Dans une interview publiée par Le Monde, le 4 novembre, le roi Hussein précise ses vues. Il est disposé, dit-il, à conclure une « paix totale avec toutes ses implications naturelles », à admettre des « rectifications mineures de frontières », le maintien – pour une période à déterminer – des postes militaires israéliens le long du Jourdain. En revanche, il n'accepte pas un règlement fondé sur des annexions substantielles, notamment de l'ancien secteur jordanien de Jérusalem ; il s'engage néanmoins à maintenir l'unité de la Ville sainte et à garantir une forme de coopération administrative entre les secteurs juif et arabe. Lors de son séjour à Washington, en février, le souverain hachémite confirme – au cours d'une réunion à huis clos du Congrès – ses dispositions à conclure, le cas échéant, une paix séparée avec Israël. Quant à la procédure, il déclare à un journal américain qu'il entreprendrait des négociations directes avec l'État juif « quand les principes essentiels d'un règlement seront acceptés, grâce à de paisibles tractations diplomatiques menées éventuellement par les États-Unis ».

Cependant, selon diverses informations non confirmées, de part et d'autre, des rencontres secrètes entre responsables israéliens et jordaniens se seraient produites à plusieurs reprises, notamment en septembre, décembre et mars, mais sans résultat positif.

L'attitude de l'Égypte demeure moins souple que celle de la Jordanie. Les dirigeants du Caire insistent pour que tout règlement soit fondé sur la restitution intégrale du Sinaï et rejettent le principe des négociations directes aussi longtemps que se poursuivra l'occupation.

OUA

L'évolution enregistrée en Afrique est plus encourageante pour les Arabes. Cinq États du continent noir rompent leurs relations diplomatiques avec Israël. Les chefs d'États de l'Organisation de l'unité africaine, réunis à Addis-Abeba, adoptent, le 29 mai, une résolution invitant les 41 pays indépendants d'Afrique à « prendre des mesures individuelles ou collectives, politiques et économiques, à l'égard d'Israël, si ce dernier persiste dans son refus d'évacuer les pays victimes de son agression ».

Encouragés sans doute par l'isolement grandissant d'Israël sur la scène internationale, l'Égypte a demandé – et obtenu – que le Conseil de sécurité se réunisse à partir du 6 juin pour réexaminer tous les aspects du conflit.

La plupart des observateurs redoutaient, à la mi-juin, la reprise des hostilités par l'Égypte. « Si la voie de la diplomatie internationale est bouchée, déclarait le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohamed Zayyat, à propos du débat au Conseil de sécurité, nous adopterons celle de la violence. »

L'isolement des fedayin

Une partie du mouvement palestinien, sous l'effet de la sévère crise que celui-ci traverse, refusant de se résigner à l'impuissance face au pouvoir israélien, par désespoir répondant à des sentiments de vindicte, se détourne de la lutte armée dans les territoires occupés pour se consacrer au terrorisme. Celui-ci est essentiellement dirigé contre les Israéliens et leurs « complices », ainsi que contre les « intérêts impérialistes ».

Il apparaît, au fil des mois, que Septembre noir ne constitue pas le seul groupement terroriste — certains soutiennent même qu'il existe plusieurs organisations rivales portant ce même nom — et qu'il n'est pas, en tout cas, doté de structures bien définies. Des observateurs pensent qu'il s'agirait plutôt d'un agglomérat de cellules de militants recrutés dans toutes les organisations de fedayin, indépendantes les unes des autres et qui se formeraient à l'occasion d'une mission à remplir.

La fluidité de l'organisation, l'application de strictes règles de clandestinité ont peut-être été à l'origine de la décision du gouvernement israélien de frapper sans discrimination les militants palestiniens, qu'ils soient engagés ou non dans l'action terroriste. Le Premier ministre israélien Golda Meir déclarait, le 16 octobre : « Les terroristes doivent savoir désormais qu'ils ne sont nulle part en sécurité ; nous frapperons les organisations terroristes partout où nous pourrons les atteindre. »

Attentats

En réalité, la guerre secrète battait son plein déjà durant l'été. Le 8 juillet 1972, Ghassan Kanafani, porte-parole du Front populaire et rédacteur en chef d'Al Hadaf, trouvait la mort par l'explosion de sa voiture piégée. Le 19 juillet, le docteur Anis Sayegh, directeur de l'institut d'études de l'OLP et directeur d'une revue politique, était grièvement blessé par un colis piégé. Le 25 juillet, le successeur de Kanafani, Bassam Abou Charif, était, à son tour, victime de l'une des nombreuses lettres piégées adressées à des Palestiniens résidant au Liban.