Certes, le gigantesque complexe sidérurgique et portuaire de Fos, aux portes de Marseille, doit employer 40 000 salariés dans dix ans, tandis que 750 000 personnes s'installeront, d'ici à l'an 2000, autour de l'étang de Berre, dont le gouvernement avait dégagé, le 10 février 1971, un premier programme d'équipements en routes et en logements.

Mais l'équilibre de la région Provence-Côte d'Azur risquerait d'être gravement compromis si l'industrialisation devait se faire uniquement autour de Marseille. Déjà, Nice se plaint amèrement de la situation de colonisation dans laquelle elle se trouve par rapport à la capitale régionale. Le lancement de Sophia Antipolis constitue la première tentative pour implanter, dans l'arrière-pays de la Côte d'Azur, des entreprises de matière grise, laboratoires de recherches et centres d'études. L'idée du promoteur de l'opération, Pierre Laffitte, sous-directeur à l'École des mines et originaire de Saint-Paul-de-Vence, est de réaliser le long du petit chemin départemental N 103 ce que les Américains ont réalisé à Boston de part et d'autre de la route 128 : « un lieu de rencontre entre gens de formation différente, aussi bien artistique et sociale que scientifique et technique ».

Le projet vient à son heure : depuis dix ans, la Côte d'Azur n'a enregistré qu'une seule implantation importante, celle du laboratoire IBM à La Gaude. C'est une opération exemplaire, mais elle est restée isolée.

Rhône-Alpes

Présenté en février 1971, le schéma directeur d'aménagement de l'agglomération lyonnaise permet d'imaginer le visage du grand Lyon de l'an 2000 : un ensemble urbain de 1 700 000 habitants, au lieu d'un million en 1970, s'étendant sur un territoire de 720 000 ha et 73 communes, où auront été construits 150 000 logements, 420 000 m2 de surfaces commerciales et six autoroutes urbaines.

Tâche considérable, qui s'inscrit dans le cadre du schéma déjà réalisé de l'aire métropolitaine Lyon - Grenoble - Saint-Étienne, et qui vise à faire de l'ancienne capitale des Gaules une métropole à l'échelle européenne.

Pour réaliser cet objectif ambitieux, écrivent les auteurs du schéma, « il ne suffit pas pour Lyon d'accueillir des activités dites tertiaires supérieures. Il lui faut encore disposer d'un appareil de production très important ». Il faut, aussi, maîtriser le phénomène de l'urbanisation et les risques de ségrégation sociale entre le plat pays de l'est de l'agglomération, avec ses populations ouvrières, et les riantes collines de l'ouest, accessibles aux personnes disposant de revenus plus élevés. Tandis que le centre, étouffant dans la presqu'île enserrée entre Rhône et Saône, se dépeuple, et que la circulation ne cesse de poser des problèmes de plus en plus ardus dans une agglomération où l'on compte 200 000 déplacements quotidiens.

Demain, le nouveau centre de la ville sera à La Part-Dieu, sur la rive gauche du Rhône, qui ne cesse de se développer. C'est là que devra aboutir le métro et qu'on prévoit de transférer la gare principale SNCF de Perrache ; c'est là, aussi, que s'arrêtera la nouvelle ligne de turbotrains projetée entre Paris et Lyon et qu'il faudra assurer une liaison rapide avec le futur aéroport international de Satolas.

Mais, pendant que le nouveau Lyon du XXIe s. poussera ses gratte-ciel et ses autoroutes, il restera encore à sauvegarder le vieux Lyon traditionnel et à mener à bien les 25 opérations de rénovation prévues par le schéma directeur de la deuxième ville de France.

Région Parisienne

« Paris et la région parisienne vus par la province », tel était le thème d'une enquête de l'IFOP rendue publique en novembre 1970 et qui comprenait quatre chapitres : les questions démographiques, les questions économiques et financières, le mode de vie à Paris, l'image de la capitale.

– Démographie : 72 % des provinciaux considèrent qu'il y a trop d'habitants dans la région parisienne. Mais cette situation parait fatale à 67 % des personnes interrogées, qui pensent qu'elle comptera de plus en plus d'habitants. Fatalité qui n'est pourtant pas considérée comme souhaitable, puisque 61 % des provinciaux jugent trop élevée la prévision établie par le schéma directeur de 14 millions d'habitants en l'an 2000, alors que 23 % seulement la trouvent raisonnable.