Un autre type de mesure semble multiplier les exemples d'objets où les décalages spectraux vers le rouge ne peuvent être dus ni à l'expansion de l'Univers ni à aucun autre phénomène physique classique (Journal de l'année 1973-74).

Quasars

Une nouvelle difficulté concerne les quasars, ces objets beaucoup plus petits que des galaxies, mais plus grands que les étoiles, et qui présentent un tel redshift que, pour certains d'entre eux, si l'on applique la loi de Hubble, la vitesse de fuite est proche de la vitesse de la lumière.

Il en découle aussi qu'ils seraient situés à des distances extraordinaires, pouvant atteindre des milliards d'années de lumière ; pour être visibles à de telles distances, ils devraient rayonner une énergie vraiment prodigieuse.

D'après Pecker, la distance réelle des quasars est bien moins élevée que ne l'indiquent ces calculs. Elle serait même cent fois plus faible que ce que donne la loi de Hubble ; les quasars constitueraient un système réparti dans l'espace à peu près dans la même région que notre super-amas de galaxies. Dès lors, leur décalage vers le rouge devrait nécessairement être expliqué autrement que par la loi de Hubble.

Reprenant la théorie qu'il a défendue avec le physicien Jean-Pierre Vigier, Jean-Claude Pecker pense que l'explication des redshifts anormaux se trouve peut-être dans une interaction entre photons. Mais, poussant beaucoup plus loin les conséquences de cette hypothèse, il pense que, si une telle interaction existe, elle peut expliquer aussi les décalages normaux. La loi de Hubble n'exprimerait pas une expansion de l'Univers.

Équilibre

En poussant cette logique à ses extrêmes, on aboutit à concevoir un Univers de durée infinie. La matière y serait répartie en régions de densité différente suivant un système hiérarchisé ; il existerait une relation entre la densité du rayonnement et la densité de la matière. La valeur que les mesures attribuent à la constante de Hubble serait, en réalité, une valeur intégrée le long de la ligne de visée de nos instruments. En fait, elle résulterait des valeurs locales de la température.

Dans un tel schéma, les quasars seraient un peu déchus du piédestal d'astres ultrabrillants. On pourrait imaginer une évolution continue des galaxies, passant de l'état de masse amorphe à celui de galaxie à noyau explosif, suivi d'une explosion en fragments, qui serait la phase quasar, suivie, enfin, de l'évolution séparée des résidus.

Certains d'entre eux, riches en éléments lourds, évolueraient comme des galaxies normales, vers un recyclage que nous ne connaissons pas encore. D'autres, plus riches en hydrogène, reprendraient, avec des masses plus petites, le même cycle de masse informe suivie de condensation et d'explosion. Cette évolution se ferait d'une manière continue dans un Univers en équilibre stable à grande échelle et dont les fluctuations seraient locales.

Révision

Une telle vision de l'Univers est évidemment très différente de celle à laquelle nous a accoutumés l'image de l'expansion. En la présentant, Jean-Claude Pecker tient à souligner qu'il s'agit là de conjectures très audacieuses. De nombreux tests observationnels, théoriques, statistiques sont encore nécessaires.

Pour l'instant, concède-t-il, la théorie de l'expansion reste le choix le plus sage. Mais il n'est pas interdit de chercher à résoudre certaines contradictions, de plus en plus évidentes, par un changement complet de point de vue. Il s'agit encore d'hypothèses de travail, nullement d'une théorie véritable et complète. Du moins, conclut-il, il est important, cinquante ans après les travaux décisifs de Hubble, de reposer le problème, de ne pas le considérer comme résolu, et même de le repenser entièrement.

L'astronomie des hautes énergies révèle un Univers de violence

Longtemps réduite à ne recevoir des objets célestes que les informations inscrites dans les longueurs d'onde de la lumière visible, l'astronomie s'affranchit de cette servitude. Grâce aux progrès réalisés dans les techniques de détection et à l'envoi d'instruments d'observation au-delà de l'écran atmosphérique, les astrophysiciens ont exploré d'autres bandes du spectre électromagnétique (ondes radio, infrarouge, ultraviolet) qui ont largement enrichi notre connaissance de l'Univers.