calédoniennes, essaient toujours de faire pression sur les pouvoirs publics pour obtenir un changement de statut politique de l'île.

Les membres du Groupe 1878, ainsi dénommé par référence à la date de la grande révolte canaque déclenchée contre le pouvoir colonial au siècle dernier, prennent la tête de violentes manifestations à Nouméa en juillet 1974. Dix-sept contestataires sont condamnés en septembre à de lourdes peines de prison ; les sentences sont confirmées en novembre par la cour d'appel du territoire.

Une visite officielle de Olivier Stirn, en janvier 1975, se déroule sans incident grave. Cependant, un engin de fabrication locale est découvert dans l'enceinte de l'Assemblée territoriale, où le secrétaire d'État aux départements et territoires d'outre-mer devait prononcer une allocution.

Une motion, déposée à l'Assemblée territoriale en mai, réclame la dissolution de celle-ci ; elle est repoussée par 18 voix contre 14. Mais, quelques jours plus tard, en mission à Paris, Yann Celene Urugei, président de l'Assemblée, préconise l'organisation d'un référendum sur l'autonomie interne.

De son côté, le gouvernement français se préoccupe principalement de tout ce qui pourrait accélérer la mise en valeur de l'île, notamment dans le domaine minier. Après un accord entre la Société nationale des pétroles d'Aquitaine (SNPA) et la société Le Nickel, Michel d'Ornano, ministre de l'Industrie et de la Recherche, confie, en mars, la direction d'une mission sur l'industrialisation à Maurice Allègre, ancien polytechnicien.

Nouvelles-Hébrides

La France et la Grande-Bretagne, puissances tutrices, décident de transformer le statut de condominium établi pour l'archipel en 1914.

Olivier Stirn se rend avec miss Joan Lestor, son homologue britannique, à Port-Vila, en janvier 1975. La déclaration commune, qui avait été signée à Londres le 5 novembre 1974, est rendue publique :
– un statut de ressortissant français et britannique permet l'établissement d'un passeport pour ceux qui le désirent, et qui, avant l'adoption de cette mesure, n'avaient ni citoyenneté ni nationalité ;
– mise en place d'une assemblée représentative de 36 membres ;
– unification progressive de l'administration. En effet, au terme du condominium, il existe deux monnaies, deux justices, deux polices, deux services de santé, etc. Désormais, la justice sera fondée sur le Code pénal français et sur le Code de procédure britannique ;
– plan commun de développement économique et social.

Un National Party milite en faveur de l'indépendance depuis 1972, et ses partisans ont accueilli les ministres français et britannique à Port-Vila au cri de « Liberté ! ». Ses activités semblent bénéficier de la neutralité bienveillante des autorités britanniques. Mais elles inquiètent les défenseurs du statu quo, qui se regroupent au sein d'une Union des communautés des Nouvelles-Hébrides, plus modérée, soutenue par les autorités françaises. La situation politique est moins préoccupante que la dégradation de l'économie, due à la chute des cours du coprah, seule ressource locale.

Afars et Issas

L'évolution de la situation en Éthiopie, et plus généralement à la corne orientale de l'Afrique, la réouverture du canal de Suez, les perspectives d'indépendance de l'archipel des Comores entraînent un changement radical à Djibouti. À l'extérieur, les pressions destinées à contraindre la France à accélérer le processus de décolonisation dans le territoire des Afars et des Issas s'accentuent. À l'intérieur, la situation politique se dégrade ; les partisans de l'indépendance se heurtent violemment à Ali Aref, chef du gouvernement, et à ses amis politiques.

La persistance de la crise éthiopienne entraîne une modification de l'équilibre politique dans cette partie du continent noir (modification favorable aux dirigeants de la république démocratique de Somalie). Mettant à profit la présence du général Siyad Barre à la présidence de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), les dirigeants somaliens sont à l'origine d'une campagne diplomatique destinée à contraindre la France à décoloniser le petit territoire du golfe d'Aden.