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Verdun
Ch.-l. d’arrond. de la Meuse*, sur la Meuse ; 26 927 hab. (Verdunois).
Ancien oppidum gaulois, l’antique Verodunum était située sur la voie romaine allant de Reims à Metz. Évêché à partir du ive s., Verdun fut saccagée au ve s. par les invasions runiques. Au vie s., un pèlerinage sur le tombeau d’un évêque de Verdun, saint Vanne (502-519), incita des religieux à y édifier un monastère ; celui-ci devint célèbre au xie s. sous l’abbatiat de Richard, qui appuya l’œuvre de réforme de saint Odilon de Cluny. Au xviie s., les moines bénédictins de Saint-Vanne furent à l’origine de l’action réformatrice des mauristes.
En 502, Clovis s’empara de Verdun, qui fut incorporée après sa mort au royaume d’Austrasie (511). En août 843, un traité décisif pour la France y fut signé entre les fils de Louis le Débonnaire ; il consacrait le partage de l’Empire de Charlemagne entre les trois fils du souverain, l’empereur Lothaire, Louis le Germanique et Charles le Chauve. La France fut alors séparée de la Germanie. Verdun fut comprise dans le lot de Lothaire et rattachée avec la Lorraine à l’Empire.
Elle fut administrée par ses comtes-évêques et devint au xiiie s. une ville libre impériale. Elle forma ensuite avec Metz et Toul le district dit « des Trois-Évêchés ». Le roi de France Henri II s’empara des Trois-Évêchés (traité de Chambord, janvier 1552), et le traité de Westphalie (1648) reconnut officiellement leur rattachement au royaume.
Fortifiée par Vauban, Verdun se rendit en 1792 aux troupes du duc de Brunswick, mais fut reprise peu après par les Français, qui y mirent à mort des jeunes filles coupables d’avoir manifesté leur sympathie pour les envahisseurs. En 1870, elle fut prise par les Allemands après une héroïque résistance.
Mais c’est durant la Première Guerre mondiale que Verdun acquit ses titres de gloire.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville fut en partie ravagée par des incendies (1940) et des bombardements.
P. R.
L’art à Verdun
Malgré les bombardements de 1916, Verdun conserve un certain nombre de monuments artistiques qui ont été soigneusement restaurés, comme l’hôtel de ville du xviie s. et la porte Chaussée, dont les deux grosses tours crénelées, qui faisaient partie de l’enceinte médiévale de la ville, veillent sur les rives de la Meuse.
L’œuvre la plus remarquable est la cathédrale, car les travaux qui ont suivi la Première Guerre mondiale ont fait découvrir sous une parure du xviiie s. un monument roman exceptionnel, révélateur des traditions carolingiennes en Lorraine et des liens de la cité avec l’Empire et la Bourgogne. La cathédrale a été construite avec deux transepts et deux sanctuaires opposés par l’évêque Thierry (1049-1083). Le vieux chœur occidental, à chevet plat entre deux tours, rappelle les massifs occidentaux carolingiens, mais les portes, dont subsiste celle de l’Officialité au nord, ont été ménagées sous les tours. Les piles et les murs de la nef, primitivement charpentée, demeurent en partie cachés par les réfections du xviiie s. Le chœur oriental a été reconstruit un peu avant le milieu du xiie s. par le maître Garin. Établi au-dessus d’une vaste crypte à trois vaisseaux voûtés d’arêtes, il est de plan polygonal et s’ouvre sur des chapelles à étage prises dans les tours qui flanquent le chevet. Cette architecture a exercé une grande influence en Lorraine et jusqu’à Trêves. Les reliefs extérieurs de l’abside, qui représentent Adam et Ève, Caïn et Abel, l’Annonciation et un évêque, le tympan sculpté d’un Christ en majesté entre les symboles des évangélistes à la porte du Lion (au nord du transept oriental) datent de la campagne de Garin et rappellent l’art roman bourguignon ; ils constituent de précieux témoins de la sculpture romane en Lorraine. Les voûtes gothiques et les additions postérieures ont modifié l’aspect de la cathédrale, que complète un cloître flamboyant et près de laquelle s’élève le palais épiscopal, chef-d’œuvre dépouillé de Robert de Cotte*, qui l’entreprit en 1724.
A. P.
N. Roussel, Histoire ecclésiastique et civile de Verdun (Constant-Laguerre, Bar-le-Duc, 1864 ; 2 vol.).
La bataille de Verdun
Bataille menée de février à décembre 1916 par les forces allemandes pour la conquête du camp retranché de Verdun et qui se termina pour elles par un échec du fait de la résistance victorieuse des armées françaises.
Transformée après 1871 en un vaste camp retranché défendu par une quinzaine de gros ouvrages, la place de Verdun avait servi en 1914 de môle d’accrochage à la manœuvre de Joffre (v. Marne [bataille de la]). Érigée en 1915 en « région fortifiée », elle forme entre l’Argonne et la poche de Saint-Mihiel un saillant qui, particulièrement sur la rive droite de la Meuse, s’offre aux coups de l’adversaire. Sur le plan tactique comme sur le plan moral, l’objectif a donc été très judicieusement choisi par la direction de guerre allemande, aux ordres du général von Falkenhayn, pour y mener la bataille d’usure dont elle attend, par son épuisement, la destruction de l’armée française et la décision du conflit. Les moyens n’ont pas été ménagés au Kronprinz impérial, chef de la Ve armée allemande, chargée de l’opération. Près de 1 200 canons et plus de 200 avions appuient les quatre corps d’armée qui se lancent à l’assaut le 21 février 1916. L’attaque surprend d’autant plus les Français que Joffre*, au cours de l’automne 1915, pour récupérer les moyens d’artillerie lourde nécessaires à ses offensives, a réduit au strict minimum l’armement et les garnisons des forts de Verdun. Aussi, les trente-six bataillons français qui, à l’aile gauche du groupe d’armées du général de Langle de Cary (1849-1927), tiennent les positions de la rive droite sont-ils rapidement submergés par la puissance de l’attaque allemande. En dépit de leur magnifique résistance, qu’illustrent notamment les chasseurs du colonel Émile Driant (1855-1916) au bois des Caures (22 février), les Allemands progressent de 5 km en cinq jours et enlèvent par surprise, le 25 février, le fort de Douaumont, défendu par soixante territoriaux.