Van Leeuwenhoeck (Antonie) (suite)
Étudiant de façon quasi systématique toutes les particules, solides ou liquides, végétales, animales ou humaines, il communique le résultat de ses découvertes à la Royal Society de Londres et à l’Académie des sciences de Paris. L’ensemble de ses travaux, publiés à Leyde sous le titre Arcana naturae ope exactissimorum microscopiorum detecta, a été regroupé dans les Opera omnia (1715-1722).
En 1673, il retrouve dans son propre sang les globules rouges entrevus par Jan Swammerdam et Malpighi, et il étudie les mouvements de ces globules dans le plasma. Il suit également la progression du sang dans les capillaires de la queue du têtard, et il démontrera au tsar Pierre le Grand, de passage à Delft en 1698, que le sang circule dans les capillaires d’une larve d’Anguille : ainsi est confirmé, après M. Servet et W. Harvey, le caractère cyclique et fermé de la circulation sanguine.
En 1677, il décrit les spermatozoïdes, découverts quelque temps auparavant par un étudiant en médecine, Stephen Louis Hammon. Deux intuitions géniales : « Dans le sperme d’un seul Cloporte, il y a plus d’animalcules que d’Hommes sur la Terre » ; « les spermatozoïdes sont de deux sexes », c’est-à-dire de deux sortes en nombre égal déterminant le sexe, ce que confirme aujourd’hui la génétique. Une erreur : la thèse « animalculiste », selon laquelle l’œuf vierge n’est qu’un support et n’apporte aucun élément au patrimoine héréditaire, qui viendrait entièrement du sperme.
Ses autres recherches concernent : la structure comparée de la tige chez les plantes mono- et dicotylédones ; les Rotifères, dont il donne la description la plus précise et observe la reviviscence ; les Infusoires ; le bourgeonnement de l’Hydre ; la rotation de l’embryon dans l’œuf des Moules d’eau douce ; le cycle reproductif de divers Insectes (Puceron [chez qui Van Leeuwenhoeck pressent la parthénogenèse], Mouche, Fourmi [chez qui Van Leeuwenhoeck est le premier à distinguer nettement entre l’œuf et la nymphe]) ; la structure du muscle strié et celle du cerveau ; la structure lamellaire du cristallin ; les Algues microscopiques ; les vaisseaux scalariformes des Fougères. La masse de ses observations microscopiques s’exprime en un chiffre : 375 notices dans les Philosophical transactions.
Retenons enfin un grand mérite philosophique de Van Leeuwenhoeck : le savant néerlandais était un ennemi résolu de la doctrine de la génération spontanée, en dépit de la tentation qu’il aurait pu en avoir en présence de ce grouillement incroyable de formes microscopiques dont, deux siècles plus tard, les « hétérogénistes », adversaires de Pasteur, croiront encore pouvoir tirer argument en leur faveur.
H. F.