On a pensé à l'appliquer aux végétaux, chez qui une seule cellule somatique peut, en effet, parfois régénérer une plante entière.

Malheureusement, les cellules végétales sont entourées par une enveloppe très dure, faite surtout de cellulose. Pour fusionner deux de ces cellules, il faut dissoudre cette paroi à l'aide d'enzymes comme la cellulose. On obtient alors des cellules nues, appelées protoplastes, qui sont cultivables in vitro.

Le problème n'est pas résolu pour autant : au contraire des cellules animales, les protoplastes ne fusionnent pas aisément ; seule l'addition de nitrate de sodium favorise l'opération. C'est en utilisant cette technique que Carlson a obtenu une nouvelle espèce de tabac. La fusion de cellules somatiques prélevées sur les feuilles de deux espèces de tabac, Nicotiana glauca et Nicotiana langsdorffii, puis leur multiplication aboutirent à la formation d'un hybride groupant des caractères des espèces parentes ; mieux, il était capable de se reproduire.

Parasexuelle

Cette découverte est riche de promesses. Jusqu'ici, pour obtenir des hybrides végétaux, on effectuait des croisements par la voie normale, sexuelle ; les plants ainsi créés sont très souvent stériles.

La nouvelle méthode d'hybridation par fusion cellulaire ne résout pas tous les problèmes, notamment celui de la barrière chromosomique, mais elle permettra de gagner beaucoup de temps dans la création d'hybrides aux qualités exceptionnelles, et l'on comprend l'intérêt que lui porte l'Institut national de la recherche agronomique.

Ainsi, pour obtenir un hybride blé-seigle à la fois productif et résistant à un champignon parasite comme la rouille, il faut actuellement six ans. Par voie parasexuelle, l'élimination des cellules ne portant pas les chromosomes requis accélérera considérablement le processus.

Peut-être croisera-t-on un jour de cette façon des plantes très éloignées dans la classification, et même sera-t-il possible de réunir une cellule animale et une cellule végétale.

Le feu bactérien menace les vergers français

Le service de protection des végétaux et l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) constatent sur des haies d'aubépine du littoral de Dunkerque, au cours du premier trimestre 1973, l'apparition d'une maladie venue d'Angleterre, le feu bactérien, ainsi nommé à cause de l'aspect des plantes atteintes. Causé par la bactérie Erwinia amylovora, qui pénètre par les fleurs et les jeunes pousses, le mal tue en un ou deux ans les espèces vulnérables : pommiers, poiriers et diverses rosacées ornementales (aubépine, sorbier).

Après avoir limité la culture du poirier dans l'est des États-Unis dès le siècle dernier, la maladie a été signalée en Angleterre en 1957 et, depuis, successivement aux Pays-Bas, en Pologne, au Danemark, en Allemagne, et enfin cette année en Belgique et en France. Des facteurs climatiques très favorables à la bactérie et le fait que 75 % des poiriers cultivés en France appartiennent à des variétés hautement sensibles conduisent à des pronostics assez sombres pour les vergers de notre pays.

Barrière

Jusqu'à ce jour, aucune méthode efficace de lutte directe n'a été trouvée. Une campagne d'arrachage des haies d'aubépine est en cours dans la zone contaminée. Les études menées par les spécialistes de l'INRA ont montré que le feu bactérien attaque le continent par vagues, au cours de certaines années plus favorables au développement de la maladie en Angleterre.

La maladie est probablement transportée par les oiseaux qui se posent sur les haies. En attendant que les recherches entreprises sur la physiologie de la bactérie aient abouti à définir un traitement chimique, l'INRA préconise la mise en place d'une barrière biologique par la suppression de toutes les plantes sensibles à la bactérie, dans une bande parallèle à la côte, face à l'Angleterre, et leur remplacement par des espèces non sensibles qui joueraient le même rôle agronomique et écologique (autres rosacées, frêne, bouleau...). L'obligation de faire face à de nouvelles maladies ou à de nouveaux parasites (animaux ou végétaux) des plantes cultivées est une préoccupation constante de la recherche agronomique.