La normalisation progressive des relations entre la Jordanie et les autres États arabes incite le roi Hussein à l'optimisme. Le Koweït, qui avait interrompu son aide financière à Amman en 1970, en guise de protestation contre la répression de la résistance palestinienne, a versé tous les arriérés des subsides promis. L'Irak passe également l'éponge sur le passé et signe, le 11 octobre 1972, un accord supprimant tous les droits de douane entre les deux pays. En décembre, l'Arabie Saoudite accorde une assistance financière supplémentaire de 120 millions de francs. Le 17 mai 1973, la Syrie autorise, pour la première fois, le transit de produits en provenance des territoires occupés par Israël. Les relations s'améliorent aussi avec l'Égypte, qui accepte de rétablir les échanges commerciaux interrompus au printemps de 1972. Au-delà du monde arabe, le roi Hussein réussit à établir des rapports plus étroits avec l'Iran.

Koweït

Koweït. 830 000. 52. 10 %.
Économie. PNB (69) 4 850. Énerg. (*70) : 9 764.
Transports. (*70) : 141 300 + 40 400.  : 647 000 tjb. (*70) : 556 847 000 pass./km.
Informations. (70) : 5 quotidiens ; tirage global : 20 000. (70) : *105 000. (70) : *100 000. (70) : 11 300 fauteuils ; fréquentation : 3,8 M. (70) : 67 000.
Santé. (70) : 710. Mté inf. (68) : 36.
Éducation. (69). Prim. : 54 418. Sec. et techn. : 60 985. Sup. : 1 713.
Institutions. Émirat indépendant. Pleine souveraineté reconnue par la Grande-Bretagne le 19 juin 1961. Souverain : émir el-Sabah. Premier ministre : émir Jaber el-Ahmed.

Conflit frontalier avec l'Irak

Deux événements ont secoué l'État du Koweït : la crise monétaire internationale et son conflit frontalier avec l'Irak.

Le 20 mars 1973, une unité de l'armée irakienne prend d'assaut le poste frontière de Samitah et occupe quelques kilomètres carrés du territoire koweitien. Craignant une offensive plus développée, le gouvernement de la principauté met son armée en état d'alerte et proclame l'état d'urgence.

Les visées de Bagdad sur le Koweït ne sont pas, en effet, nouvelles. Dénonçant le tracé de frontières établi en 1932 d'un commun accord entre les gouvernements britannique et irakien, le général Abdel Karim Kassem avait provoqué une crise internationale en 1961 en proclamant la principauté « partie intégrante du territoire irakien ». Le renversement du régime et l'assassinat du dictateur en 1963 avaient conduit à une réconciliation formelle sans que le différend soit réglé. Les incidents frontaliers s'étaient multipliés depuis le retour du parti Baas au pouvoir en 1968.

Négociations

À la suite de l'attaque du 20 mars, les deux gouvernements s'accusent mutuellement d'agression. Cependant, Bagdad expose à nouveau sa thèse selon laquelle Samitah n'appartient pas de droit à la principauté. Le 4 avril, le ministre irakien des Affaires étrangères déclare à la presse libanaise que son pays serait disposé à renoncer à ses revendications territoriales si le Koweït lui cédait deux îles – celles de Warba et de Bubayan – situées à proximité du territoire irakien.

Le conflit apparaît dès lors sous son vrai jour. Le plus grand État du golfe Persique – après l'Iran –, l'Irak dispose de la côte la plus étroite : une cinquantaine de kilomètres. Oum Qasr, destiné à devenir à la fois son principal port et sa base navale sur le golfe, enserré entre le Koweït et son puissant voisin iranien, est ainsi dangereusement vulnérable. Un éventuel blocus interromprait l'écoulement de son pétrole. Le gouvernement de Bagdad estime dès lors indispensable à sa sécurité et à son économie le prolongement de sa côte et le contrôle des îles de Warba et de Bubayan.

Bien que techniquement capable d'occuper ces territoires, l'Irak recule devant le danger d'une confrontation avec les nombreux amis du Koweït : les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Iran et divers États arabes. Les interventions et les médiations conduisent à une relative détente et à des négociations entre les deux gouvernements en conflit. Le 26 avril 1973, les troupes koweïtiennes réoccupent Samitah, que l'armée irakienne venait d'évacuer. Le problème demeure cependant entier malgré l'échange de notes et de conversations qui se poursuit sans relâche.