Mais, en janvier 1967, l'armée elle-même élimine N. Grunitzky ; il doit se réfugier en France. L'inspirateur du coup d'État, le lieutenant-colonel Etienne Eyadema, qui joua un rôle capital dans le meurtre d'Olympio, met en place un Comité de rénovation nationale. Il le dissoudra en avril pour prendre personnellement le pouvoir.

Quatre ans et quatre mois auront été nécessaires au sergent-chef Etienne Eyadema pour devenir d'abord chef d'état-major des forces armées, puis président de la république du Togo.

Vers la fin de janvier, le président Etienne Eyadema a échappé à un attentat perpétré par un gendarme, qui sera condamné à mort le mois suivant.

Tunisie

(64) : 4 565 000. 28. 2 %. Consomm. énergie : 244 kg e.c.
Transports. Rail : 461 M pass./km, 1 133 M t/km. Parc autos : 51 100 + 35 300. Aviat. civ. : 104 423 000 pass./km.
Information. Journaux (62) : 5 quotidiens ; tirage global : 120 000. Récepteurs radio : 306 000. Téléviseurs : 4 000. Cinéma : 106 salles, fréquentation (60) : 6,6 M. Postes téléphone : 48 323.
Santé (63). 449 médecins.
Éducation (63). Prim. : 658 766. Sec. et techn. : 66 739. Sup. : 3 513.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959 ; régime présidentiel. Président de la République et chef de l'exécutif : Habib Bourguiba, réélu le 8 novembre 1964.

Le régime se préoccupe de son avenir

Une thrombose coronaire terrasse, le soir du 14 mars 1967, le président Bourguiba. Le Combattant suprême s'en remet, mais cet accident a montré que la succession demeure un problème des plus délicats pour l'avenir.

L'adoption par l'Assemblée nationale, le 19 novembre 1966, d'un texte sur la vacance de la Présidence et la création d'un Comité de la République laissent la question entière.

Auparavant, le président avait manifesté tout au long de l'année une activité fébrile pour assurer à son pays de solides assises internationales. Parallèlement, on a assisté à une certaine radicalisation du régime.

Après avoir lancé l'idée d'une communauté francophone, Bourguiba a entrepris une tournée en Europe en juillet 1966, visité successivement la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne fédérale. Le montant des prêts accordés au cours de ce voyage atteint plus de 100 millions de francs. Mais l'ambition du gouvernement tunisien est plus vaste : il espère associer la Tunisie au Marché commun dès 1967.

Le conflit frontalier

Cette ouverture vers l'Europe s'accomplit au détriment des relations avec les pays frères arabes, et plus particulièrement la République arabe unie. Mauvaises depuis le début de 1965, les relations entre Tunis et Le Caire sont officiellement rompues, le 3 octobre 1966, après « la campagne de dénigrement contre la Tunisie et son président » lancée par l'Égypte. En même temps, le gouvernement tunisien a décidé de se retirer de la Ligue arabe, devenue un « satellite du Caire ».

Le président Bourguiba, s'il s'efforce de regrouper autour de lui les adversaires arabes de Nasser (le roi Fayçal d'Arabie est reçu officiellement en septembre 1966), recherche un accord avec le gouvernement du colonel Boumediene pour régler le conflit frontalier dans le Sud algéro-tunisien.

Le conflit palestinien va effacer les querelles et coaliser tout le monde arabe. Bourguiba se rallie à la thèse égyptienne et, le 12 juin, rétablit avec Nasser des relations diplomatiques.

À l'intérieur, le gouvernement tunisien emploie la même activité pour imposer le socialisme destourien. Les 300 000 chômeurs, le fléchissement des réserves de devises, qui étaient de 11,2 millions de dinars à la fin de 1966 (contre 15,5 en 1965), n'empêchent pas le Dr Ahmed ben Salah, secrétaire d'État au Plan et aux Finances, de s'attaquer plus profondément aux structures de l'économie tunisienne en multipliant les unités de production.

Dans cette perspective encore, le président dénonce la « décadence morale » d'une certaine jeunesse. Pas de pitié pour les mini-jupes ou les fauteurs de troubles. Les violentes bagarres qui ont opposé les étudiants aux policiers le 15 décembre 1966 et le procès qui a suivi illustrent cette politique vertueuse.

L'affaire Smadja

Henry Smadja, directeur de Combat, est condamné à Tunis, le 11 mai 1967, à 32 mois et demi de prison pour transfert illicite de capitaux. Son arrestation, le 22 mars, a eu en France un certain retentissement. Tunis a répondu en faisant à l'instruction et au procès le maximum de publicité.