Bien que certains schémas aient mal résisté à la controverse (comme la notion d'agressivité naguère popularisée par Lorenz), les éthologistes n'en ont pas moins doté la biologie et la psychologie d'une dimension assez prometteuse pour justifier la récompense qui, à travers les trois lauréats, touche toute leur discipline.

Karl Von Frisch

Né à Vienne en 1886. De 1925 à 1944, professeur de physiologie comparée à Munich, où son laboratoire devient une pépinière de chercheurs. Commencés en 1912, ses travaux sur les abeilles le conduisent à montrer que cet insecte perçoit l'ultraviolet et le plan de polarisation de la lumière, puis à découvrir la danse par laquelle les butineuses informent les autres ouvrières.

Konrad Lorenz

Né en Autriche en 1903. Travaille longtemps en ornithologiste amateur. Premier poste officiel en 1937. Professeur à Königsberg (alors en Allemagne) de 1940 à 1942. Chirurgien militaire, prisonnier en URSS de 1944 à 1948. Regagne l'Autriche, puis l'Allemagne, où il dirige jusqu'en 1973 l'institut Max-Planck de physiologie du comportement à Seewiesen, en Bavière.

Nikolaas Tinbergen

Né à La Haye en 1907. Zoologiste, s'intéresse surtout aux insectes et aux oiseaux. Enseigne à Leyde. Se fixe en 1949 à Oxford, où il anime la revue Behaviour. Son œuvre majeure, l'Étude de l'instinct (1951), définit les concepts de base de l'école éthologique positiviste et provoque avec les psychologues américains de l'école béhavioriste une controverse qui n'est pas éteinte.

Sciences économiques

Discipline dont le caractère scientifique a été parfois contesté, la science économique oscille entre deux attitudes : celle du théoricien qui élabore des modèles abstraits, et celle de l'économètre qui enregistre et interprète empiriquement les données statistiques. Tout en se situant plutôt dans cette dernière catégorie, Leontieff s'est rendu célèbre par l'élaboration d'un tableau dit input-output, dans lequel les diverses branches de l'activité économique sont placées en tête de chaque ligne et de chaque colonne. À l'intersection, on inscrit dans la case ce que chaque branche vend à une autre. Ce tableau a permis l'introduction du calcul matriciel dans l'analyse et la prévision économique. La comparaison des tableaux dressés à des époques différentes, et qui varient en fonction de l'évolution technologique, donne une vue claire des modifications structurales d'une économie.

Vassili Leontieff

Né à Saint-Pétersbourg en 1906. En 1925, collabore à la planification de l'économie soviétique. Docteur ès sciences économiques en 1929 à l'Université de Berlin. Dirige l'organisation des chemins de fer chinois. Fixé aux États-Unis depuis 1931, entre au Bureau de recherches économiques de New York. Professeur à Harvard. Quarante-trois ans après son premier séjour, revoit la Chine, dont la réussite économique lui fait une vive impression.

Terre et Espace

Une année planétaire : nouvelles découvertes sur Vénus, Jupiter et Mercure

Quatre tirs vers Mars, un vers Jupiter, un vers Vénus et Mercure, sans compter les remarquables résultats obtenus par la sonde automatique Pioneer 10 après un long parcours de plus de un milliard de kilomètres. Tel est le bilan de cette année planétaire.

Mars

La fenêtre martienne (période pendant laquelle tous les vingt-six mois le parcours Terre-Mars est possible avec un maximum de charge utile) s'ouvrait le 20 juillet 1973. Dès le 21, à Baïkonour, Mars 4 prend le départ vers la planète rouge. Loin de profiter des conditions les plus économiques, on lui a donné un supplément de vitesse afin de réduire la durée du voyage. C'est un indice qui laisse espérer d'autres tirs et une opération conjuguée.

Dès le 25, Mars 5 prend à son tour le départ : traditionnellement, Américains et Soviétiques préparent toujours deux engins identiques afin de profiter de la fenêtre, même si le premier lancement échoue ou si, pendant le long parcours, l'un des engins tombe en panne.

La surprise vient le 5 août, lorsqu'un communiqué de l'Académie des sciences de l'URSS annonce le départ de Mars 6. Quatre jours après, c'est Mars 7 qui bondit d'une orbite terrestre vers la lointaine planète dont il porte le nom.