Symphonie a été lancé le 16 décembre 1974 au cap Canaveral sur une orbite provisoire (périgée à 403 km d'altitude, apogée à 38 075) inclinée à 13,25° sur l'équateur. Il revenait aux Allemands de transférer le satellite sur l'orbite géostationnaire, ce qu'ils firent à partir du 21 décembre . Deux jours plus tard c'était le tour du centre de contrôle français de Toulouse de commencer les opérations destinées à stabiliser le satellite et à le caler sur sa position définitive par rapport à la surface terrestre. Le 29 décembre , les premiers essais de transmission ont lieu entre la station française de Pleumeur-Bodou et celle de Raisting, en Bavière.

À la mi-janvier, Symphonie est installé à l'endroit prévu, au-dessus de l'équateur, à la latitude 11,5° O, avec une dépense minimale de propergol qui lui laisse des réserves suffisantes pour pouvoir corriger sa lente dérive pendant cinq ans.

La qualité des images de télévision qu'il transmet est excellente. Mais l'un de ses deux oscillateurs ne fonctionne pas : le satellite est opérationnel, mais sans circuits de remplacement en cas de panne. Le 22 janvier, pour le 12e anniversaire du traité franco-allemand de coopération, Symphonie assure la première retransmission publique de télévision : un entretien entre le chancelier Helmut Schmidt et le président Giscard d'Estaing.

Les demandes d'organismes d'Europe, d'Amérique, d'Afrique, désireux de faire des expériences avec Symphonie sont tellement nombreuses que la capacité de transmission du satellite est saturée. On songe à lancer un deuxième relais de ce type le 21 août 1975.

Un métier peu attachant

Trois astronautes américains ont renoncé à leur profession. Alan B. Shepard, le 5 mai 1961, avait été le premier Américain lancé dans l'espace, mais non satellisé : sa capsule Mercury, après un bond de 463 kilomètres, avait amerri dans l'Atlantique au large du cap Canaveral. Après une longue attente, il fut, du 31 janvier au 9 février 1971, le commandant de la mission lunaire Apollo 14 (Journal de l'année 1970-71). Depuis lors on se demandait ce que faisait à la NASA cet homme de 51 ans, contre-amiral de réserve et businessman multimillionnaire. En août 1974, il prend la tête d'une firme de constructions immobilières.

Edward G. Gibson est l'un des trois participants au vol spatial le plus long : 84 jours à bord du Skylab (Journal de l'année 1973-74). Le 30 novembre 1974, il devient directeur scientifique d'une firme de matériel aérospatial.

John R. Glenn, compagnon de promotion de Shepard, a été le premier Américain satellisé (il fit trois tours de la Terre le 20 février 1962). Il avait quitté la NASA pour se lancer dans la politique. Glenn a cueilli le fruit de sa popularité : élu sénateur démocrate, il est l'un des candidats possibles, dit-on, à la Maison-Blanche.

L'expansion de l'Univers à nouveau mise en cause

Dans une communication à l'Académie des sciences (décembre 1974), l'astrophysicien Jean-Claude Pecker, professeur au Collège de France, met ouvertement en question la réalité de l'expansion de l'Univers.

C'est en 1924, a-t-il rappelé, que l'Américain Hubble a effectué ses premières observations sur le décalage vers le rouge – le redshift – du spectre de la lumière venue des galaxies et énoncé sa célèbre loi, qui conduisit le monde scientifique, d'abord hésitant, à admettre que l'Univers est en expansion : les galaxies s'écartent les unes des autres à une vitesse mesurée par le décalage vers le rouge des raies du spectre et proportionnelle à la distance.

Plus une galaxie est lointaine, et plus sa vitesse de fuite par rapport à nous est élevée. Elle est donnée par une formule où interviennent le décalage spectral et une valeur appelée la constante de Hubble.

Au cours des vingt dernières années de l'histoire de l'astrophysique, les évaluations de la constante de Hubble n'ont cessé d'être révisées en moins, ce qui correspondait à des dimensions toujours plus grandes attribuées à l'Univers. En même temps, souligne Jean-Claude Pecker, la constante de Hubble semble bien n'être pas une vraie constante. On lui trouve pour les galaxies faisant partie de notre région de l'Univers des valeurs différentes de celles des galaxies plus éloignées.