Ces réformes sont appelées à stimuler la recherche scientifique, dont le rendement ne dépend pas seulement de l'importance des crédits, mais aussi d'une organisation évitant la dispersion des efforts.

Les prix Nobel de sciences 1966
Chimie

ROBERT S. MULLIKEN
Né en 1896 à Newburyport (USA), le professeur Robert Sanderson Mulliken a enseigné la chimie physique à Harvard, New York et Chicago. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été chargé de la documentation scientifique du projet Manhattan (fabrication de la bombe atomique). Son œuvre majeure est la théorie des orbitales moléculaires, qui permet de décrire et de calculer les liaisons entre atomes à l'intérieur d'une molécule. Cette théorie est une application de la mécanique ondulatoire au problème des liaisons chimiques. À la fois corpuscule et onde, pour la mécanique ondulatoire, l'électron se définit, dans un atome, par sa fonction d'onde ou orbitale. Mulliken a montré que de même, dans une molécule, l'électron peut être défini par une orbitale moléculaire, combinaison linéaire des orbitales atomiques. Cette théorie éclaire la notion chimique de valence et explique un grand nombre de faits expérimentaux.

Physique

ALFRED KASTLER
Né en 1902 à Guebwiller, en Alsace, le professeur Alfred Kastler dirige le groupe de spectroscopie hertzienne au laboratoire de physique de l'École normale supérieure. En collaboration avec son disciple Jean Brossel (le lauréat aurait aimé voir Brossel associé à son prix), Alfred Kastler a étudié les variations de niveaux d'énergie dans les molécules ou les atomes soumis à des rayonnements électromagnétiques de longueurs d'onde déterminées. Pour porter une partie d'une population d'atomes à un certain niveau d'énergie, dit état excité, Kastler et Brossel ont utilisé un faisceau de lumière intense et polarisée. Ce procédé, appelé le pompage optique, a débouché plus tard sur l'invention des amplificateurs quantiques (masers et lasers) ; il a conduit à la réalisation de magnétomètres très légers, utilisés pour dresser en avion des cartes du magnétisme terrestre, et d'horloges atomiques précises au cent-milliardième de seconde.

Médecine

CHARLES B. HUGGINS
Né en 1901 au Canada, le professeur Charles B. Huggins est un cancérologue clinicien. Son œuvre porte essentiellement sur l'action des composés chimiques et des hormones dans le développement des tumeurs malignes. Huggins découvrit que l'évolution d'un cancer mammaire, chez la souris, provoqué en laboratoire par l'injection d'hydrocarbures aromatiques, est inhibée par l'ablation des ovaires ou par l'injection d'hormone mâle. Appliquée au cancer du sein, cette thérapeutique se révéla très efficace. Chez l'homme, le cancer de la prostate est inhibé par la castration ou par l'administration d'hormone femelle (œstrogènes de synthèse), traitement désormais classique, qui est mentionné dans les attendus du prix Nobel. En clinique et au laboratoire de recherches sur le cancer de l'Université de Chicago, le professeur Huggins s'efforce maintenant d'éclaircir le mode d'action des substances cancérigènes et de leurs antagonistes.

F. PEYTON ROUS
Le professeur Francis Peyton Rous est né en 1879 à Baltimore, d'une famille dont un ancêtre français, protestant, avait émigré de La Rochelle après la révocation de l'édit de Nantes. En 1910, à l'Institut Rockefeller pour la recherche médicale, où il travaille encore aujourd'hui, Rous décrit un cancer du poulet qui, depuis, porte son nom : le sarcome de Rous. Il montre que la tumeur est transmissible d'un animal à un autre non seulement par greffe de cellules, mais par simple injection d'un broyat de tumeur filtré ; le responsable ne peut donc être qu'un virus. Cette découverte capitale oriente la carrière du jeune savant ; en même temps, elle ouvre une des grandes voies où va s'engager la recherche fondamentale sur le cancer. Voie pleine de vicissitudes : après avoir été critiqués et presque oubliés, les travaux de Rous sont revenus au premier plan des conceptions les plus récentes sur l'étiologie du cancer.

Sciences exactes

Astronomie, astrophysique

Les nouvelles énigmes de l'univers

Les astrophysiciens fouillent le ciel avec des instruments toujours plus puissants et plus perfectionnés. Ils étendent leur quête d'informations en deçà et au-delà des messages portés sur les longueurs d'onde de la lumière visible (d'un côté, avec l'infrarouge et les ondes radio ; de l'autre, avec l'ultraviolet et les rayons X). Ils découvrent ainsi, de plus en plus souvent, des objets qui n'entrent dans aucune catégorie jusqu'ici connue, et dont la véritable nature n'est pas élucidée.