Trop d'animaux dans les réserves, où l'homme les protège ; pas assez d'animaux aux alentours, où il les a détruits ; tel est le déséquilibre auquel on aboutit en divers points du globe. Pour y remédier, la meilleure solution consiste à contrôler l'effectif des espèces habitant les parcs et réserves, afin de pouvoir intervenir à temps.

Tenderie

Une manifestation d'un genre insolite se déroule, le 15 octobre 1972, dans la région de Dax. Venus des quatre coins de la France, et même de l'étranger, des amis des oiseaux et de la nature protestent contre la tenderie dans le Sud-Ouest. Cette pratique consiste à capturer, dans des filets ou des pièges, de petits passereaux migrateurs (pipits, gobe-mouches, etc.) : des millions d'oiseaux sont ainsi massacrés chaque année au mépris de la loi. Sévissant également en Belgique, cette pratique y est interdite, le 20 juillet 1972, par arrêté royal.

Le bruit : un fléau aux multiples méfaits

Selon une enquête publiée en septembre 1972 par la SOFRES, le bruit est l'inconvénient majeur cité par 61 % des Parisiens. Et soixante plaintes par jour contre des vacarmes divers et variés parviennent quai de Gesvres, au Bureau des nuisances.

En 1972, on a, pour la première fois en France, tenté d'animer et surtout de coordonner la lutte contre le bruit. Un ingénieur des Mines, Yves Martin, baptisé pour la circonstance Monsieur Silence, a été chargé de ce difficile travail (Journal de l'année 1971-72). Il a obtenu quelques maigres succès ; un décibel de moins pour les voitures – ce qui n'est pas perceptible à l'oreille. Pour un résultat valable, il faudrait dépenser 300 F par véhicule. Les constructeurs ne s'y résoudront que si on les aide financièrement. Quelques réglementations municipales sur l'usage des tondeuses à gazon sont parues et, surtout, un label acoustique est accordé aux immeubles dont les appartements seront le mieux insonorisés. Que certains promoteurs aient accepté de s'y conformer est un progrès non négligeable.

Sur les plaintes déposées quai de Gesvres, 30 % concernent en effet les bruits familiers de la maison, dont 6 % proviennent d'appareils ménagers. Une loi de 1969 prévoyait que tous les appartements devaient être isolés du bruit des voisins. En fait, 200 contrôles effectués avec l'accord des promoteurs ont montré que près de la moitié des logements étaient en infraction avec cette loi. 90 % des plaintes déposées par les locataires sont justifiées, estiment les experts. Les 10 % restant proviennent de personnes malades ou obsédées.

Il suffirait d'augmenter de 6 % le prix du mètre carré d'HLM pour y obtenir un silence presque absolu. Pour l'instant, la France consacre à l'isolation phonique cinq fois moins que la Suède et deux fois moins que l'Allemagne.

Carte

Yves Martin a aussi dressé la carte du bruit autour des grands aérodromes. Un bruit tellement insupportable que les riverains ont créé des comités de défense pour tenter d'y remédier. Jusqu'ici, le projet de décret créant un certificat acoustique pour les avions est encore dans les tiroirs... On sait pourtant que les études en cours permettraient d'envisager une réduction du bruit des avions de 15 à 20 décibels d'ici cinq ans. Pour l'instant, la Caravelle reste le plus bruyant des appareils et Concorde le sera 4 fois plus.

En décembre 1972, des experts nommés pour évaluer les dommages causés par le bruit aux voisins des aéroports ont déposé leurs conclusions : il faudra insonoriser tous les bâtiments publics, hôpitaux, écoles, administrations, et une indemnité sera versée aux particuliers pour qu'ils puissent isoler leur maison du bruit. Déjà, aux environs d'Orly, plusieurs écoles primaires ont été insonorisées.

En février 1973, une mesure concrète est prise en faveur des riverains de l'aéroport de Roissy-en-France : ils seront en partie indemnisés grâce à une taxe parafiscale de 1 à 3 F, payée par les passagers. Un millier de riverains pourraient être relogés.

Le problème du bruit des avions préoccupe aussi vivement les États-Unis : à la fin de mars, le survol du territoire américain a été interdit aux avions civils volant à une vitesse supersonique. Cette mesure vise évidemment Concorde et le Tupolev-144.

Brigades

Mais c'est la circulation automobile qui gêne le plus grand nombre de citoyens. En France, on décide d'augmenter les amendes. Au cours des premiers mois de 1972, trente à quarante brigades de cinq agents chacune, équipées d'un matériel spécial, ont suivi un entraînement qui leur permettra, avec l'aide technique d'ingénieurs du service des Mines, de pourchasser avec plus d'efficacité les sources mobiles du bruit : autos, deux-roues, engins de chantier.