Simultanément à ces coups officiels que se portent Palestiniens et Israéliens se développe durant l'année une terreur anonyme ; des attentats dont sont victimes, à Rome, à Paris, à Chypre notamment, des responsables palestiniens ou des représentants d'Israël.

Complot

La politique du verre d'eau a valu à Jérusalem une nouvelle condamnation de l'ONU à la suite du raid sur Beyrouth. Pour la première fois la Grande-Bretagne a voté contre Israël, et les États-Unis n'ont pas fait usage de leur droit de veto. Si l'opinion n'a pas accordé trop d'importance au fait, certains milieux politiques ont accusé une sorte d'inconfort. Par contre, l'opinion a été très sensible à l'affaire du complot.

Pour la première fois dans l'histoire de l'État juif, on découvre un réseau d'espionnage (ou peut-être de terroristes) organisé par – ou en tous les cas avec – les Juifs. Et, qui plus est, des Sabras, c'est-à-dire des Juifs nés en Israël (sabra, fleur de cactus qui pousse dans le désert).

Parmi les 17 membres de ce réseau qui devait, selon les uns, fournir des renseignements militaires aux Syriens, selon les autres organiser un attentat contre le général Dayan lui-même, il y a au moins 6 Juifs, dont Rami Livneh, le fils du député communiste de la Knesset, et Emid Adiv, ancien parachutiste de Dayan. Aux yeux de beaucoup d'intellectuels israéliens, cette affaire est essentielle : elle marque une date capitale dans l'histoire du pays et « symbolise une prise de conscience ». Pour les milieux dirigeants, il s'agit simplement d'une affaire de trahison.

La croissance économique, l'une des plus fortes du monde, s'accélère ; le produit national brut continue à augmenter à un rythme légèrement supérieur à 10 %. Les estimations du PNB pour 1973 s'approchent de 6 milliards de dollars.

Économie

L'orientation prise par l'économie depuis plusieurs années se poursuit : l'agriculture joue un rôle moins important (15 % du PNB en 1950, moins de 8 % aujourd'hui) et l'industrie prend une position de plus en plus forte (moins de 20 % en 1960, plus de 25 % aujourd'hui). Mais c'est le secteur tertiaire qui domine (60 % du PNB), avec les entreprises de transports, de banque, d'assurance, etc. On note aussi un effort particulier pour toutes les industries de pointe, Israël ayant, et de plus en plus, une élite permettant ces industries et les conditions étant telles que cette élite est l'une des moins chères du monde.

Mais, naturellement, cette croissance accélérée entraîne une augmentation des prix, laquelle aggrave inévitablement les inégalités sociales. On peut parler d'une véritable flambée des prix tout au cours de l'année. Cela entraîne des grèves particulièrement importantes, notamment celle de l'entreprise l'Élite, une grande usine de chocolat, et celle de la compagnie aérienne El Al. En février, le gouvernement décide de dévaluer la livre israélienne en même temps que le dollar. Cela provoque, un mois plus tard, une hausse de 15 à 20 % de l'essence, des cigarettes, de la viande et de nombreux produits de première nécessité.

Dette

Selon Moshe Zanbar, le gouverneur de la banque d'Israël, en 1972 et 1973 « les prix ont augmenté de 25 % et les salaires de 30 % ». Les syndicats, qui, d'autre part, se trouvent de plus en plus souvent en désaccord avec le gouvernement, affirment que les salaires ont infiniment moins augmenté que les prix.

Cette situation provoque en outre une augmentation très grave de la dette extérieure d'Israël. 1960 : 624 millions de dollars ; 1966 : 1 264 ; 1967 : 1 400 ; 1970 : 2 600 ; 1973 : 3 400 (c'est le record mondial de la dette extérieure d'un pays par tête d'habitant). Cela inquiète, bien sûr, et les dirigeants de Jérusalem et les amis d'Israël, notamment aux États-Unis.

Cependant, et c'est là l'un des miracles d'Israël, grâce à des aides et des emprunts, la Banque nationale peut, cette année, reconstituer considérablement ses réserves de change. En 1969 la Banque n'avait dans ses coffres que 412 millions de dollars de change. Au début de 1973, elle en a 1 240.

Anniversaire

Mais, pour Israël, cette année 1973 ne restera pas seulement une année pré-électorale. Elle est aussi l'année du 25e anniversaire de la création de l'État juif. Des manifestations très importantes sont organisées à travers le pays (des Juifs du monde entier viennent par dizaines de milliers). À Jérusalem est organisé un défilé grandiose, qui traverse même la partie arabe de la Ville sainte.