Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bactéries (suite)

Étude du pouvoir pathogène

L’étude d’une Bactérie n’est complète qu’après la recherche du pouvoir pathogène expérimental, qui n’est pas faite systématiquement. On utilise la Souris et le Cobaye. Parfois, seule cette étude permet d’affirmer le diagnostic (diphtérie). Mais certains germes n’ont aucun pouvoir pathogène pour l’animal.

Il faut enfin étudier la sensibilité du germe aux antibiotiques (antibiogramme) pour justifier, par un traitement approprié, l’identification du germe pathogène. L’identification des Bactéries anaérobies est faite selon les mêmes principes. Cependant, pour les germes toxigènes, on commence par l’inoculation à l’animal, et l’on recherche l’effet séroprotecteur. Cette technique associe au diagnostic précoce la thérapeutique spécifique.


Classification des Bactéries

L’identification des Bactéries est d’autant plus précise que les critères sont plus nombreux. Cette identification se réfère à des modèles groupés en familles et espèces dans la classification bactériologique. Les Bactéries sont groupées en 11 ordres :
— les Eubactériales, sphériques ou bacillaires, comprenant presque toutes les Bactéries pathogènes et les formes phototrophes ;
— les Pseudomonales, ordre divisé en 10 familles, dont les Pseudomonae et les Spirillacae ;
— les Spirochétales (Tréponèmes, Leptospires) ;
— les Actinomycétales (Mycobactéries, Actinomycètes) ;
— les Rickettsiales (v. rickettsiose) ;
— les Mycoplasmales ;
— les Chlamydobactériales ;
— les Hyphomicrobiales ;
— les Caryophanales ;
— les Beggiatoales ;
— les Myxobactériales.


Les relations entre la Bactérie et son hôte

Certaines Bactéries vivent indépendantes des autres êtres vivants. D’autres en sont les parasites. Elles peuvent vivre en symbiose avec leur hôte, en s’aidant mutuellement. Elles peuvent vivre en commensales (sans bénéfices). Elles peuvent être pathogènes, c’est-à-dire vivre aux dépens de leur hôte.

La virulence est l’aptitude d’un micro-organisme à se multiplier dans les tissus de son hôte (en y créant des troubles). Cette virulence peut être abaissée (base du principe de la vaccination) ou exaltée (passage d’un sujet à l’autre). La virulence peut être fixée par lyophilisation. Elle paraît être fonction de l’hôte (terrain) et de l’environnement (conditions climatiques). La porte d’entrée de l’infection a également un rôle considérable dans la virulence d’un germe.

Le pouvoir pathogène est la capacité d’un germe à s’implanter chez un hôte et à y créer des troubles. Il est lié à deux causes :
— la production dans les tissus de lésions du fait des constituants de la Bactérie, des enzymes qu’elle sécrète et qui attaquent les tissus voisins, et des produits toxiques issus du métabolisme bactérien ;
— la production de toxines. Il peut s’agir de toxines protéiques (exotoxines excrétées de la bactérie, transportées par le sang et agissant à distance sur les organes sensibles) ou de toxines glucidoprotéiques (endotoxines), ces dernières n’agissant qu’au moment de la destruction de la Bactérie et pouvant être responsables de chocs infectieux au cours des septicémies à germes Gram négatifs, lorsque la toxine est brutalement libérée.

À ces agressions microbiennes, l’organisme oppose des réactions défensives liées à des processus d’immunité*, alors que le conflit hôte-Bactérie se traduit par les manifestations cliniques et biologiques de la maladie infectieuse.


Importance des Bactéries

Il existe des Bactéries partout. Nous avons vu l’intérêt de leur étude pour la compréhension de la physiologie cellulaire, de la synthèse des protéines, de la génétique. Si les Bactéries pathogènes paraissent être les plus préoccupantes, leur importance dans la nature est certainement mineure. Le rôle des Bactéries non pathogènes est capital. Elles interviennent dans le cycle de l’azote, le cycle du carbone, mais aussi dans les métabolismes du soufre, du phosphore, du fer. Les Bactéries des sols*, des eaux* sont indispensables à l’équilibre biologique.

Les Bactéries enfin peuvent être utilisées dans les industries alimentaires et chimiques ; elles interviennent dans la synthèse des vitamines*, des antibiotiques*.

Les Bactéries ont donc un rôle fondamental dans les phénomènes de la vie, et tous les domaines de la biologie ont pu être mieux compris grâce à leur étude.

P. V.


Les grands noms de la bactériologie


Casimir Joseph Davaine,

médecin, français (Saint-Amand-les-Eaux 1812 - Garches 1882). Il a découvert la Bactéridie charbonneuse en 1850.


Gerhard Domagk.

V. sulfamide.


Sir Alexander Fleming.

V. pénicilline.


François Jacob,

médecin et biologiste français (Nancy 1920). Il travaille dès 1950 avec Lwoff et Monod à l’Institut Pasteur, dont il dirige le service de génétique microbienne (1960). En 1965, il reçoit la chaire de génétique cellulaire créée au Collège de France. Il imagine l’existence de l’ARN messager, puis le met en évidence avec J. Monod. Avec ce dernier, il propose les principes de la régulation génétique chez les Bactéries. Pour l’ensemble de ces travaux, il obtient avec A. Lwoff et J. Monod, en 1965, le prix Nobel de médecine et de physiologie.


Robert Koch.

V. tuberculose.


Joshua Lederberg,

biologiste américain (Montclair, New Jersey, 1925). Professeur de génétique médicale à l’université de Stanford, il découvre à vingt et un ans, avec Edward L. Tatum (né en 1909), le phénomène de recombinaison sexuelle chez les Bactéries, et étudie la structure du chromosome bactérien. Il met également en évidence la transduction phagique de matériel génétique. Prix Nobel de médecine en 1958 pour ses travaux en génétique bactérienne.


Friedrich Löffler,

bactériologiste allemand (Francfort-sur-l’Oder 1852 - Berlin 1915). Médecin militaire, directeur en 1913 de l’Institut des maladies contagieuses à Berlin, il a décrit le bacille de la diphtérie, découvert par Edwin Klebs (1834-1913).


André Lwoff,

médecin français (Ainay-le-Château 1902). Chef du service de physiologie microbienne de l’Institut Pasteur, il occupe la chaire de microbiologie à la Sorbonne en 1959. Prix Nobel de physiologie et de médecine en 1965 avec Jacob et Monod pour l’ensemble de leurs travaux de génétique microbienne.


Ilia Ilitch Metchnikov.

V. immunologie.


Jacques Monod,