Le noyau de deutérium se forme à partir du noyau d'hydrogène dans des conditions très particulières : température très élevée, permettant l'association du neutron au proton, mais de très courte durée, sans quoi le noyau se dissocie. Aussi avait-il fallu rejeter l'hypothèse d'après laquelle le deutérium se serait formé dans les explosions de novae ou de supernovae : à peine formés, les noyaux s'y seraient dissociés.

D'après une autre hypothèse, la plus grande partie du deutérium existant dans l'Univers se serait formée lors de l'explosion originelle, dans les premières minutes de l'expansion. Le deutérium serait un reliquat de big bang, et son abondance actuelle serait un élément d'estimation de l'âge de l'Univers. Mais la théorie de l'expansion, après avoir apparemment triomphé des dernières résistances, subit actuellement un assaut inattendu.

« Skylab » : une expérience réussie de justesse

La NASA entre dans une période de restrictions. Son budget, de l'ordre de 3 000 milliards de dollars, ne représente que la moitié de celui de 1966 et ne lui permet pas de poursuivre tous les programmes prévus.

Suppressions

Les missions Apollo lunaires ont été réduites de 20 à 17. Au cours de l'année 1972, la NASA n'a lancé, en tout et pour tout, que 17 satellites ; aucune sonde martienne n'est prévue lors de la prochaine opposition ; le nombre de certains satellites expérimentaux est réduit de moitié ; des études sont ajournées, d'autres supprimées, et l'on continue à licencier du personnel.

Subsistent, en tant que programmes importants : Skylab (en cours), le rendez-vous Apollo-Soyouz (pour 1975), les sondes martiennes de la nouvelle série Viking (1975-76), la navette spatiale (1978).

Skylab est la première phase de la mise au point des futures stations orbitales. L'équivalent, en quelque sorte, du programme soviétique Saliout (Journal de l'année 1970-71).

Saturn V

Pour gagner du temps et faire des économies (le coût du programme est évalué à 2 568 millions de dollars), la NASA s'est servie de la structure du troisième étage du lanceur Saturn V. Les compartiments du laboratoire spatial sont installés à la place des énormes réservoirs de propergol et autres installations des fusées propulsives. Une fois aménagé et pourvu de ses équipements fonctionnels et scientifiques, l'engin Skylab a une masse de 83,2 t ; ses compartiments totalisent un volume utilisable de 40 m3.

Détérioration

Le 14 mai 1973, une fusée Saturn V place le satellite géant sur une orbite à peu près circulaire, à 435 km d'altitude. Avant même que l'opération ne soit terminée, les détecteurs placés sur l'engin signalent des dommages : la tôle qui, à 10 cm de la paroi de la station, doit la protéger contre les météorites et contre l'échauffement par les rayons solaires s'est détachée, ainsi que l'un des deux panneaux solaires, l'autre étant resté bloqué, plié en accordéon. Résultat : la station est privée de la moitié de ses besoins en énergie électrique ; la température, vite montée à l'intérieur de la cabine, atteint 54 °C et risque de détériorer des aliments, des médicaments et du matériel photographique, tout en provoquant le dégagement de gaz nocifs par le revêtement.

Aussitôt la station est orientée pour que les panneaux solaires en ailes de moulin, annexes au télescope dont est équipé Skylab, reçoivent un maximum d'énergie et que le corps de la station soit peu échauffé par les rayons du soleil. La température intérieure est ainsi ramenée à 40 °C.

Entre-temps, au sol, on met au point des palliatifs, et l'équipage, dont le départ est reporté du 15 au 25 mai, est rapidement entraîné afin qu'il puisse tenter un maximum de réparations. Commandé par le vétéran Charles Conrad (missions Gemini 5 en 1965, Gemini 11 en 1966 et Apollo 12 en 1969), il comprend un autre astronaute, Paul Weitz, et un médecin, Joseph Kerwin, qui seront satellisés pour la première fois.

Le soir même du lancement, les tentatives – ponctuées de jurons transmis en direct – faites par les trois hommes pour débloquer le panneau solaire échouent. Plus heureux, ils réussiront deux jours plus tard à faire sortir par un hublot de Skylab une sorte de parasol improvisé, en plastique aluminisé mesurant 7,20 × 6,60 m, qu'ils ont déployé, puis ramené à 25 cm de la paroi de la station ; la température interne commence aussitôt à s'abaisser. Le lundi 28 mai, les astronautes s'installent définitivement à bord du Skylab et tiennent leur première conférence de presse. Ils rentreront vingt-huit jours plus tard, le vendredi 22 juin, après avoir battu le record de séjours dans l'espace détenu par les Soviétiques de Saliout (23 jours 18 heures 22 minutes).